Non, il faut surtout revoir le système politique. On peut bien accuser la titrisation, la cupidité des banquiers, ou le fait que Neptune soit entré en Capricorne ; cela ne changera rien au fait que rien de tout cela ne serait arrivé sans la complicité des Etats. Je devrais d’ailleurs plutôt dire "sans la complicité des dirigeants politiques" car la notion même d’Etat n’a plus le moindre sens lorsque l’on arrive à un tel niveau de privatisation de l’appareil d’Etat.
Cette crise est donc avant tout une crise démocratique ; elle révèle au grand jour et de manière brutale ce dont nous nous sommes tous aperçus petit à petit : chacun d’entre nous, pris individuellement, n’a plus le moindre pouvoir car ce dernier a été détourné. Nous votons certes, mais uniquement pour choisir celui ou celle qui va utiliser le pouvoir coercitif de l’Etat dans ses propres intérêts ; c’est un peu comme si un condamné à mort avait le droit de choisir son bourreau : ça a l’air sympa de prime à bord mais ça n’enlève rien au fait que le bourreau va exécuter le condamné.
Je suis d’ailleurs stupéfait de voir à quel point les interventionnistes qui sévissent sur ce site gardent une foi inébranlable envers l’appareil d’Etat et ses dirigeants. Bush a été traité de tous les noms possibles et imaginables depuis 8 ans mais aujourd’hui, comme par miracle, on croit qu’il n’est pour rien dans ce qu’il s’est passé et, surtout, on croit que ses "plans de sauvetage" sont mis en place dans l’intérêt général. Il faut pourtant se rendre à l’évidence : l’Etat, dans sa forme actuelle, ne peut plus rien pour nous car ceux qui le dirigent s’en servent uniquement dans leur intérêt propre, comme s’il s’agissait d’une simple entreprise.
Il ne sert donc à rien de vouloir changer de système économique ; de toute façon, ses fondamentaux sont trop ancrés dans la nature humaine pour qu’un tel changement soit possible. Cela fait plus de 10 000 ans que l’être humain produit, commerce, innove et cherche à prospérer dans un cadre qui ressemble grosso modo à l’idée qu’on se fait d’un "marché" ; cela ne va pas changer demain. En revanche, l’Etat tel que nous le connaissons, notamment sous sa forme d’Etat-nation, est une construction humaine relativement récente, qui répondait à un besoin et à un contexte historique bien précis. Il est temps d’y mettre fin et de construire notre organisation politique sur un mode nouveau.