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Commentaire de Paul Villach

sur « Entre les murs » vu du CNDP de l'Éducation nationale : un déni de la réalité tragique mais sans doute stratégique


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Paul Villach Paul Villach 15 octobre 2008 14:55

@ Jihem

Il ne faut rien attendre des syndicats qui suivent plus qu’ils ne dirigent. Il faut aussi reconnaître qu’ils sont au diapason de la majorité des professeurs.

Le coup de génie des adversaires de l’École publique est de se servir de l’énergie de ses prétendus partisans pour la retourner contre eux, à la façon de l’ Aïkido.

La mythologie de « l’élève en difficulté » qui a consisté à attribuer cette qualité non seulement aux élèves méritants qui peinent, mais aussi aux petites frappes - qui sont en nombre dérisoire dans un établissement - , a déclenché un réflexe de compassion généralisé et, sous prétexte de devoir d’ assistance à personne en danger, a irrigué une prétendue pédagogie personnalisée ouvrant obligatoirement sur la démagogie.

Il a suffi pour l’administration aux ordres des politiques de laisser faire et même d’en rajouter dans le compassionnel pour ruiner les conditions de travail dans un établissement. Car toute petite frappe – qu’on utilise au demeurant comme indicateur et provocateur – est un élève qui appelle au secours !

Le résultat, vous le voyez dans ce collège et cette classe fidèlement représentés par le film « Entre les murs ».
La campagne publicitaire forcenée dont bénéficie ce film (y compris de la part du CNDP !!!) s’inscrit à mon sens dans la campagne de discrédit du service public qui prend les pédagogos et toute la mouvance humanitariste professorale au piège :
1- le film est une représentation fidèle de leur démagogie aux conséquences désastreuses. On les flatte ! Ils ronronnent !
2- Mais le résultat montré dans tous les cantons de France ne peut que susciter l’épouvante et préparer les esprits à une reprise en mains par voie de privatisation. Car qui peut laisser son gosse 48 heures dans un pareil boxon ?

C’est à la fois tragique et stratégique !!! Nul doute qu’après la Palme, un nouvel argument d’autorité du côté des Oscars décidera des spectateurs rétifs à venir voir le film.

Les grands défenseurs du service public seraient bien inspirés de changer leur fusil d’épaule, de cesser de pleurer avec les faux "élèves en difficulté", de se caresser le nombril en se persuadant qu’ils sont vraiment des gens bien avec leur coeur en bandoulière et le portefeuille juste en dessous (car ce sont eux qui raflent les hors-classe, les détachements et autres faveurs).

Il suffit de remettre la règle au centre de la vie sociale d’un établissement. Mais est-ce possible avec ce troupeau de profs à genoux ?

Pour cela, il suffirait qu’un petit nombre de professeurs assez déterminés décident d’appliquer les règles ordinaires de vie sociale – respect de chacun, respect du travail de chacun avec sanction en cas de manquement – pour que la situation s’améliore. Tolérer l’injure et le non-respect des conditions du travail intellectuel conduit au désastre.

Évidemment, si plusieurs professeurs dans un établissement imposaient ces règles, l’administration serait mise devant ses responsabilités qui sont de maintenir l’ordre et de veiller au bon dérouelment des cours.

Seulement voilà ! Les pauvres profs sont aveuglément soumis à l’autorité depuis l’enfance. Or, ils savent qu’affronter un élève, c’est d’abord affronter l’administration dont la stratégie depuis des lustres a été de mettre sur le dos des profs « sans charisme » les comportements délinquants des élèves.

Et c’est vrai que nombre de profs sont sans charisme, mais cela doit-il les mettre dans l’impossibilité physique d’enseigner ? Le charisme n’est pas la chose du monde la plus répandue, à ma connaissance. Paul Villach

 


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