La peinture, comme la sculpture, se mesure à l’ampleur et la profondeur des émotions qu’elle inspire. Picasso n’en provoque aucune.
Il fait se pâmer les snobs et les imbéciles, qui souvent ne font qu’un, et il terrorise les naïfs qui n’osent pas afficher leur répulsion face au triomphe de la Laideur, dans ce qu se voudrait de l’art.
Merci à Paul Villach d’avoir dégonflé la baudruche. Qui ne s’illusionnait guère sur elle-même, comme en témoigne sa lettre au philosophe italien Giovanni Papini (qui ridiculise dinitivement les Picassistes) :
« Les raffinés, les riches, les oisifs, cherchent le nouveau, l’étrange, l’extravagant, le scandaleux. Et moi-même, depuis le cubisme et au-delà, j’ai contenté ces maîtres et ces critiques avec toutes les bizarreries changeantes qui me sont passées par la tête, et moins ils me comprenaient, et plus ils m’admiraient.
« A force de m’amuser à tous ces jeux, à toutes ces fariboles, à tous ces casse-tête, rébus et arabesques, je suis devenu célèbre, et très rapidement. Et la célébrité pour un peintre signifie ventes, gains, fortune, richesse.
« Mais quand je suis seul à seul avec moi-même, je n’ai pas le courage de me considérer comme un artiste dans le sens grand et antique du mot. Ce furent de grands peintres que Giotto, Le Titien, Rembrandt et Goya : je suis seulement un amuseur public qui a compris son temps et a épuisé le mieux qu’il a pu l’imbécillité, la vanité, la cupidité de ses contemporains. C’est une amère confession que la mienne. Mais elle a le mérite d’être sincère. »