Dur, dur d’être libéral " par pur amour de la liberté" !
Face à la grave crise du système financier américain, le candidat républicain John McCain propose l’adoption de règles plus strictes. Le quotidien
The Washington Post rappelle qu’il a pourtant longtemps défendu des thèses libérales.
												
												 												
								 	
								
								 					 			
													
														 														
															
																
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																				John McCain
AFP 																			
																		
																	
																
																
															
															
																
																
															
				 																														 									
Il y a dix ans, le sénateur John McCain a soutenu une loi visant à déréglementer le secteur de la banque et des assurances. Le texte supprimait une série de dispositions qui avaient été adoptées au fil des décennies et mettait sur pied un marché financier moins limité censé, selon ses partisans, provoquer une croissance économique accrue. Aujourd’hui, à l’heure où le gouvernement Bush s’efforce d’empêcher l’effondrement de l’American International Group (AIG), la plus grande compagnie d’assurance du pays, et de stabiliser Wall Street, le candidat républicain à la présidence s’efforce de se faire passer pour un champion de la réglementation décidé à mettre fin "au comportement irresponsable, à la corruption et à la cupidité sans limite" de Wall Street.
"Le gouvernement doit agir pour défendre l’intérêt public, et c’est exactement ce que j’ai l’intention de faire", a-t-il déclaré, combatif, le 16 septembre, lors d’un meeting à Tampa [Floride]. "Dans mon administration, nous tiendrons les gens de Wall Street pour responsables. Et nous introduirons des réformes pour éviter que ces scandales ne se produisent tout court." McCain espère exploiter la colère des électeurs qui cherchent quelqu’un à qui faire porter le chapeau pour la catastrophe économique qui menace la valeur de leur logement, leur compte en banque et leur plan retraite. Le soutien qu’il a accordé jadis aux tentatives de déréglementation du Congrés et ses propos contre "l’intervention du gouvernement" sur le marché libre donnent cependant à Barack Obama la possibilité de pousser l’avantage que possèdent traditionnellement les démocrates en période de troubles économiques.
En 2002, McCain a présenté une proposition de loi visant à déréglementer le marché de l’Internet à haut débit. Trois ans auparavant, il s’était associé avec d’autres républicains pour faire passer une législation soutenue par Phil Gramm, à l’époque sénateur du Texas et aujourd’hui conseiller économique de l’équipe de campagne de McCain. La loi Gramm-Leach-Bliley visait à améliorer la compétitivité des institutions financières du pays en faisant tomber les murs qui avaient été dressés pendant la Grande Dépression entre les banques, les sociétés d’investissement et les compagnies d’assurance. Le texte a permis à AIG de participer à la ruée vers l’or sur le marché mondial de la banque et de l’investissement. Il a aussi permis à des sociétés comme AIG et Lehman Brothers de devenir des monstres chargés de prêts risqués et de mauvais investissements.
McCain condamne aujourd’hui les dirigeants de ces sociétés pour avoir poursuivi les ambitions que permettait la loi Gramm-Leach-Bliley. "Dans leur quête incessante d’argent facile, ils ont imaginé des montages d’investissements qu’ils ne comprenaient pas eux-mêmes", a-t-il déclaré. Ces agissements ont été selon lui favorisés par "la négligence des organismes de contrôle de Washington", qui travaillent de façon "dispersée, nonchalante et inefficace".