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Commentaire de Anka

sur Les lacunes d'un professeur chargé d'apprendre aux autres à « tenir leur classe »


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Anka 2 octobre 2008 19:58

@ l’auteur

Je reprends point par point la réponse que vous m’avez adressée pour plus de clarté :

"1- Il va de soi que nous n’avons pas la même expérience et que nos points de vue sur l’administration diffèrent. Ce qui ne diffère pas, en revanche, c’est ce type d’argumentation que vous tenez ci-dessus et qui est un copié/collé de celle que peut tenir cette bonne administration au secours de laquelle vous courez avec raison. Elle en a bien besoin !"

Je ne cours au secours de rien ni de personne, je constate juste un manque de nuance dans votre propos qui me paraît assez manichéen. Alors sincèrement épargnez-moi ce faux-fuyant qui consiste à m’imputer un discours type IUFM, administration ou que sais-je encore... Ce n’est pas de l’argumentation, tout au plus une petite perfidie en passant... Si je vous réponds que votre discours est un copié/collé des discours syndicaux aura-t-on avancé d’un iota ? Vous le prendriez mal à raison, je pense, alors évitez de me ranger dans une case, s’il vous plaît.

Histoire que les choses soient claires, je plaiderais volontiers pour une grève du zèle face aux faits de violence, pour que l’on ne laisse rien passer, et que les professeurs portent plainte quand il y a lieu plutôt que d’accepter sous la pression plus ou moins déguisée de certaines équipes administratives de "régler en interne" des faits graves comme c’est trop souvent le cas, afin que la société soit contrainte de prendre à bras le corps le problème scolaire au lieu de s’en décharger sur l’éducation nationale. Sur ce point, oui, je critiquerais volontiers l’administration, mais je me refuse à généraliser comme vous le faites, car des équipes de direction compétentes qui ne rechignent pas à enterrer leur "carrière" pour faire en sorte qu’une éducation de qualité puisse être offerte, il en existe.
 Ce terme d’administration recouvre une réalité complexe, que vous simplifiez facilement pour créer au final une opposition de principe qui ne me semble pas constructive. C’est en tout cas l’impression que cet article m’a laissée. Pourquoi ne jamais prendre exemple sur une administration courageuse, et sur des établissements qui fonctionnent bien afin d’en tirer quelques conclusions, plutôt que de repeindre le tableau en noir article après article ? 


"2- Je me réfère, moi, à un texte et à son application (circulaire n° 2000-105 du 11 juillet 2000) et non à des ragots. Vous, vous accusez des collègues que vous avez pu rencontrer, je n’en doute pas. Ils ne s’en sont pas tenus à la procédure qu’impose une exclusion ponctuelle de cours. C’est possible ! Ils auraient été sans doute bien en peine de la découvrir dans un livret d’accueil de pré-rentrée:1- Relevé d’un fait précis grave : non respect des règles de la classe ou injure ; 2- Accompagnement de l’élève au bureau de la vie scolaire par un délégué d’élèves : pas comme le professeur Marin d’ "Entre les murs" ! 2- Rapport circonstancié au chef d’établissement identifiant le fait précis et non livrant des impressions ; 3- réintégration en classe de l’élève mais après lettre d’excuses et d’engagement à respecter les règles de la classe (BO 4 novembre 1999.). "

Je colporte des "ragots" maintenant, de mieux en mieux en terme d’argumentation... Je vous renvoie à ce propos aux faits que vous citez dans le point suivant, qui sont votre expérience comme j’ai évoqué la mienne, je n’y vois pas matière à chicanerie, mais bon... Par ailleurs, je connais cette circulaire, merci.

Je n’arrive pas à croire que vous n’ayez jamais croisé de profs qui ne suivent pas les conseils et consignes délivrées dans ce fameux livret d’accueil... Evidemment, dans certains établissements les procédures ne sont pas expliquées, pas fournies dans le livret d’accueil, je n’ai jamais prétendu qu’elles étaient toutes parfaites. Mais je maintiens qu’il arrive (dans mon cas fréquemment, mais j’admets volontiers que je n’ai qu’une expérience ponctuelle) qu’elles présentent tout à fait clairement les moyens d’obtenir une certaine discipline et le respect dans la classe, et que des enseignants s’en moquent.

Est-il si difficile de concevoir que les professeurs aient leur part de responsabilité dans ce désastre s’ils ne daignent pas consacrer le temps qu’il faut pour y pallier ?

3- Il m’a été donné de rencontrer des chefs d’établissement qui refusaient de demander cette lettre à l’élève transgresseur. J’en ai même connu un qui a avalisé une lettre d’injures d’un énergumène qui avait déjà été renvoyé d’un collège par un conseil de discipline pour l’agression physique d’un professeur !!! Attention, c’était dans un collège paisible qui n’avait rien à voir avec celui d’ "Entre les murs" ; comparé à ce dernier, c’était un paradis ! Voyez qu’on n’a pas la même expérience !
Dans ce cas, il importe de ne pas faiblir : pas de lettre ? Pas de réintégration dans la classe ! Je l’ai pratiqué... figurez-vous, toujours avez succès ! Le chef d’établissement cède ou alors sort le grand jeu et emploie les grands moyens. Il ne faut pas craindre l’affrontement quand on aime un métier qu’on voit avili à ce point. Et puis qu’a donc à apprendre un professeur à un élève qui pratique l’injure à son égard, et surtout quand il est soutenu par une administration-voyou ?

J’ai connu des situations comme celles-ci et j’admets tout à fait qu’il faille s’acharner à obtenir ce à quoi nous avons droit dans ce domaine. Je ne critique absolument pas ce que vous pointez ici.

point 4 : merci, je tâcherai de parcourir ces références.

5- Soyez persuadée cependant que ce sont les professeurs qui ne se couchent pas qui rendent service à tous ceux qui se couchent ! Mais, c’est vrai, les premiers doivent se passer de la gratitude des seconds.

Où ai-je prétendu qu’il faille se conduire différemment ? Cela me semble une évidence.
Mon propos visait simplement à introduire de la nuance quant au tableau que vous dépeignez dans cet article.
J’ajouterais donc qu’il me semblerait nécessaire, pour la crédibilité de ce système éducatif, que les professeurs ne soient pas, eux non plus, intouchables. Car si vous pouvez citer ce type d’exemple, je me suis trouvée confrontée quelques fois à une administration qui couvrait les insultes racistes caractérisées d’un enseignant ou simplement demandait au TZR rattaché de faire cours à sa place pendant qu’il buvait des cafés. Ceci pour souligner que l’immobilisme de l’administration est également à mon humble avis entretenue par un certain nombre de personnes que la sclérose du système arrange fortement, et qui ne sont pas tous des administratifs.

6- Il va de soi que l’administration à intérêt à entretenir l’ignorance des profs sur la procédure à tenir, pour les raisons stratégiques que j’ai évoquées dans mon article. Oui, pratiquer le carton rouge comme sur un terrain de football, bouleverse les habitudes d’une administration qui paraît vous avoir donné bien des satisfactions, ce dont je me réjouis.

Je maintiens que vous généralisez beaucoup.
Et je maintiens que ceci ne fait pas avancer le débat : "
une administration qui paraît vous avoir donné bien des satisfactions, ce dont je me réjouis." à part une perfidie de plus, je ne vois pas bien ce que cette réflexion apporte à la discussion.


7- J’apprécie cependant que vous entendiez faire savoir que vous aimez ce métier. Convenez que la meilleure façon de l’aimer est de faire en sorte que son exercice soit le plus efficace possible. Mais la situation est aujourd’hui gravissime. En ce sens, le film "Entre les murs" est bienvenu pour le montrer aux Saint-Thomas qui ne croient que ce qu’ils voient. Il doit être utilisé, non pour le discrédit du service public d’Éducation, comme j’en ai émis l’hypothèse en fin d’article sur ce film, lundi 29 septembre, en vue de gagner les esprits à une privatisation, mais pour identifier les folles impérities qu’il révèle, et les méthodes pour y rémédier.

Je ne nie en rien cela.
Et je me passerais volontiers, une fois encore, de la petite remarque acerbe qui introduit ce point. Vous auriez le droit de parler de votre pratique et de votre analyse en la matière mais je ne devrais surtout pas préciser que j’aime mon métier et que j’apprécie d’y croiser des collègues compétents tous les jours, afin justement de nuancer les critiques que j’estime être justifiées quant à une certaine partie du corps enseignant ? J’évite de généraliser, et quand je critique j’estime normal de préciser que je ne tire pas à boulet rouge sur ce métier et la plupart de mes collègues, voilà tout.

8- Il est entendu - pour qu’il n’y ait pas de malentendu ! - que l’élève transgresseur peut être blanc, noir, rouge ou jaune, appartenir aux HLM de banlieues ou aux villas cossues. La tentation de la transgression n’est pas propre à une ethnie ou à un groupe social : elle s’insinue partout dès lors qu’on sait pouvoir bénéficier d’une totale impunité.

J’ose espérer que cette remarque ne m’était pas destinée, mais visait à recadrer le débat qui a pris un tour nauséabond dans certains commentaires ci-dessus. Il n’y a donc évidemment aucun mal entendu sur ce point.


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