Euh, non, Villach, je ne suis pas aphasique sur « Le nu avec un chat », j‘ignorais même que vous m’en entretinssiez un jour !
Je crois que Sisyphe vous l’a rappelé, vous faites vôtre un discours qui ne date pas de 50 ans comme il le soulignait, mais plutôt de 75, du temps où l’extrême droite dénonçait « l’art décadent » dont le Catalan était le chef de file.
Ce discours était en veilleuse depuis une génération peut-être, au point que les jeunes artistes considèrent Picasso comme l’Abstraction lyrique considérait l’Impressionnisme (une horreur pour vous, j’imagine : des peintres myopes !) -de l’art en boîte pour les musées- et puis, comme l’époque est versaillaise, on voit ressurgir sous certaines plumes racies qui se rêvent intempestives les propos sur Pablo que tenaient l’épicière de mon enfance (qui n’est pas d’hier).
Rien sur la radicalité nouvelle du regard, rien sur le mouvement, rien sur la couleur, rien sur la composition, rien sur la subversion des formes, rien que l’aveu involontaire de l’incompétence à comprendre.
S’il existe bien un conformisme, c’est de considérer comme vous que la terre est au centre de l’univers ou qu’une figure humaine ne peut être qu’une représentation anthropométrique.
Apprécier un art demande une certaine culture de celui-ci, « l’émotion » ne suffit pas, sinon les collégiennes qui se pâment devant les produits de la Star’Ac auraient raison de mépriser Bach.
Dénigrer Picasso sans nuance, c’est nul, ça révèle au pire une sensiblité de tortue ou, au mieux, un goût pour le « joli » à l’ancienne confondu avec l’amour du Beau.
« A la fin de sa vie,Velasquez ne peignait plus rien de défini… » écrivait Elie Faure dans sa remarquable Histoire de l’Art. Eh oui ! né quelques siècles plus tard, Velasquez, peintre abstrait, aurait trouvé Picasso bien timide !