Les changements de terminologie ne sont jamais neutres. Ceux qui mettent au goût du jour une appellation plutôt qu’une autre sont généralement ceux qui sont aux commandes et ils ont toujours une arrière pensée. (cf. l’ouvrage qui date un peu, certes, mais qui reste d’actualité, de Luc Boltanski sur les Cadres).
La conscience de classe, quand elle a existé, (du moins pour la classe ouvrière) se fondait sur des principes de solidarité, sur l’esprit qu’Orwell désigne par "common decency". Le monde qu’il nous est donné de vivre depuis la fin des années 50 (je ne situe pas en 68 la "mort" de "la classe ouvrière", mais dès 58, avec la prolongation de la scolarité obligatoire, et la volonté politique de faire surgir des hommes nouveaux... cela mériterait de longs développements !) est celui où la sphère privée a pris le pas sur la sphère publique, et où les solidarités liées à la reconnaissance des autres comme des pairs se sont effacées au profit des lois de la jungle. L’autre est devenu le concurrent qu’il convient de dépasser, voire d’éliminer...
La crise que nous vivons aujourd’hui n’aurait pas été possible il y a soixante ans. Elle l’est maintenant parce que le chacun pour soi a empêché les citoyens de considérer l’intérêt général comme intérêt premier.
Je voudrais bien que vous ayez raison de penser qu’une gauche unie et diverse est possible... mais je crains fort que ce qui reste des appareils nuise à sa création... La société a tout corrompu, chacun tire la couverture à soi, y compris dans les partis de gauche... Si quelque chose doit voir le jour, ce sera par la base, avec les institutions (PC, aile gauche du PS, LCR...) peut-être, mais pas à leur remorque.
Il faudrait une grande prise de conscience ! mais les médias aux ordres veillent à endormir les braves gens... Souhaitons qu’ils se réveillent avant qu’il ne soit trop tard !