EMEUTES : un chef d’œuvre de stratégie indirecte
Les émeutes qui ont secoué la France en octobre et novembre 2005 ont constitué un chef d’œuvre de stratégie indirecte. Rarement on aura obtenu des résultats politiques aussi importants avec une main d’œuvre aussi peu qualifiée.
Si les énarques géraient les entreprises françaises comme les organisateurs des émeutes ont géré le désordre, la France serait la première puissance économique du monde !
Du point de vue des inspirateurs de ce mouvement, il est hors de doute que le test est concluant. L’expérience a été très instructive pour les émeutiers. Ils ont éprouvé les points faibles du camp adverse et ont pu affiner la définition de leurs objectifs.
Intifada, voitures incendiées, comme une évocation des voitures piégées en Irak : France-Inter vous explique que c’est l’expression d’un malaise social. Vous y croyez, vous ?
Pour qui connaît les mentalités et les logiques du Proche et du Moyen Orient, il n’y aucun doute : l’Intifada est une signature, la voiture incendiée, c’est-à-dire presque piégée, est une référence. La première vise le militaire, l’uniforme, l’autorité de l’Etat. La seconde harcèle l’habitant, l’homme de la rue, le voisin. Les terroristes qui agissent en Irak tuent d’autres Irakiens, d’autres musulmans. Le tort de ces victimes est d’êtres soumis aux lois de la vie - travailler, gagner de l’argent, vivre et refuser le sacrifice : cela seul suffit à les désigner comme des cibles potentielles.
De quoi s’agit-il ? Pourquoi cette combinaison Intifada - voiture « brûlée piégée » ?
C’est une stratégie d’intimidation. L’Intifada sape l’autorité de l’Etat et le moral de ses troupes, la voiture « brûlée piégée » obnubile les esprits. Il suffit d’avoir observé les réactions des Parisiens, lorsque le bruit courut que peut-être « ils » allaient débarquer à Paris : l’intimidation fonctionne, la peur fonctionne.
Pourtant, croyez-moi, il y avait peu de chance que les émeutiers « débarquent » à Paris. Les émeutes des banlieues étaient remarquablement planifiées - voilà ce qui doit inquiéter le gouvernement, en ce moment... Nous avons en face de nous non pas un mouvement spontané mais un plan diabolique. Admettez-le : Dans le camp des émeutiers, il y a des cerveaux remarquables, très imaginatifs, et qui ont su retourner leurs faiblesses pour en faire des points forts.
La force de leur plan est que, comme tous les bons plans, il ne réglait pas à l’avance tous les détails. Les organisateurs se sont bornés à esquisser des lignes directrices simples, et pour le reste, ils ont laissé une grande liberté d’improvisation aux participants, jeunes et inexpérimentés.
Quelles étaient les lignes du plan ? - Délimitation des lieux, mobilité, délimitation des actions, délimitation des techniques.
La délimitation des lieux était le facteur le plus important : chacun est resté dans son quartier - avantage du terrain, avantage crucial. Ainsi, l’émeutier connaît les voisins et leurs habitudes. Il a ses bases de replis chez des habitants sympathisants. Il sait les cachettes et les lieux d’embuscades possibles.
C’est probablement pour cette raison que les émeutiers de Sarcelles n’ont pas fondu sur Paris, malgré la portée politique qu’aurait eu cette invasion. La capitale a ses propres incendiaires, certes, mais fort peu nombreux. A ce stade, Paris est ingérable pour les planificateurs des émeutes, car la main d’œuvre nécessaire y est trop rare. Pour agir, il aurait fallu que les stratèges injectent dans Paris des mini équipes de « pros » très mobiles, afin de faire croire à une généralisation du mouvement. A ce stade, ce scénario catastrophe a été évité, peut-être parce que la préparation nécessaire n’a pas été effectuée dans les délais.
Je pense très sincèrement que les organisateurs de cette affaire n’espéraient pas la mollesse policière des premiers jours, ni le feu nourri de la gauche contre les mesures de sécurité. Ils n’avaient envisagé qu’une attaque restreinte aux banlieues des grandes villes, là où les troupes sont implantées depuis des années.
Autre hypothèse : l’opération « Paris » a été jugée politiquement contreproductive. Après tout, en se limitant aux banlieues, le mouvement a gagné en ambiguïté, il reste dissimulé derrière les apparences d’une révolte « sociale ». Si en revanche les émeutiers s’étaient attaqués aux villes, ils auraient perdu le capital sympathie dont les « déshérités » jouiront toujours auprès d’une certaine gauche.
Il y a, derrière ces émeutiers géniaux, des équipes de stratèges. Il n’est pas improbable que des états commanditaires du terrorisme y soient mêlés. La France soutient peu ou prou le Liban contre la Syrie. La France, partenaire privilégié du régime des mollahs, est contrainte de transférer le dossier nucléaire iranien au Conseil de Sécurité. Les deux états en question, Iran et Syrie, ont intérêt à intimider la France. Même en imaginant, qu’ils n’aient pas été derrière ces émeutes, on peut aisément comprendre qu’ils chercheront à encourager d’autres émeutes, car le spectacle donné par les média, la complaisance envers les émeutiers et la division de l’establishment politique leur ont prouvé l’efficacité d’une action terroriste de basse intensité - et surtout son coût exorbitant pour l’Etat français.
Autre sujet d’inquiétude : l’effort fourni par les forces de l’ordre est important. Les états qui menacent la France auront d’autant plus de facilité à perpétuer des attentats que la police sera mobilisée ailleurs. La planification des émeutes des banlieues peut aller jusque-là, un jour.
Sous cet angle, on remarquera que ces émeutes ont été une formidable démonstration de force, de coordination, d’efficacité maximale pour le minimum d’investissement, et surtout une formidable démonstration de maîtrise. Les architectes des émeutes voulaient démontrer qu’ils pouvaient occuper l’espace et le temps - l’espace des banlieues et le temps des fonctionnaires de police et du renseignement. Et il n’y a pas de « défaut » dans leurs calculs. Même si les services de police appréhendent quelques meneurs ici ou là, ils ne peuvent pas pour autant neutraliser la stratégie d’ensemble - une stratégie subtile, qui peut circonscrire exactement les limites de l’action et transformer de petits groupes de jeunes en d’insaisissables terroristes. C’est leur aptitude à rester en deçà des limites fixées qui a fait la force des émeutiers - délimitation à un territoire, délimitation du temps d’intervention, délimitation des cibles, délimitation des techniques.
Point important : la stratégie de harcèlement fonctionne évidemment d’autant mieux que les émeutiers sont expérimentés, mais elle est facile à comprendre et à appliquer pour des novices, même très jeunes, sans antécédents judiciaires. C’est une stratégie modulaire, qui se déploie à plusieurs niveaux de manière très réactive.
La manipulation des participants joue sur des ressorts divers, et de manière diverse - il existe aussi un fond social aux émeutes des banlieues, cela va de soi. La déshérence économique des zones de relégation est une aubaine pour les organisateurs des émeutes. Ils ont su en jouer avec pragmatisme. Plus l’émeutier est inconscient, plus il est naïf, et plus total sera son engagement.
L’important, à l’issue de cette démonstration de force, c’est que le pouvoir de nuisance des organisateurs des émeutes est avéré. Leur stratégie est imparable. Tant qu’ils en respectent les fondamentaux, délimitation des lieux, mobilité, délimitation des actions et délimitation des techniques, tant qu’ils conservent la maîtrise du niveau de violence déployé, ils sont en situation de dicter leur loi au gouvernement français.
Et remarquez au passage qu’il suffira d’une très légère élévation du niveau de violence pour infliger des dommages irrémédiables à la cohésion du pays. Et remarquez encore que l’Etat, pris en otage, a cédé au chantage, ce qui pourrait le condamner à terme à payer un prix encore plus élevé, face à une menace encore plus forte. Pour rétablir la paix dans les banlieues, le gouvernement a fait appel aux pompiers pyromanes : associations, experts issus de l’immigration, « grands frères », CFCM, imams des quartiers. Ces gens interviennent à différents niveaux pour brouiller les cartes, on peut penser qu’ils vont saper l’autorité de l’Etat et non pas la renforcer - tout simplement parce que c’est leur intérêt que l’autorité de l’Etat recule dans les zones placées de facto sous leur contrôle. Comprenez bien ceci : les émeutiers peuvent infliger des dommages bien plus grands en ne consentant que des investissements supplémentaires marginaux, et cette situation est lourde de conséquences. Modification des actions : Intifada plus massive, voitures piégées - sans compter les nouveautés que ces messieurs ne manqueront pas nous sortir.
On peut craindre le pire. On risque de voir surgir en France les techniques des mouvements terroristes libanais ou irakiens : enlèvements, prises d’otages. Cependant, nos ennemis sont pleins de « ressources » et sans en arriver à ces extrêmes parfois contre-productifs, ils peuvent par exemple recourir à une ruse très en vogue ces jours-ci en Irak : les attentats contre les mosquées. Il suffira d’un seul de ces attentats pour embraser toutes les banlieues, et cette fois, peut-être, Paris même.
Dans ces conditions, il devient urgent de déclencher une véritable prise de conscience dans la population. Les libertés publiques doivent être préservées, mais il faut s’attendre à une mise sous surveillance très serrée des réseaux de communication parallèles (paraboles, Internet, publications communautaires). Les lieux de culte doivent être protégés, il convient de ne plus s’enfermer dans les tabous. Les citoyens ne sont pas des enfants mais des adultes : au lieu de diluer la question dans une « action sociale » fumeuse, le gouvernement devrait parler vrai, et surtout éviter le clientélisme politique.
30/10 18:42 - Daniel RIOT
Merci pour cette contribution que je découvre tardivement, hélas. Vos remarques et vos (...)
17/10 16:32 - Albéric
Ne faudrait-il pas simplement plaquarder les articles pertinents du code pénal dans les (...)
15/10 16:38 - www.jean-brice.fr
14/10 10:54 - Aïcha Qandicha
Avi Beker, le Haâretz du 9/10/2006 “For both Allen and Albright, it was the media that (...)
14/10 01:14 - John
« John, en avez pas marre de mentir et de tenter de manipuler les gens ? » Elle est bien bonne (...)
14/10 00:11 - Daniel Milan
Coucou, Aïcha, Je suis là ! J’ai pas de bol ce soir, je ne peux accéder au forum (...)
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération