Il faudrait savoir ! D’un côté, on fait tout pour ne pas construire l’Europe politique, arguant que nous sommes déjà allés "trop loin" dans ce domaine ; et de l’autre, on s’attend à ce que l’UE mène une politique économique d’envergure mondiale.
Le problème vient du fait que l’UE en tant que "première puissance économique mondiale" est un mythe. L’UE a certes un marché unique pour les biens et services mais c’est à peu près tout ; même la mobilité des facteurs de production (capital, travail) n’est pas parfaite au sein de l’UE. D’autre part, les 27 n’ont pas (encore) la même monnaie et il subsiste d’énormes différences en termes de politiques budgétaires, fiscales et sociales. Enfin, les divergences d’intérêt au sein des 27 sont telles qu’il est impossible de mener une seule et même politique économique au niveau européen. Regardez comment les français et les allemands se bagarrent au sein d’EADS, à l’échelle d’une simple entreprise ; et vous voudriez que les 27 s’entendent pour mener une politique économique commune ?! La seule solution serait de créer une véritable Union politique, en supprimant les Etats-nations au passage ; or, les différents référendums de ces dernières années nous ont montré que les opinions publiques ne veulent pas de cette voie-là.
Enfin, il ne suffit pas d’ajouter des PIB nationaux pour faire une "puissance économique" ; à ce compte-là, on peut ajouter le PIB du Canada et du Mexique (membres de l’ALENA) à celui des Etats-Unis et bingo, on obtient une "puissance économique" encore plus importante que l’UE. Or, la dimension de "puissance" va bien au-delà des simples indicateurs économiques ; l’UE en est d’ailleurs la meilleure illustration.