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Commentaire de Naja

sur L'humanisme n'est pas un projet politique, c'est un bilan global


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Naja Naja 22 septembre 2008 23:38

@ Pierre Meur,

	 	 	 	

Dommage que vous ne considériez mes commentaires qu’à l’aune de ce que vous inférez sur mes traumatismes !
Vous dites  : « Votre cas personnel et le traumatisme subit tend à vous faire projeter celui-ci sur tous les actes inéquitables, mais malheureusement, c’est pour les comparer à votre cas personnel qui est devenu votre référence incontournable. Ce n’est pas pour rien que l’on parle de traumatisme.  ». Je serais curieuse de savoir ce qui de notre échange vous permet de juger avec autant de certitude ma façon de concevoir tous les actes inéquitables. Mais soit, partons du principe que votre étiquetage a priori de ma personne est fondé et n’a rien de réducteur (toussotement). Fort de cette base, vous poursuivez alors votre développement et si je vous suis, ma supposée attitude est entendue comme contraire à votre humanisme, dans la mesure où elle témoignerait d’une position individualiste via le repli sur soi ainsi que d’un néfaste excès de subjectivité. Me voilà donc enfermée par vos soins dans mon "cas personnel", lieu duquel mes interventions n’ont plus d’autre valeur que la compassion que mon vécu peut vous inspirer.
Percevez-vous qu’il s’agit là d’une forme d’exclusion ? Car quand bien même je ne comprendrais l’injustice qu’en me référant à celles que j’ai vécues, pourquoi cela devrait-il vous conduire à ne pas considérer l’ensemble de mes propos... si ce n’est en les balayant du revers de votre main compatissante ? Quelle serait la légitimité humaniste d’une telle démarche ?
Je suis quelque peu étonnée. Vous parlez d’alliance, de refus de l’exclusion, d’importance de la relation et de prise de conscience collective. A l’occasion d’une remarque, je suis amenée à vous faire part de l’existence d’un tabou et d’un déni collectif portant sur l’un des aspects les plus cannibal de nos sociétés. Vous me répondez alors en me collant dans une case "traumatisée individualiste" d’où je serais pour ainsi dire inapte à débattre de quoi que soit tant ma perception du réel serait déformée, puis en rappelant que l’humanité n’est pas faite que de salauds et qu’à chacun ses malheurs. Je suis désolée mais pour la volonté d’alliance, d’adoption au principe de réciprocité et de prise de conscience, on repassera...

« Mais on ne lutte pas contre l’iniquité par de bons sentiments ou par ressentiment. Il faut comprendre les mécanismes qui amènent à l’iniquité, et cela ne peut se faire que par une analyse rigoureuse, si on veut que la solution soit efficace. »
Vous confondez ressentiment et indignation. Quand je parle d’indignation, j’entends « juger indigne », non « se laisser envahir par un flot de passions ». A moins d’être un robot, juger un fait indigne implique de s’en offusquer. Pour autant, cela ne mène pas forcément à l’envahissement d’émotions contre lequel vous mettez, à juste titre, en garde. Pas plus que cela ne prive de la possibilité d’une analyse rigoureuse des mécanismes qui y conduisent.
Je doute fort que votre attitude vous amène à ne rien juger indigne, ni à vous comporter comme un être dépourvu de sentiment. Ce n’est pas ce que je lis en tous cas.

« D’où l’intérêt d’avoir une vision objective sur l’humanité et l’iniquité, si je ne veux pas être envahi par une subjectivité ...  »
Mais vous demeurez bien un sujet, qui voit le monde depuis là où il se trouve, en fonction de ce qu’il est, a été, de son expérience, de ses rencontres, de sa personnalité etc. Pensez-vous qu’il soit possible de vous départir de votre subjectivité ? D’où pensez-vous que vous verriez l’humanité dans ce cas ? Personne ne peut être purement objectif, chacun étant sujet. Partant de ce constat, l’attitude la plus raisonnable me paraît plutôt être celle où l’on vise la conscience de sa propre "loupe" et de la nature des déformations qu’elle peut engendrer. Celle où l’on garde aussi une certaine humilité en admettant que notre vision puisse comporter des points aveugles. Je pense que c’est ainsi que l’on peut éviter de tomber dans l’extrême que vous évoquez où notre perception serait si réduite et déformante qu’elle n’aurait plus rien ou presque de commun avec la réalité dite consensuelle. A l’inverse, croire en une objectivité absolue est à mon avis le plus sûr moyen de rester aveugle à l’inévitable influence de notre dimension personnelle dans notre perception du réel. Peut-être est-ce précisément ce que vous entendez par "travail préparatoire". Mais à mon sens, il s’agit plus d’une attitude permanente que d’un préalable à un stade d’une autre nature.
Vous parlez en outre de l’importance du concret et de la nécessité de ne pas se perdre dans l’abstraction. Je partage ce point de vue et j’essaie de ne pas m’oublier dans l’imaginaire, même si ce n’est pas encore ça. Cela dit, à bien y regarder, je me demande si l’objectivité ne serait pas un concept tout ce qu’il y a de plus abstrait.
Ne croyez-vous pas qu’il y a plus à gagner en prenant en compte les points de vue subjectifs d’autrui afin de pouvoir éventuellement en enrichir le sien... qu’en se concentrant sur une recherche de pure objectivité qui de fait exclura les apports spécifiques et originaux de chacun ?

«  Le pire qui puisse arriver à l’être humain, c’est le repli sur soi-même et la crise de scepticisme qui vous détruit peu à peu, et qui vous transforme en prédateur.   »
Euh... seriez-vous en train de vous autoriser à me prédire un possible avenir de prédation si je ne me ralliais pas à votre vision humaniste ? Rien ne serait moins choquant...

« D’individu à individu, vous avez toute ma sympathie. Si nous étions face à face, je vous prendrais dans mes bras, afin de vous faire oublier, un moment, ce qui vous a meurtri, et surtout pour vous redonner confiance en l’humanité. »
Vous ne savez pas à quel danger vous vous exposeriez, lol ! Déjà que je suis allergique à la bise... être prise dans les bras d’un inconnu, vous n’y pensez pas !
Non, sérieusement, si vous aviez été en face de moi, vous n’auriez jamais rien su de tout cela.

 
En tous cas, je vous remercie pour votre commentaire, j’ai trouvé votre réaction assez instructive.

Cordialement,
Naja


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