Mon lieutenant,
C’est avec un plaisir non dissimulé que je poursuis cet échange avec vous, et vous me seriez agréable en m’appelant Tristan. Ce qualificatif de « professeur » me donne une image à laquelle je suis loin d’adhérer. Je suis avant tout un perpétuel étudiant.
Si j’ai lu et relu la Bible, en revanche je n’ai lu que partiellement le Coran. L’Islam est certes un système politico-religieux, comme l’était le Christianisme autrefois. Le mélange de la Règle et du Siècle sont une source évidente de problèmes. Le Christianisme l’a réglé dans tous les pays dont elle est la religion dominante, bien que notre ami M. Bush tente de me faire mentir. Peut-être le Christianisme n’est-il plus conquérant et guerrier parce qu’il a conquis ce qui devait être. Quant à l’Inquisition, contrairement à ce que l’on croit, le pouvoir religieux a tenté de modérer le pouvoir politique qui est allé bien au-delà de ce que le premier attendait.
Je crois nécessaire de distinguer les écrits d’une époque révolue, qui correspondaient alors aux aspirations des fidèles, et la pratique qu’on en retire aujourd’hui, fort différente dans les faits, pour la plupart des musulmans. Parce que tous aspirent à ce qui fait du bien à l’Homme. La liberté et la démocratie en font partie. Imaginez que les pays musulmans que vous citez adoptent intégralement ces valeurs, ce serait la fin de leurs régimes !!! Voilà pourquoi il leur est vital de s’appuyer sur ce qui est saint, même violent. Avant d’être dirigés contre l’Occident, les mouvements terroristes islamistes ont pour vocation d’unir les musulmans en empêchant toute réforme de l’Islam. Ils s’attendent également à ce que nous prenions des mesures d’exception (ex : Patriot Act aux Etats-Unis, passeport biométrique, etc.) pour qu’ils puissent affirmer que les valeurs politiques occidentales ne sont pas meilleures que celles qui découlent de leur vision de l’Islam. Une fois l’union du monde musulman faite, ils pourraient en effet s’attaquer sérieusement à l’Occident.
Je suis convaincu que si les médias cessaient d’appliquer l’adjectif « islamiste » aux noms « attentat » et « terrorisme », les islamistes perdraient de leur « notoriété », donc des sujets sur lesquels exercer leur pouvoir. On réprimerait avec d’autant plus de légitimité judiciairement et médiatiquement un acte qui au fond relève du droit commun. Pourquoi ne pas le faire alors ? Peut-être parce que nos gouvernants doivent également assurer l’union de leurs populations, or focaliser notre attention sur ces problèmes reviendrait à occulter les autres.