On observe qu’aucune des biographies publiées sur les grands sites d’information politique ne mentionne le lieu de naissance de Politkovskaïa. Seulement la date : 1958. Les principales biographies commencent toutes en 1980, date à laquelle A. P. a obtenu son diplôme de la faculté de journalisme de l’Université d’Etat de Moscou.
En fouillant, on trouve mention de sa naissance à New York et de ses origines sociales privilégiées (nomenklatura diplomatique) dans plusieurs sources, et notamment sur le site www.grani.ru, proche des libéraux et démocrates.
Pourquoi cette omission alors que les biographies comportent généralement le lieu de naissance et les origines familiales ? Je n’ai pas de réponse à cette question.
Anna Mazepa (nom de jeune fille) est née à New York en 1958. Elle est la fille de diplomates soviétiques alors en poste à New York (ONU ? Consulat d’URSS ?). Ses parents seraient d’origine ukrainienne. Née sur le territoire américain, elle bénéficie du droit à la citoyenneté américaine, un droit qu’elle a fait jouer au début des années 1990. A. P. avait donc la double nationalité, russe et américaine.
A. P. s’est séparée (divorce ?) de Sacha Politkovski, un journaliste assez célèbre de la télévision, vers 1999.
Après son diplôme obtenu en 1980, A. P. devient brièvement journaliste pour la revue de l’Aeroflot, faisant visiblement jouer ses relations familiales. En 1982, elle entre aux « Izvestia », où elle reste jusqu’en 1993. Ensuite, elle fait partie de l’équipe qui suit l’ancien rédacteur en chef des « Izvestia » pour fonder « Obchtchaïa Gazeta », un excellent hebdo libéral destiné à un public cultivé. Avec la fermeture de cet hebdo, en 2000, elle rejoint la « Novaïa Gazeta », dont l’ambition était de succéder à « Obchtchaïa gazeta », mais qui n’a jamais vraiment réussi à se hisser à sa hauteur.
Ses reportages en Tchétchénie et, plus généralement, sur le front de la politique antiterroriste menée par le Kremlin et celui des prises d’otages, notamment celle du « Nord-Ost », lui ont valu de nombreux prix et récompenses, dans les pays occidentaux (Prix du journalisme d’Amnesty International, parmi tant d’autres), mais aussi en Russie : « Plume d’Or » de Russie en 2000, Prix de l’Union des journalistes de Russie, prix du journalisme anti-corruption, « Gong d’Or » 2000...
Son enquête la plus passionnante et l mieux documentée est incontestablement « Voyage au bout de l’enfer », publié en français en 2000. Ce livre traite des débuts de la seconde guerre de Tchétchénie (qui commence à l’automne 1999). Ce qui suit associe reportage et analyse, un genre dans lequel A. P. était ntemment moins percutante que dans celui de l’investigation pure.