Pour parler de Picasso, réellement, il y faudrait, évidemment des pages, et des pages... Ce qu’on peut en dire, rapidement, c’est qu’il est l’artiste qui a su intégrer, plus que n’importe quel autre, toutes les influences artistiques de toutes les cultures, dans une recherche constante de transcrire, graphiquement, et picturalement, le ressenti et la réalité des choses non pas seulement comme l’oeil les voit, mais appréhendées dans leur vérité globale. D’où les différentes "périodes" ; d’abord "impressionnistes" (période bleue, période rose), puis, avec Braque, la création du cubisme (très inspirée, d’ailleurs de Cezanne), puis l’art africain (avec Modigliani, Gauguin), puis l’art "abstrait" (après Kandinsky), pour s’approcher, vers la fin de sa vie, de la recherche de la simplicité et de la purté du trait (avec Matisse). Picasso n’était pas un grand "peintre" ; en ce sens qu’il avait du mal avec la couleur ("Pas de palette" avait dit, à son sujet, Matisse, qui fut aussi son modèle) ; en revanche, de tous les artistes du XXème siècle, il est celui qui a possédé au plus haut, le génie du TRAIT et de la forme, et de la fusion des différents courants de l’art. A ce niveau, son apport est incomparable : il est L’ARTISTE qui a "enfanté" l’art moderne ; tant dans ses tableaux que, sur la fin de sa vie, ses dessins, ses sculptures, ses céramiques. A certains qui, vers la fin de sa vie, lui reprochaient de faire des peintures comme celles des enfants, il rétorquait qu’il avait mis 60 ans à devenir un enfant. Il faut entendre là sa recherche de la spontanéité du trait et de l’inspiration, malgré (et grâce) à son énorme culture et maîtrise picturale.