Il y a tellement de réalités du monde tel qu’il est – et non comme il devrait être – dont vous faites abstraction, que vos diverses interventions défient la réfutation point par point. Il y a, sur la Terre, six milliards d’individus, dont cinq millards neuf cent cinquante millions ne voient pas les choses de la même manière que vous.
Vous me direz que cinquante millions d’individus, c’est un bon début, et qu’il n’y a donc qu’à poursuivre sur cette lancée. Malheureusement, la lancée n’est qu’une illusion de plus. Vous ne représentez que 0,83 % de l’abstraite humanité dont vous vous gargarisez à longueur de phrases.
C’est-à-dire que vous n’êtes pas plus nombreux que les idéalistes de la fin du XIXe dont en France l’instit’ barbichu et socialisant, à tablier pur porc et sautoir brodé de Grand Elu Chevalier Kadosh, est l’illustration la plus rigolote.
Par conséquent, en observant : « Quand j’écris, je ne pense pas à moi, je pense à l’enfant qui me reste (chacun à ses malheurs) et je me demande comment je peux lui assurer le meilleur destin possible, et par extension, cet enfant devient l’humanité, parce que si je perdais de vue ce avec quoi mon enfant sera amené à être en relation, je serais un père indigne. », vous n’êtes certes pas un père indigne, mais un père utopique.
A partir de là, je n’ai plus qu’une chose à espérer, c’est que votre fils ne vous reproche jamais amèrement de ne pas lui avoir plutôt enseigné Oswald Spengler : « Du peu que nous pouvons connaître des événements du futur, une chose est certaine : les forces du mouvement du futur ne seront rien d’autre que celles du passé : la volonté du plus fort, les instincts vitaux, la race, la volonté de posséder, et le pouvoir. »
Et l’implacable Saxon de poursuivre : « Il y a une immense différence, que la plupart des gens ne comprendront jamais, entre voir l’histoire future comme elle sera et la voir comme on aimerait qu’elle soit. La paix est un souhait, la guerre est un fait, et l’histoire n’a jamais prêté attention aux désirs et aux idéaux humains. »
Mais j’admets que c’est beaucoup plus difficile à digérer que vos chimériques mièvreries. Et je me demande si ce qui nous différencie, ce n’est pas, en tout premier lieu, une question d’estomac, de sucs gastriques…