J’ai lu votre article avec beaucoup d’intérêt. Je comprends les raisons qui vous amènent à écrire ainsi, mais vous êtes sur une fausse piste.
Cette journaliste n’était ni fanatique, ni manichéenne, ni partisane. Son ton a toujours été très juste. Pour ma part, je n’ai jamais trouvé que sa position était radicale. C’est la société autour d’elle qui s’est avilie à tel point que toute évocation de la vérité sonnait comme une provocation.
Tous ces journalistes français qui font actuellement ce ramdam autour de sa mort ne lui arrivent pas à la cheville. Il ne faut pas qu’ils se trompent. Ils ne font pas le même métier que celui qu’elle pratiquait. Je la lisait régulièrement. Non seulement par intérêt pour ce qui se passe dans mon pays, mais aussi parce que c’était une vraie bouffée d’oxygène après la lecture des journaux français. La Russie avait Politkovskaïa. Le paysage médiatique français n’a personne de comparable. Pourtant, ici aussi, les sujets ne manquent pas. Rappelons, que Politkovskaïa a commencé à écrire sur la Tchétchénie en 1999. Avant cette date son sujet de prédilection était le social. Avis à ceux qui versent aujourd’hui des larmes de crocodile sans connaître vraiment la personne qu’ils pleurent.
Et ce n’est pas parce que Robert Ménard et consort vous indisposent par leurs gesticulations qu’il faut se détourner de Anna. Sa cause était belle et juste et sa mort est une perte immense pour toute l’intelligentia soviétique. Car contrairement à ce que vous pensez, elle était très lue par tous les russophones du monde via internet.