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Commentaire de sisyphe

sur Le capitalisme et la démocratie


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sisyphe sisyphe 21 octobre 2008 11:59
			 				 Crise financière : Et si tout recommençait comme avant… en pire ? 			 		
		 			 				 Par Roland Hureaux

				
Tout le monde connaît le mécanisme psychologique à l’œuvre dans l’alcoolisme – et dans toutes les addictions d’ailleurs : l’alcool produit une euphorie qui dure un certain temps, puis, l’effet passé, vient le temps de la dépression, de la « gueule de bois » comme on dit. Les soulographes du petit matin savent comment guérir la gueule de bois : recommencer vite à boire autant et même un peu plus. Le mécanisme de l’addiction veut en effet qu’il faut des doses de plus en plus fortes de drogue pour accéder au même état d’euphorie.
					 					
					 N’est-ce pas ce qui est en train de se passer dans l’économie mondiale ? Après une phase d’euphorie marquée par les subprimes, la bulle financière, les profits record, l’argent roi, nous avons depuis quelques semaines la gueule de bois. 					
					 					
Le climat de catastrophe qui règne dans l’opinion et la grande presse ne doit pas nous leurrer : même si la dépression dure un certain temps, elle finira bien par se terminer.
					 					
					 Le spectre de 1929 					
Il arrive parfois à Alain Minc de ne pas se tromper : il n’a pas tort de dire que si, en 1929, les États étaient venus au secours du système bancaire avec la même détermination qu’ils le font aujourd’hui, nous n’aurions pas eu Hitler.
					 					
La leçon de 1929 n’ayant pas été oubliée, la réaction a été cette fois vigoureuse, malgré les hésitations de certains pays comme l’Allemagne. Son effet ne sera bien entendu pas immédiat. Les bourses peuvent encore baisser, mais enfin vient toujours un moment où les spéculateurs se rappellent que derrière les titres, il y a des biens réels : des usines, des champs, des immeubles et une activité économique qui ne s’est pas encore complètement arrêtée, Dieu merci, et que donc ces titres conservent une valeur intrinsèque au-dessous de laquelle il n’est plus raisonnable de les vendre.
					 					
Mais ne nous leurrons pas. La cause du mal, c’est l’inflation : du crédit et donc de la monnaie (deux fois la valeur de la fortune mondiale se trouve aujourd’hui en circulation !).
Le remède qu’ont trouvé les États à la crise, sous l’habillage technique, c’est ni plus ni moins qu’un surcroît d’inflation.
			
			 		 		
		 			
				 				
					 				
			
			
				
					 Planche à billets 					
Contrairement à ce qui se dit, ce ne sont pas les contribuables américains qui vont payer les 850 milliards de dollars du plan Paulson, c’est la création monétaire. L’Etat prête aux banques pour garantir les déposants. Pour cela, il va aggraver le déficit public et donc émettre des bons du Trésor. Qui achètera ces bons du trésor ? Ceux qui en possèdent déjà : les grands créanciers mondiaux : la Chine, le Japon, les pays pétroliers.
					 					
					 Et s’ils refusent ? Ils ne refuseront pas parce qu’alors, leurs réserves en dollar ne vaudraient plus rien. 					
Ainsi, la situation actuelle était marquée par l’inflation et les grands déséquilibres mondiaux ; le résultat des mesures prises pour enrayer la crise est une plus grande inflation et les mêmes déséquilibres en plus grand.
					 					
Ce n’est pas le seul domaine où l’on peut s’attendre à une aggravation : si la cause de la quasi-faillite de certaines banques était l’irresponsabilité de leur gestion, combien plus irresponsable encore risque d’être cette gestion maintenant que l’on sait que les banques ne peuvent pas faire faillite car les États ne les laisseront jamais tomber ?
					 					
Tous ceux qui ne se laissent pas aller à l’emphase catastrophiste qui règne aujourd’hui savent que l’économie, le crédit, la bourse repartiront un jour, un peu plus tôt, un peu plus tard mais pas sur de nouvelles bases : sur les mêmes, en pire !
					 					
Ce qui changera : un contrôle plus étroit du système bancaire malgré tout (mais pas trop si l’on veut éviter une récession économique), un redémarrage de la hausse de prix aussi : c’est le seul moyen réaliste d’absorber le gonflement considérable de la masse monétaire mondiale. Et il n’est même pas certain que les salariés profiteront de cette inflation, aussi longtemps que la mondialisation des échanges de biens tire les salaires vers le bas.
					 					
L’euro risque d’être ébranlé : les ensembles de ce type ne résistent aux « chocs asymétriques » que s’ils sont faibles, or celui-ci est fort : il n’y aura plus d’alternative au dollar.
					 Pour le reste : les mêmes dérives, les mêmes déséquilibres, en pire. 					
					 					
					 Couple sino-américain 					
Jusqu’à quand ? Les seuls facteurs qui puissent changer la donne mondiale seraient que la Chine n’accepte plus de financer les déficits américains ; nous avons vu qu’elle n’a pas encore le choix, ou encore que les États-Unis acceptent un retour à l’étalon-or : cela supposerait qu’ils remboursent leur énorme dette, quitte à être les premiers bénéficiaires de la formidable réévaluation de l’or qui en résulterait : ne rêvons pas.
					 					
L’économie mondiale repose sur le couple pervers Chine–États-Unis, la première ultra excédentaire, la seconde ultra déficitaire. Tant que ces deux acteurs majeurs (nous ne parlons pas des pays pétroliers, tenus en laisse) ne décideront pas de changer radicalement la règle du jeu, l’économie mondiale pourra bien repartir mais elle ne sera pas assainie.
			


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