Pour être franc, je n’imaginais pas que cet article rencontre un tel succès quand je l’ai publié ici. Je m’attendais donc encore moins à ce qu’il fasse encore l’objet de commentaires plus d’un an après !
Je dois justement souligner qu’un an s’est écoulé depuis la parution de cet article. Or force est de constater que si l’analyse des causes et du mécanisme de cette crise restent d’actualité, en revanche je me suis montré trop optimiste dans mes conclusions : il faudra qu’à l’occasion je trouve précisément pourquoi.
Sinon, pour vous répondre sur le fond, je ne crois profondément pas qu’il y ait d’entourloupe dans les plans de sauvetage en cours. Ils correspondent bien à une réelle nécessité, puisque ces injections de capitaux publics permettent de compenser le fait que le marché interbancaire (les banques qui se prêtent de l’argent entre elles) soit tombé en panne. Par ailleurs, il n’y a à court terme aucun moyen de procéder autrement pour relancer la machine.
A long terme en revanche, ce qui est indispensable pour ne pas reproduire ce genre de problème, c’est de revoir la régulation internationale du système bancaire, régie par la Convention de Bâle II : elle repose sur l’autorégulation des banques, dont on voit bien les limites. Repasser à un contrôle par les pouvoirs publics est indispensable, mais sera difficile voire infaisable à cause de pays jouant la carte du "paradis bancaire" pour attirer chez eux davantage de capitaux financiers grâce à une réglementation plus laxiste.
En outre, concernant votre question de départ, il faut bien comprendre que ce n’est pas l’ampleur des pertes de départ des banques qui déclenchent la grande panne du système bancaire. Ce qui met le système en panne, c’est que par manque de transparence (y compris et surtout entre elles) les banques ne savent pas chez laquelle de leurs consoeurs se trouvent les pertes, ni pour quels montants. De fait, la suspicion généralisée qui en découle fait s’arrêter le marché interbancaire.
Dans mon explication d’origine, le mécanisme s’arrêtait avec l’injection de fonds publics par les banques centrales pour rétablir le circuit normal. Cependant il s’avère un an après cette analyse que les pannes récurrentes du marché interbancaire ont mis à jour les cadavres dans les placards de nombreuses banques, ce qui fait que la crise n’en finit pas de mourir.
J’espère vous avoir répondu de façon satisfaisante et reste à votre disposition, comme à celle d’autres lecteurs qui souhaiteraient aux eussi réagir.
Amicalement,
Thomas Guénolé