Cher Monsieur Pellen,
Inutile d’attendre que "la gangrène de la taxe ou du bonus-malus écologiques corrompe le niveau de vie de vos enfants au-delà du seuil du tolérable," celui-ci est d’ores et déjà condamné par le niveau de vie dont nous avons profité sans vergogne ces dernières décennies. Le génie humain sur lequel vous fondez tous vos espoirs a surtout réussi à produire un mode de vie dont tout le monde veut légitimement profiter mais qui n’est absolument pas transposable à l’échelle de la planète. Plus nous tarderons à passer d’une société de gaspillage et de compétition à une société frugale et coopérante et plus la chute sera dure. Tout au plus les gadgets technologiques - tels le nucléaire, ou même les énergies vertes - mis en avant par un système aux abois, réussiront-ils à retarder l’échéance, au prix d’une mise au rancart de nos libertés et de nos valeurs démocratiques (à moins que vous espériez pouvoir les préserver en faisant accepter aux populations du Sud l’idée qu’il n’est pas raisonnable pour elles d’aspirer à la société de consommation ?).
Si vous entendez construire un monde viable pour les générations futures dans le contexte actuel, je me demande ce qui vous laisse espérer que le système tel qu’il est puisse y arriver ? A l’heure où j’écris ces lignes, le contexte actuel, c’est l’écroulement du système bancaire, conséquence logique d’une croyance aveugle aux vertus du marché soi-disant capable de s’auto-réguler mais surtout apte à laisser s’exprimer les instincts les plus primaires de l’homme : l’accumulation de richesses, la soif de puissance, la loi du plus fort, bref un monde de prédateurs où les petits dont vous vous prétendez le défenseur n’ont pas leur place.
Entre la défense de votre niveau de vie et la défense de la démocratie et des droits de l’homme, que choisissez-vous ?