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Commentaire de canaletto

sur Bertrand, le mini-Hoover


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canaletto 18 octobre 2008 14:45
Le krach de la grande peur du Kracken
 
Après une nuit sans sommeil d’un nanti qui ne se préoccupe que de faire germer son argent et ses talents, je me trouvais sur la route dégagée des voitures sans essence car trop chère. Et pour m’en aller promener autour la cathédrale de Meaux toute blanche et blonde comme l’histoire retrouvée ou retournée comme l’aile d’une colombe enchaudée au soleil. J’allais discuter avec mon banquier dit le bon bandit bankable.
 
A l’entrée du sas emprunté aux décors de Star Wars le détour, je me surpris à entendre la voix d’un robot mais tout ce qu’il y a de plus féminin, pour qu’elle me dise que je portais probablement une masse métallique et pas entre les cuisses. Et donc, que je ne pouvais entrer vêtu dans cet appareil-là, sans mettre aussitôt en grand danger toute la carlingue de la banque, qui frémissait de mes tentatives d’entrer par force. Quand j’étais attendu pour un rendez-vous d’affaire, ce qui arrive tous les jours.
 
Bon, je laissais mon parapluie de dandy avec ses baleines de corset de métaux dans la consigne et j’entrais. Car cette porte fermée ne signifiait pas que ma banque avait fait failllite, et que mes comptes étaient congelés dans le musée des kraches merveilleux, horrifiques et mirifiques. Non ! je pouvais enfin me gausser avec mon banquier des délires de la Presse qui nous annonce un krach genre 29, quand c’est tout le contraire qui se produit : c’est-à-dire une déflation.
 
C’est très confortable cette péripétie de nowadays, car on entend moins le bruit des bagnoles aux carrefours des grands dangers de traverser. Aussi, il faudra à nouveau économiser chez les Marcel et Martine pour s’acheter la dernière console de jeux. Tiens ! comme on faisait dans les années 1970 et qu’on y vivait assez bien. Il en est même qui vont reprendre le bon vieux bouquin dans la bibale, et là où ils l’avaient laissé marqué à la page d’avant la modernité du tout plastique en formica. Les loisirs c’est pas cher quand on sait vivre avec le temps qui passe lentement comme dans le milieu d’un siècle normal et montaigneux.
 
Avec le banquier jeune on s’est bien marré. Car on a fait le compte des bonnes affaires qui se présentent en ces temps de la baisse dans tous les étages du survoltage. Dans l’immobilier on va enfin pouvoir se goinfrer d’achats à court terme et pour pouvoir revendre dans un an ou deux. On est loin des cris de paniques des vendeurs quand on est acheteur, et qu’on a bien saisi la situation avant qu’elle se produise. Il fallait vendre à temps et pour acheter à la baisse, c’est dit !
 
C’est à tel degré que le bureau du jeune homme brillait par tous les feux surbookés des cours de la bourse qui donnait à donf depuis Boursorama, qui clignotait comme un arbre de Noël de l’Elysée joint à la Maison Blanche des boules qui font de la neige quand on les renverse avec la vierge Marie dedans. Car les actions sont si basses que les profits à court terme font ravage. Il en est même qui y jouent pour se faire juste 150 € pour voir, et se payer un gueuleton large et bien arrosé de liquidités tranquilles.
 
D’ailleurs, pour ma part et quand je n’avais jamais touché à ce grisby-là, je me suis piqué au jeu pour y être assez initié par le malchik bankable, et je vais m’y mettre pour au moins savoir assez dequoi il s’agit et dequoi je cause. Puisque nous savons désormais que la bourse ou la haute finance sont impliquées irrémédiablement dans notre société contemporaine.
 
Au moins, j’en saurais plus que tous ces palabreurs de l’impro de l’info à la telly qui nous donnent des conseils et qu’ils n’y paument que dalle, comme moi-même avant ma visite à mon banquier ; lequel conserve toujours mes dépôts et pour les faire fructifier et mettre en plants et pour créer des richesses, qui améliorent ma vie et celle de mon entourage et de mes connaissants.
 
Il n’est rien de plus frustrant que de se sentir manipulé comme une barque par une sorte de Neptune ou de Kracken ulyssien gigantesque auquel nous ne comprenons rien, et qu’il nous fait peur religieusement en fin de compte bancaire pour le coup.
 
Demian West
 
 
 


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