@Bois-Guisbert (22 septembre 2008 à 10H22) : "Il y a tellement de réalités du monde tel qu’il est – et non comme il devrait être – dont vous faites abstraction, que vos diverses interventions défient la réfutation point par point. Il y a, sur la Terre, six milliards d’individus, dont cinq millards neuf cent cinquante millions ne voient pas les choses de la même manière que vous".
Ce qui devrait m’amener à conclure qu’ils pensent comme vous, ou plutôt qu’ils ne pensent pas et passent leur temps à se polir le nombril en bon Bois-Guisbertiens qu’ils sont. Personne ne vous demande de penser, vous faites déjà partie, dans le bilan de l’humanité, de ceux qui font inertie à la moindre initiative. Oserais-je dire un parasite ? Rassurez-vous, vous restez à mes yeux un être humain.
@Bois-Guisbert : "Vous me direz que cinquante millions d’individus, c’est un bon début, et qu’il n’y a donc qu’à poursuivre sur cette lancée. Malheureusement, la lancée n’est qu’une illusion de plus. Vous ne représentez que 0,83 % de l’abstraite humanité dont vous vous gargarisez à longueur de phrases".
Et c’est grâce a de pareils arguments, que vous parvenez à conclure que je me gargarise des miens ? Projection, mon cher, projection.
@Bois-Guisbert : "C’est-à-dire que vous n’êtes pas plus nombreux que les idéalistes de la fin du XIXe dont en France l’instit’ barbichu et socialisant, à tablier pur porc et sautoir brodé de Grand Elu Chevalier Kadosh, est l’illustration la plus rigolote".
J’imagine que vous vous assimilez au surhomme de Nietzsche, vous savez, ce grand philosophe qui croyait avoir tué Dieu en s’y substituant, et qui depuis un moment certain bouffe les pissenlits par la racine. Je souhaiterais presque que Dieu existe, pour l’entendre rire aux éclats.
@Bois-Guisbert : "Par conséquent, en observant : « Quand j’écris, je ne pense pas à moi, je pense à l’enfant qui me reste (chacun à ses malheurs) et je me demande comment je peux lui assurer le meilleur destin possible, et par extension, cet enfant devient l’humanité, parce que si je perdais de vue ce avec quoi mon enfant sera amené à être en relation, je serais un père indigne. », vous n’êtes certes pas un père indigne, mais un père utopique".
Que direz-vous au vôtre, si vous en avez ? Qu’il est un accident, qu’il doit s’y faire, et qu’en ce qui vous concerne, son sort n’est pas votre problème ? Avez-vous déjà pensé à la vasectomie ? Ce serait plus cohérent avec votre propos. Je vous proposerais bien, également, une solution plus radicale à votre scepticisme, parce que cela doit être atroce de vivre sans espoir, fut-il utopique. Sachez que les utopies ont encore un potentiel de réalisation, même si il est très mince. Par contre, le chimérisme sceptique n’en a aucun. La seule réalité qu’elle vous offre, c’est un temps inutile à passer de votre naissance à votre mort.
@Bois-Guisbert : "A partir de là, je n’ai plus qu’une chose à espérer, c’est que votre fils ne vous reproche jamais amèrement de ne pas lui avoir plutôt enseigné Oswald Spengler : « Du peu que nous pouvons connaître des événements du futur, une chose est certaine : les forces du mouvement du futur ne seront rien d’autre que celles du passé : la volonté du plus fort, les instincts vitaux, la race, la volonté de posséder, et le pouvoir. »
J’imagine que c’est votre livre de chevet. Cela explique un peu mieux votre incapacité à sortir de vous même. Le constat de ce cher Oswald Spengler est un peu limité et tend à nier que si l’humanité à tout de même progressé, c’est parce que d’autres que lui ont su être plus convainquant que lui. Bon, il faut bien que l’humanité tire ce genre de boulet. Ces boulets sont humains ne l’oublions pas.
@Bois-Guisbert : "Et l’implacable Saxon de poursuivre : « Il y a une immense différence, que la plupart des gens ne comprendront jamais, entre voir l’histoire future comme elle sera et la voir comme on aimerait qu’elle soit. La paix est un souhait, la guerre est un fait, et l’histoire n’a jamais prêté attention aux désirs et aux idéaux humains. »
"L’implacable saxon" mouarf !! Pauvre implacable individu qui devait hésiter à aller chercher son pain de crainte que le passé le rattrape avant la boulangerie. Quand on a faim, on bouge. Mon cher ami, la paix se fabrique au présent, et c’est tout l’intérêt de l’humanisme dont je parle. Ce n’est plus une idéalisation utopique dans le futur, c’est un pragmatisme au présent. On regarde autour de soi, et on agit. De préférence en étant les plus nombreux possibles, et si on est tout seul, on ne baisse pas les bras, et on utilise son cerveau.
@Bois-Guisbert : "Mais j’admets que c’est beaucoup plus difficile à digérer que vos chimériques mièvreries".
Nettement plus difficile parce que surtout plus indigeste et non-conforme à la réalité. Regardez autour de vous. Combien sont actifs, et combien ne le sont pas ? Diriez-vous que les actifs ne justifient pas leur activité par quelques espérances ? Diriez-vous que les inactifs n’ont pas quelques tendances à la désespérance ? J’ai une bonne nouvelle pour vous : les actifs sont plus nombreux que les inactifs. Pourquoi ? Avez-vous entendu parler de la libido ? Cela ne se limite pas à l’activité sexuelle, on appelle ça "l’élan vital". C’est une force qui pousse l’individu à vivre et à se trouver des raisons de continuer. C’est tellement fort que même les désespérés ont du mal à se suicider. Notre amie Naja, qui a eu l’honnêteté et le courage de parler de son cas personnel, ne s’est pas suicidée, pourtant à l’entendre, on ne peut pas dire qu’elle a rit tous les jours. Pourquoi ? Parce que l’espérance est plus forte que la désespérance. Ca votre pote Oswald Spengler ne le dit pas. Il regardait de son point de vue limité, et ne comprenait même pas que ce qui le poussait à écrire ses inepties décohérentes était ce qui poussait les autres et lui-même à vivre et à progresser.
@Bois-Guisbert : "Et je me demande si ce qui nous différencie, ce n’est pas, en tout premier lieu, une question d’estomac, de sucs gastriques…"
Vous pouvez continuer à penser avec votre estomac, moi je préfère penser avec mon cerveau.
Je fais un mètre nonante et cent et quinze kg. J’ai pratiqué les arts martiaux. Les gens ne me font pas peur et la vie non plus. Mon maître nous disait : "Si un jour, vous utilisez ce que je vous ai appris pour attaquer ou même pour vous défendre, je m’occuperai personnellement de vous". Cette phrase je l’ai gardée en moi. Je l’ai triturée et torturée, jour après jour pendant des années. Jusqu’à comprendre que la force est une illusion de puissance. Personnellement, elle n’apporte que de l’assurance. La véritable force est dans la relation à l’autre et la solidarité qui en découle. En dehors de l’individualisme qui n’est qu’une survivance au jour le jour, il faut également compter sur les solidarités malveillantes qui sont tout aussi puissantes que les bienveillantes. Le nazisme et l’émulation qu’il a créé en est le meilleur exemple. Veillez à ce que la solidarité soit plutôt bienveillante n’est que le résultat d’une éducation éclairée. Un éclairage qui est fait d’espérance et non pas de ressentiment. Trouvez-moi un individu, sain de corps et d’esprit, qui souhaite qu’on lui tape dessus et qu’on le martyrise, et je vous dirai que vous avez raison. Ce qui serait une utopie pour l’humanité, c’est de croire que se polir le nombril est plus efficace que d’aller saluer son voisin.
Pierre Meur