@ TIJ
Je n’y manquerai pas...
Je suis pour les musées... et contre les mémoriaux !
Je ne pense ici au mémorial juif en particulier mais à tous les mémoriaux dont s’est couverte ces derniers temps la ville de Berlin. Le mémorial sacralise et est antipédagogique, il tend à transformer ce qu’il évoque en quelque chose d’inatteignable, et empêche de réfléchir.
Rares sont les mémoriaux réussis. Celui d’Oradour sur Glane en est un excellent exemple car je crois plus à la conservation des lieux, avec un rappel des faits qui s’y déroulèrent, qu’à l’érection d’un monument.
Dernièrement à Hamburg, j’ai été choqué d’avoir appris a posteriori que, à deux pas du lieu où je logeais (SpaldingStrasse ), à un endroit que j’ai vu et qui est aujourd’hui un gigantesque parking pour la vente de voitures d’occasion, se trouvait autrefois une annexe du camp de Neuengamme, d’un effectif permanent de 2000 détenus. Aucune plaque ne mentionnait ce fait, et c’est dommage...
Un élément de réflexion :
Il y a peu de temps, la marque Agnes B a commandé une oeuvre à un artiste contemporain, fait dont la marque est coutumière. Elle a choisi Christian Boltanski.
Celui ci a fait impimer une page en grand format, pliée en deux, et destinée à être glissée dans le sac des clientes après leur achat.
Etait reproduites, très agrandies, deux photographies sepia, représentant deux groupes de jeunes filles, toutes rieuses, avec des coupes de cheveux datant lae cliché des années trente.
Un effet "rétro", esthétique, et tout à fait dans le goût contemporain car légèrement floue...
Tout en bas du document, une légende extrèmement discrète : l’école de la ..X.strasse, 1937 (je recherche l’objet en question car j’ai oublié le nom exact de la rue). Il s’agissait d’un lie situé dans le quartier juif de Berlin derrière l’Alexanderplatz..
Je l’ai expliqué à la vendeuse, elle est devenue d’un coup très grave et je pense que cela l’a fait réfléchir au moins pour la durée de l’après midi. Elle m’a dit n’avoir jamais imaginé que ce travail artistique était porteur d’un sens qui allait au-delà d’un parti pris esthétique.
Je l’ai montré à un ami (juif) qui, lui, a été choqué que ces personnes (plus que probablement dans leur majorité décédées) et leur tragédie soit utilisées par une enseigne commerciale. Il m’a dit toutefois qu’il s’agissait d’un réflexe personnel et que, peut-être cela pouvait faire réfléchir, mais que le principe le choquait.
Connaissant personnellement l’artiste en question, je pense qu’il a dû ne pas informer la marque du sens, pourtant évident porté par son travail, pour qui fait preuve d’un peu de curiosité. Il est en général extrèmement discret sur le sujet et présente en général ses travaux comme des réflexions sur l’absence..
Pour ma part, j’approuve le travail dont ilm est question ici car il est subtil et montre les jeunes filles figées à jamais dans une attitude qui les valorise et, les montrant toutes à leur joie, nous dérange car juxtaposées à une simple mention de lieu et de date, nous confronte à la tragédie...
La mission de l’Art n’est-elle pas de poser des questions plutôt que d’apporter des réponses ?
gAZi bORAt