Nous revenons à cette vieille lune, comme quoi une langue peut être définie par quelques pronoms et un nombre minimum de noms arbitraires dont découlerait, par des règles logiques et rigoureuse, tout le bestiaire des adjectifs, verbes, adverbes et compléments. Il suffit d’avoir deux sous de bon sens pour comprendre que c’est faux. Par exemple, celui qui utilise une pompe, comment l’appelle-t-on ?
- un pompiste, si c’est une pompe à essence
- un pompier, si c’est pour éteindre un incendie
- un pompeur, dans les autres cas
C’est arbitraire. Il faut faire l’effort d’apprendre tout ça pour savoir parler français. On pourrait tout aussi bien appeler "pomponier" un soldat du feu, ou inventer un "pompositeur" chargé de gonfler spécifiquement les canots pneumatiques. Que propose donc l’espéranto et son processus bijectif ? Comment dit-on "pompier", par exemple ? L’apprenti-espérantiste est dans l’expectative. S’il est francophone, il inventera un "pompisto" ou un "pompiero" à par du fait d’actionner une pompe. S’il est britannique, il partira de "fireman" pour composer quelque chose qui n’aura rien à voir. Les américains préfèrent dire "firefighter", qui donnera encore autre chose (feusoldato ?). Au final, il faut soit se résoudre à baragouiner un esperanto de cuisine à partir de sa propre langue, en espérant que votre interlocuteur la connaît assez pour récupérer les informations, soit connaître le mot espéranto (fajroestingisto) qui se trouve n’avoir rien à voir avec tout ce que nous venons de passer en revue.
Et au passage, contrairement à ce qu’indique l’éthymologie espérantiste, l’extinction des feux n’est qu’une petite partie de l’activité d’un pompier moderne, le mot est donc trompeur, et impossible à retrouver simplement "par la logique".