Ou connaissons-nous quelqu’un, dans notre entourage, qui l’ait déjà été ?
J’ai été sondé plusieurs fois.
Chaque fois, on m’a demandé, en même temps, quel huile de voiture j’utilisais et quel candidat je me mettrais dans mon urne.
C’est des « omnibus », je crois. Rafales de sondages, balancées sur tout le monde. Après, les statitsticiens détachent des feuilles de réponses, en général un millier, pour reconstituer les Catégories Socio-Professionnelles.
Pour moi, sans compter le fait qu’ils se sont plantés en beauté bien souvent, ces sondages posent deux problèmes de fond.
Le premier c’est qu’ils alimentent une sorte « d’élection permanente », d’électionnite aigue chez les journalistes, qui nous fait vivre au futur.
On anticipe de plus en plus tôt ; à deux de l’échéance on est déjà en pleine campagne.
Résultat, on ne parle plus des problèmes du présent, véritables et concrets, sauf à se demander comment, dans deux ans, les candidats désignés vont penser la question.
Le réel est oblitéré. Ce qui permet de l’évacuer et à un gouvernement, par exemple, dont tout le monde disait qu’il ne tiendrait pas, de rester en place, alors qu’il est rejetté et par ses troupes, et par l’opposition.
Sans compter, évidemment, que s’interroger sur la posture intellectuelle d’une Royal ou d’un Sarkozy en regard de l’écologie, permet, par exemple, de ne pas s’attarder sur le fait qu’il y a en France, aujourd’hui, onze millions de personnes qui gagnent moins de 800€/mois.
Comme par hasard, ce sont les organes de presse les plus liés aux grands groupes d’armement et de finance qui poussent dans ce sens. Il y a longtemps que la déontologie du journalisme, comme le disait Carton, a déserté ces lieux d’information en batterie.
Le deuxième problème est le fait que ces sondages influencent l’opinion des citoyens, des électeurs.
Peut-on longtemps encore laisser une presse au service d’intérêts très puissants en même que dans des mains très peu nombreuses, obliger les gens à ne penser qu’à quelques individus « présidentiables » et à ne considérer l’élection qu’en termes de popularité et/ou de bon passage à la caméra ?
La démocratie, la refléxion politique, le travail d’information politique, comme le questionnement citoyen sur des projets, des réalisations, l’idéologie de candidats à la plus haute fonction, sont écrasés.
En ce sens, les sondages dénient la démocratie, alors qu’ils sont régulièrement faux.
Par ailleurs, quelle personne lucide voyant le poids que leur donne la télé et les journaux, ne serait pas tenté de penser qu’on peut les acheter ?..
Devant leurs caractère fantaisiste, comme leur nuisance et la corruption qu’ils peuvent générer, je suis fermement partisan d’interdire les sondages politiques, qu’ils soient barométriques ou autres. 