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Commentaire de Tristan Valmour

sur La Marseillaise sifflée, un nouvel exemple du malaise communautaire


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Tristan Valmour 15 octobre 2008 14:49

Bonsoir,

Les causes du sifflement sont multiples. Il y a déjà l’effet de groupe, le panurgisme, qui peut contraindre l’individu le plus posé à adopter une attitude qu’il n’embrasserait pas seul. Personne ne peut se déclarer à l’abri de ce comportement. Il s’agit d’ailleurs de la défense adoptée par le supporter (je ne me souviens pas de quelle équipe) qui a tenu des propos racistes à l’encontre d’un joueur d’origine maghrébine alors qu’il n’était pas connu pour être raciste. Pour parler crûment, un groupe c’est par définition con. Alors, on imagine bien ce que ça peut produire dans un stade de 80 000 places !

Ensuite, il pouvait y avoir une surenchère entre les algériens qui avaient déjà sifflé la marseillaise, et les tunisiens. Rappelons qu’il existe dans le monde maghrébin des « histoires belges » que tiennent les uns sur les autres. Il y a entre ces pays une vraie rivalité ; ils ne sont pas du tout unis. Il est donc possible que les tunisiens se soient dit « les algériens ont sifflé la marseillaise, on va la siffler encore plus fort ».

Enfin, il y a effectivement un racisme anti-français qui n’est pas acceptable et qui ne doit pas être accepté.

Pour avoir connu bien des pays sur trois continents, je puis malheureusement constater que le racisme est l’une des choses les mieux partagées. Mais, dans chaque pays, j’ai aussi constaté que cette chose n’était partagée que par une minorité de personnes, la plus bruyante, celle qui s’exprimait le plus et le mieux.

A cela il faut ajouter que l’être humain se rappelle davantage de ce qui est mauvais que de ce qui est bon. Ainsi, on se souvient du retard de tel train, pas de ceux qui arrivent à l’heure, pourtant largement majoritaires. Et les médias amplifient cela, on n’y voit que de rares bonnes nouvelles. C’est sur cette faculté qu’à l’être humain d’amplifier l’importance de ce qui est mal que se pose, dans le commerce, le fameux « un client satisfait le dira à trois autres ; un client mécontent à dix autres ». Prenons donc en compte le fait qu’on amplifie ce qui nous émeut, et que l’on en tire rapidement une généralité. C’est un facteur très important.

Revenons donc au racisme anti-français (c’est l’une des trois causes évoquées plus haut), inacceptable et que l’on ne doit pas accepter. Comme le dit l’auteur, il a pu faire son nid sur l’abandon de l’idée de nation. Or la nation est un ciment. Elle exprime le rassemblement de groupes humains distincts (sur le plan social, intellectuel, politique, religieux, la couleur de la peau…) autour d’une idée majeure qui dépasse ces différences et établit une sorte de contrat : j’abandonne mes différences au nom d’une communauté de valeurs supérieures à mes appartenances et à mon identité.

Qui a donc eu intérêt à briser cette idée de nation ? Tous ceux qui souhaitaient l’uniformisation. Il y a d’abord les multinationales dont l’objectif était de faire des économies d’échelle : imposer les mêmes marques partout, dans les mêmes boutiques (etc.). Pour cela, il faut nier l’idée qu’il y ait des nations différentes, des cultures différentes. Ces multinationales emploient d’ailleurs des ethnologues qui vont les renseigner sur la façon de faire perdre l’identité culturelle et nationale. Les banlieues marchandes se ressemblent donc pratiquement toutes. Il y a ensuite les politiciens qui souhaitaient des instances supranationales pour contourner la démocratie. Cela explique que la France soit obligée d’appliquer les règles de la communauté européenne, les règles de l’OMC (etc.) en dépit des spécificités françaises. Et l’idée de France perd du terrain chaque jour. C’est donc le libéralisme (qui n’est étymologiquement pas synonyme de liberté mais d’affranchissement) qui s’oppose au nationalisme.

Si la nation est à la fois une idée et un contrat qui dépasse les différences – et c’est ce qu’elle est -, il faut constater que tous ceux qui se réclament de cette idée et de ce contrat n’adoptent pas une attitude en adéquation avec ce qu’ils prétendent porter. La nation est inclusion, pas exclusion, aussi toute attitude qui tend à priver un individu du droit à la nation par moult préjugés est par définition anti-nationale.

Tous ceux qui décrètent donc qu’on ne peut pas être français et d’origine maghrébine (sur combien de générations ?) ou français et musulman (ou juif ou bouddhiste, etc.) ne sont donc pas nationalistes et n’aiment pas la nation. Ils sont animés par le rejet et l’exclusion, et bâtissent leur argumentation sur des postulats erronés : l’invasion, la haine de l’occident (etc.). Qu’une infime minorité agissante de maghrébins, noirs ou musulmans rejette l’occident et ses valeurs, c’est un fait. Ils n’ont rien à faire en terre de France. Mais ils ne représentent pas la majorité. Ils sont juste bruyants et voyants et cachent l’immense majorité qui n’aspire qu’à appartenir à la communauté nationale car cette majorité a fait de la France sa patrie, sa nation. Encore faut-il l’accepter et la reconnaître pour pair. Tant que cela ne sera pas fait, rien n’avancera.




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