Le capitalisme et la démocratie
Le capitalisme permet d’agrandir encore le gâteau économique. Par contre, simultanément, la démocratie, elle, celle qui se soucie de l’ensemble des citoyens est de moins en moins effective sous son influence. Quelles en sont les causes ? Comment allier la démocratie au capitalisme ?
Présentation
L’avènement du capitalisme a apporté beaucoup de choses positives à notre société en tant que consommateur :
- la concurrence entre les entreprises n’a jamais été aussi intense ;
- une baisse des tarifs considérable a été effectuée (par exemple dans le secteur informatique) ;
- l’innovation est le maître mot des nouvelles entreprises. Il y a énormément de nouveautés chaque année, plein de nouveaux produits et services aussi intéressants les uns que les autres ;
- les mieux placés ont amassé des fortunes impressionnantes, l’économie de marché mondialisée leur a permis de développer considérablement leurs richesses ;
- le rêve américain devenu possible ? Une idée et c’est la richesse à portée de main (cf. Google, Facebook, Myspace…)
Hélas le capitalisme a aussi apporté des choses très négatives pour nous citoyens :
- des écarts grandissants et démontrés de richesse entre les individus ;
- l’insécurité du travail a fortement augmenté (Intérim, CDD, feu les CNE et CPE, rupture de contrats à l’amiable, licenciements…) ;
- le recul de l’État et de la politique en général dans la protection des citoyens. ;
- la baisse de la majorité des avantages sociaux et des salaires.
Mais d’où proviennent tous ces désagréments liés au capitalisme ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à y remédier ?
C’est ce que nous allons étudier dans les paragraphes suivants.
Origines des apports négatifs
Si l’économie d’aujourd’hui nous est si favorable, c’est largement parce qu’elle nous reprend d’une main ce qu’elle nous donne de l’autre. Nous pouvons en rejeter la responsabilité sur les grandes entreprises, mais ce pacte, nous l’avons surtout passé avec nous-mêmes.
D’où croyons-nous que viennent les prix si intéressants et les investissements si rentables dont nous bénéficions aujourd’hui ?
Ils proviennent en partie de :
- la réduction des coûts salariaux ;
- la perte des avantages sociaux ;
- l’augmentation de l’insécurité au travail ;
- salariés contraints d’accepter une rémunération plus basse ;
- un nouvel emploi souvent moins bien payé ;
- des grandes chaînes de distribution qui tuent le petit commerce (prix inférieurs) ;
- d’entreprises qui se transforment en chaînes d’approvisionnement mondialisées et font travailler des Indonésiens (ça marche aussi avec les Chinois) de 12 ans pour un salaire de misère. L’esclavage moderne existe bel et bien de nos jours ;
- de PDG qui touchent des rémunérations exorbitantes ;
- d’entreprises, partout dans le monde, qui causent des dégâts terribles à l’environnement.
Nous sommes, dans une certaine mesure, complices, vous et moi. En tant que consommateurs et qu’investisseurs, nous faisons tourner cette grosse machine qu’est le monde.
Par exemple, lorsque nous trouvons une voiture, un ordinateur, un écran plat ou pratiquement n’importe quel autre objet vendu à un prix défiant toute concurrence, c’est souvent parce que les citoyens français (ou européens) qui travaillaient sur ces objets ont soit accepté des réductions de salaire, soit carrément perdu leur emploi.
Problèmes
Les choix que nous faisons sur le marché ne reflètent pas complètement les valeurs auxquelles nous tenons en tant que citoyens.
Nous ferions peut-être des choix différents si nous comprenions les conséquences sociales de nos achats et de nos investissements.
Par exemple, nous avons le choix entre deux produits identiques, mais à un prix différents :
- si nous étions au courant que la fabrication du produit le moins cher a entraîné la délocalisation de l’entreprise dans un pays peu respectueux de ces citoyens (qui a dit la Chine ?) ;
- alors que le produit le plus cher est fabriqué dans notre pays.
A votre avis, en tant que citoyens, quel produit la majorité d’entre nous choisirions d’acheter ?
Je suis persuadé que, pour quelques euros de plus, la plupart d’entre nous seraient prêts à faire des efforts pour maintenir une activité économique dans son pays (ou en Europe).
Et vous que feriez-vous ?
Rôle de l’État
Dans un pays qui se soucie réellement du bien-être de ses concitoyens, quel devrait être le rôle de l’État ?
La seule manière pour les citoyens que nous sommes de l’emporter sur les consommateurs et les investisseurs que nous sommes aussi, c’est que les lois et les réglementations fassent de nos achats et investissements un choix social autant qu’un choix personnel.
Par exemple, un changement du droit du travail qui rendrait plus facile, pour les salariés, d’organiser et de négocier des contrats plus avantageux. Cela aurait pour conséquence d’augmenter légèrement le prix des biens que j’achète. Le consommateur qui est en moi n’aimerait pas beaucoup cela, mais le citoyen penserait qu’il est normal de payer ce prix.
De la même façon, il pourrait y avoir des conditions, de façon à empêcher une grande entreprise rentable de licencier en un an plus d’une certaine proportion de ses salariés.
La véritable mission du système politique et de l’État est d’élaborer des règles, des lois établissant le juste équilibre entre les intérêts des consommateurs et des investisseurs et les besoins de la société.
Pensez-vous que l’État doive réguler et contrôler les règles de la concurrence entre les entreprises ?
Ou au contraire leur laisser une totale liberté ? Et simultanément, laisser aux entreprises le soin de la « responsabilité sociale » ?
Nous reviendrons sur ce point dans un prochain article : « la responsabilité sociale des entreprises ».
Quelques pistes de réflexion
Étudions quelques pistes intéressantes pour solutionner nos problèmes d’équilibre du capitalisme et de la démocratie.
Plusieurs idées ont déjà été proposées sur un plan politique pour réduire les effets néfastes du capitalisme. En voici quelques-unes :
- les médias qui utilisent les ondes publiques offrent des publicités télévisées gratuites aux candidats lors des élections générales ;
- d’interdire aux entreprises ou aux dirigeants de faire des cadeaux aux législateurs et à ces derniers d’en accepter voyages et autres vacances exotiques (cf. les vacances d’un certain président de la République) ;
- de contraindre les lobbyistes à divulguer toutes les sommes dépensées dans le cadre de leurs campagnes ;
- de contraindre tous les experts appelés à témoigner au cours d’auditions législatives ou réglementaires à divulguer d’éventuelles relations financières avec les parties intéressées.
Toutes ces réformes devraient être mises en œuvre sous le contrôle d’un inspecteur général indépendant ayant autorité pour enquêter sur les abus éventuels et imposer de lourdes sanctions à leurs auteurs (cf. la crise financière actuelle).
Aucune réforme politique ne peut être réalisée aussi longtemps que les gouvernants et les législateurs sont sous la coupe des entreprises. Il est donc nécessaire de limiter l’influence des entreprises sur la politique.
Avez-vous d’autres idées pour améliorer et rendre le capitalisme profitable à la majorité ?
Conclusion
Le triomphe du capitalisme a conduit, indirectement et par inadvertance, au déclin de la démocratie.
Mais ce n’est pas inévitable. Nous pouvons avoir à la fois une démocratie dynamique et un capitalisme dynamique.
A condition de mettre en place une cloison étanche entre ces deux sphères.
Le but du capitalisme est d’optimiser la satisfaction du consommateur et de l’investisseur. Le but de la démocratie est d’atteindre collectivement des objectifs que nous ne pouvons pas atteindre en tant qu’individus.
Nous sommes tous des consommateurs, la plupart d’entre nous sommes également des investisseurs, et dans chacun de ces rôles nous essayons d’optimiser nos choix.
C’est ainsi que nous participons à l’économie de marché et que nous bénéficions des avantages du capitalisme.
Mais ces avantages individuels s’accompagnent souvent d’un coût social. Nous sommes aussi des citoyens et, à ce titre, nous avons le droit et le devoir de participer à la vie démocratique.
Il est donc en notre pouvoir de limiter ces coûts sociaux pour que le véritable prix des biens et services que nous achetons soit aussi faible que possible. Tout en assurant une certaine responsabilité sociale des citoyens.
Pour accomplir cela, chacun d’entre nous doit prendre au sérieux ses responsabilités de citoyens et le bon fonctionnement de notre démocratie.
LA première étape, et souvent la plus difficile, est de penser juste (ET de penser par soi-même).
Compléments de l’article
- L’article rédigé sur le livre Supercapitalisme de Robert Reich : la lecture de ce livre m’a beaucoup aidé à comprendre les enjeux du capitalisme et de la démocratie. Je vous conseille de le lire si vous souhaitez mieux appréhender tous les enjeux.
- Des informations supplémentaires : le capitalisme.
- Des détails sur : le libéralisme.
- L’opposition du capitalisme : le socialisme.
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