Caricature, humour, dérision, rire, tout cela découle de l’intelligence, c’est-à-dire d’un certain rapport occidental à la connaissance. Dans notre conception moderne, la critique des religions participe tout autant de la liberté d’expression que la pratique religieuse et l’expression de la croyance.
Les croyances et religions sont libres, mais ce serait porter atteinte à la liberté de conscience et au pluralisme que d’exiger, en plus de cette liberté, le « respect » de la part des journalistes et des citoyens. Le respect mentionné à l’article 1 de la Constitution de 1958 n’est que celui de l’Etat à l’égard des croyances ; il ne comporte aucune prescription à l’égard des simples citoyens. Chirac devrait mieux connaître la Constitution qui lui fait (art. 5 C.) obligation de veiller à son respect.
En l’occurence, ce ne sont ni l’Etat laïque danois, ni l’Etat laïque français, qui ont produit et publié ces douze caricatures.
Si Michel Houellebecq trouve que « l’Islam est la religion la plus con », il doit pouvoir le dire, de même que Jean-Marie Lustiger, ne ressentant aucune obligation de respecter l’athéisme, avait un jour écrit sans se gêner que « l’athéisme est une maladie sociale ». De nombreux auteurs, de Montesquieu à Lévi-Strauss, d’Alfred de Vigny à Renan, avaient, bien avant Houellebecq, exprimé de vives critiques à l’égard de l’islam.