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Commentaire de garibaldi15

sur La crise financière comme un salutaire rappel à l'ordre : pas de confiance sans règles respectées !


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garibaldi15 14 octobre 2008 02:33

Ben elle est raide celle-là ! Frédéric Lyon ne m’avait pas dit que Fannie et Freddy avaient aussi prêté du fric aux ours blancs pour qu’ils s’aménagent des igloos sympa avec rideaux à carreaux, télé écran plat et digicode ! Pourtant si on avait posé la question de leur solvabilité aux pinguoins ils auraient mangé le morceau (’’on bosse plus avec ces gros c... qui se la pétent depuis qu’ils fricotent avec Al Gore et qui ne nous ont jamais remboursé les 25 harengs qu’ils nous ont emprunté en 1992 !!!!!’’)


Islande : danse au-dessus des volcans
[ 13/10/08 ]
Folle semaine pour l’Islande. En huit jours, dix ans de croissance se sont envolés. Les banques du pays sont nationalisées, la Bourse réduite à néant, la monnaie impossible à évaluer. Assommés, les Islandais font face avec dignité. Chômage, dévaluation, inflation, les temps s’annoncent durs, mais la légendaire confiance en soi de ce peuple qui a réussi à bâtir une économie de choc sur un socle de lave demeure.

ANNE BAUER, ENVOYÉE SPÉCIALE À REYKJAVIK.

Abasourdis, assommés, choqués, les Islandais font face avec stoïcisme. Toutefois, la colère gronde et samedi, la population s’est rassemblée devant le Parlement pour réclamer la tête des coupables. Au premier rang desquels, le gouverneur de la banque centrale, David Oddsson, principal artisan de la libéralisation du secteur financier. Mais comment s’en étonner ? En une semaine, l’Islande, réputée pour être un îlot de prospérité, avec un revenu moyen par habitant parmi les plus élevés du monde, est devenue la risée planétaire, mise aux enchères sur eBay pour 99 pence !

« Une semaine exceptionnelle s’est écoulée, comme, je l’espère, nous n’en vivrons plus jamais », déclarait vendredi dernier à la presse le Premier ministre, Geir Haarde. Pour aussitôt rappeler vaillamment : « Notre système financier a été balayé, mais le pays en tant que tel n’est pas en faillite et honorera toutes ses obligations, comme il l’a toujours fait. » Quel sera le montant de la facture finale ? « Je ne sais pas », est-il obligé de reconnaître, avec une simplicité et une modestie désarmantes.

Imaginez que, en France, Nicolas Sarkozy, pris dans la tourmente financière, annonce la nationalisation autoritaire, pour 1 euro symbolique, de BNP Paribas, LCL et Société Générale, puis suspende la cotation de toutes les valeurs en Bourse et quémande une aide financière auprès des Russes. Voilà en gros ce qui s’est passé la semaine dernière en Islande. Le gouvernement a pris le contrôle des trois principales banques du pays, Kaupthing, Landsbanki et Glitnir, pour tenter de sécuriser leurs activités domestiques, tout en cédant à l’encan leurs actifs étrangers afin d’honorer les dettes extérieures.

Une nationalisation qui équivaut à tirer un trait sur 75 % de la capitalisation boursière du pays !

Soudainement, la « success story » bancaire s’est transformée en cauchemar. Confrontées à une terrible crise de confiance, qui a fait plonger la couronne islandaise au plus bas, les banques du pays ne pouvaient plus faire face à la crise de liquidités. C’est l’histoire de la grenouille qui voulait se faire plus grosse que le boeuf. Privatisées au début des années 2000, quand l’accès aux marchés des capitaux était facile et peu cher, elles ont connu une expansion exceptionnelle sous la houlette de jeunes patrons diplômés et dynamiques. A l’étroit sur leur terre volcanique de 312.000 habitants, elles sont parties à la conquête des marchés scandinave et britannique. Faute de pouvoir se financer sur les seuls dépôts des épargnants islandais, elles ont emprunté dans toutes les devises, faisant bondir la dette externe du pays jusqu’à 550 % du produit national brut (PNB), tandis qu’elles-mêmes affichaient des actifs plus de dix fois supérieurs au produit intérieur brut. Le tout en finançant un incroyable développement de l’économie islandaise, qui, depuis dix ans, a enregistré une croissance du revenu par habitant deux fois supérieure à celle des pays de l’OCDE. L’esprit d’entreprise des Islandais a fait le reste. Les Vikings sont repartis à la conquête du monde, et c’est ainsi qu’un petit laboratoire pharmaceutique comme Activa est devenu le troisième producteur mondial de génériques, tandis que Kaupthing, créé en 1982 à partir d’une petite société de courtage, est devenu la septième banque scandinave, réalisant 70 % de son activité hors d’Islande et dégageant un bénéfice net de 812 millions d’euros en 2007 ! Néanmoins, comme résume Bjarni Benediktsson, député, président du Comité des affaires étrangères, « le secteur financier islandais, devenu bien trop important par rapport au poids de notre devise, était devenu un baril de poudre et la crise internationale du crédit y a mis le feu ».

La solidarité et la fierté

Jeudi 9 octobre matin, au siège de Kaupthing à Reykjavik, rien ne laissait transparaître l’effondrement. Dans le hall, entre sofas et tables basses au design épuré nordique, deux jeunes banquiers boivent un café. Avaient-ils le moindre doute sur l’avenir de leur banque ? « Non, c’est un choc », répondent-ils. Que vont-ils faire ? « Retourner travailler, la seule chose raisonnable à faire », disent-ils sans autre commentaire. Le matin même, ils ont reçu un mail de leur ancien président leur annonçant que le conseil d’administration démissionnait et avait demandé à passer sous le contrôle de l’autorité de surveillance financière islandaise, afin de se protéger de la faillite. Alors même que l’examen des comptes, le 26 septembre dernier, était positif. Affable, mais visiblement déboussolé, l’attaché de presse de la banque déclare aux « Echos » que oui, le conseil est remplacé du jour au lendemain par les membres de l’autorité financière, oui, les actions ne valent aujourd’hui plus rien, alors même que la banque, cotée à Reykjavik et à Stockholm, représentait 30 % de la capitalisation de la Bourse d’Islande. Mais, désolé, il ne peut en dire plus, ne sachant plus lui-même quelles sont les consignes.

Face à la tempête, le premier réflexe est celui de la solidarité et de la fierté. Pas question d’aller faire la queue devant les guichets pour retirer en catastrophe son argent. « Les Islandais ne montrent pas leur anxiété. Dans ce pays rude, qui était l’un des plus pauvres de la planète jusque dans les années 1970, il faut être fort », explique Thorunn Anspach, une Franco-Islandaise, qui tient une boutique très chic au centre-ville. Le commerce souffre-t-il ? « Pour l’instant, les ventes se maintiennent, constate-t-elle, mais chacun se demande comment tenir. J’ai suffisamment de stock déjà payé pour la saison d’hiver. Ensuite, mystère. » Car, pour importer la marchandise, il faut des devises. Or, si le gouvernement a réussi à maintenir les opérations domestiques, les sorties de devises sont, pour l’instant, bloquées. Et avec l’effondrement de la couronne, les articles commandés valent bien plus cher que prévu. A la tête d’une des principales entreprises d’importation de produits alimentaires, Alfred Johannson garde la foi : « Non, il n’y aura pas de pénurie, j’ai du stock et des fournisseurs compréhensifs, la couronne remontera, notre pays a tous les atouts pour se redresser. » Et de citer pêle-mêle : la pêche (37 % des exportations du pays), l’aluminium (39 %), l’énergie renouvelable (la géothermie fournit 90 % des besoins domestiques), le tourisme ainsi que le haut niveau d’éducation de la population et un chômage jusqu’ici quasi nul.

Des ménages très fortement endettés

Consultant, Hallgrimm Arnarsson (vingt-neuf ans) relève aussi la tête : « Nous sommes un pays riche. C’est vrai, les jeunes rêvaient d’une place financière très « hype », mais cette crise va nous ramener à nos fondamentaux : nos ressources. » Nombre des personnes interrogées se raccroche à cet espoir d’un recentrage sur la « vraie richesse islandaise ». « Il y a dix ans avant l’arrivée de ces tycoons financiers, nous vivions déjà bien », souligne résigné un passant. Sur cette terre de lave subarctique, l’instinct de survie domine : ici, pour se débrouiller dans ce petit pays où la main-d’oeuvre faisait jusqu’à présent défaut, il faut être à la fois charpentier, financier, pêcheur. Dès le plus jeune âge, on apprend plusieurs langues et, dès l’adolescence, on travaille. Dans les supermarchés, il n’est pas rare de voir des caissiers de treize ans !

Toutefois, la population a pris conscience que les temps allaient devenir très durs. Car le miracle islandais s’est aussi construit à crédit : les finances publiques sont en excédent, mais les ménages très fortement endettés. Les Islandais affichent le plus fort taux de crédit à la consommation des pays de l’OCDE et, dans ce froid pays, on achète son logement le plus vite possible, dès vingt ans, quitte à s’endetter jusqu’à 100 % de la valeur du bien. Or, pour résister à l’inflation et faire baisser le taux d’intérêt, les banques se sont mises à faire des prêts indexés sur un panier de devises étrangères. Avec la dévaluation de la couronne, des ménages ont vu le prix de leurs échéances plus que doubler. Nombreux sont ceux qui ne peuvent plus rembourser.

En outre, les 85.000 petits actionnaires qui avaient misé en partie sur les valeurs bancaires n’ont plus rien. Pis, la perle de leur système est affectée : leurs fonds de pension, les mieux dotés de l’OCDE, qui représentaient encore il y a un an 130 % du PNB national. « La destruction de valeur est massive, un analyste m’a parlé de 40 milliards de dollars, mais le calcul est prématuré », estime Bjarni Benediktsson. Sans illusions, il s’attend à des temps difficiles pour les hommes politiques. « Nous aurons beau dire que le poisson est toujours dans la mer, l’énergie dans notre sol et le niveau d’éducation exceptionnel, nos concitoyens vont découvrir un mal qu’ils ne connaissaient plus : le chômage. » Vendredi soir pourtant, dans les rues de Reykjavik, on faisait la fête comme à l’accoutumée. « On n’a plus rien, tant pis, on recommencera », rit cette jeune fille. « Nous sommes les premières victimes de la crise, nous montrerons au monde que nous serons les premiers à en sortir », fanfaronne cet autre fêtard. Car, avec une moyenne d’âge de la population de trente-sept ans, les Islandais ont un remède que beaucoup d’autres peuples européens n’ont plus : la jeunesse.

SOURCE : http://www.lesechos.fr/info/inter/4783932-islande-danse-au-dessus-des-volcans.htm


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