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Accueil du site > Tribune Libre > La disparition du monde ouvrier et ses conséquences

La disparition du monde ouvrier et ses conséquences

Ceci est l’ébauche d’une petite analyse tout à fait personnelle. Elle demandera à être peaufinée et approfondie. Certains auront d’autres vues et conceptions de l’effritement du concept : monde ouvrier, tant mieux, car c’est de la confrontation que sortent souvent les meilleures analyses.

Le monde ouvrier dans le sens historique et social de l’expression était le pourvoyeur de voix pour les partis de gauche, puis inéluctablement diverses raisons ont œuvré à son effritement, voire sa disparition. Il existe toujours des ouvriers mais plus de monde ouvrier à proprement parler et ainsi qu’on le concevait il y a encore quelques décennies.

Sans aborder toutes les différentes causes profondes de ces désagrégations, il est possible toutefois d’en dégager certaines qui apparaissent comme essentielles.
L’une des premières, a priori la moins évidente, est une question de sémantique liée en partie aux tribulations de Mai-68. Nous relativiserons donc le fait que le monde ouvrier ait pris le train en marche de la révolte étudiante que par la suite ses syndicats ont voulu s’approprier, pour finir par le saboter avec l’aide d’un Parti communiste conscient d’avoir été débordé, qui en l’occurrence amorcera dans ces circonstances le début de son déclin. On sait ce qu’il advint, dans la foulée, après que de Gaulle eut dissous l’Assemblée, ce sera alors un raz de marée de la droite. Ebranlé, le PC voulant alors gommer sans doute l’image de Staline et de Thorez qui malgré leurs disparitions laissaient encore dans les esprits comme une sorte de rejet, les instances dirigeantes du parti ont pris la décision en 1976 de ne plus parler de dictature du prolétariat. Pour ma part, je pense que ce fut une erreur, sans doute eut-il fallu en restant dans cette ligne de pensée élargir à tous les exploités et défavorisés le concept de prédominance de ces classes sociales sur les capitalistes. On serait resté dans l’un des fondements de la pensée de Marx. 

Revenons aux mutations sociales. En effet, même si des accords de Grenelle négociés en catimini ont apporté certains avantages non négligeables aux sorts des travailleurs ou peut-être à cause de tout cela, à la suite de cette révolution en partie intellectuelle sous prétexte de redonner un semblant de qualification soi-disant plus acceptable et plus dans l’air du temps à diverses professions, on a alors appelé celles-ci : Technicien de machin, Technicien de truc, Agent de truc, Agent de machin et ainsi de suite ; même le traditionnel facteur est devenu le préposé. L’honneur des travailleurs s’en est senti revigoré, minimisant de fait des avantages sociaux et des salaires encore insuffisamment revalorisés.

Pourtant, il n’y avait pas de quoi pavoiser, puisqu’on avait subitement oublié que le terme ouvrier vient d’œuvre, donc celui qui conçoit ou exécute une œuvre. Et que l’ouvrage ainsi effectué porte un nom simple : celui qui tourne une pièce métallique est un tourneur, celui qui fond de la fonte est un fondeur et celui qui balaie est un balayeur, sans que ces qualificatifs ne soient péjoratifs. Au contraire, c’est la dénomination, vraie, du travail réalisé auquel, quelle que soit la tâche, on doit la même considération et respect. A la suite de quoi, sans que cela paraisse, déjà ces appellations subliminales avaient déstabilisé la cohésion du monde ouvrier.
Parallèlement à cette prétendue embellie de la condition ouvrière, une autre mutation était en gestation : celle du patronat traditionnel. Le capitalisme à la « papa » allait disparaître, absorbé lui aussi par le monde moderne.

Certes, on aura toujours du mal à encenser les grands patrons d’antan, car ce fut après de dures tractations dont ils tentaient d’atténuer l’âpreté par un paternalisme bon enfant, puis devant leurs intransigeances qu’il aura fallu des grèves innombrables et longues pour permettre aux travailleurs de conquérir quelques avantages ; ils ont donc le plus souvent privilégié l’enrichissement de leurs patrimoines aux dépens de la qualité de vie de leurs ouvriers. Mais, pour beaucoup, ils étaient les descendants de ces nouveaux patrons qu’avait façonnés la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle - particulièrement dans l’industrie lourde et le textile - et portaient en héritage un certain savoir-faire, connaissaient leur métier, perpétuant le sens de l’œuvre qu’avaient légué leurs ancêtres, en quelque sorte des hommes de l’art. D’ailleurs, certains se complaisaient à se faire appeler, par exemple, « maître de forge ». Pour ces raisons, malgré une primauté en direction de leurs bas de laine, on les vit réinjecter des capitaux dans les entreprises, favoriser la technologie et la recherche, ne passant pas nécessairement au premier plan la rentabilité d’un quelconque cours boursier.

Seulement voilà, dans les années 70, la société de consommation est en pleine expansion. Pour satisfaire les besoins des populations, les industriels durent augmenter les capacités de production des entreprises, par-là même, les agrandir, voire les moderniser à outrance – entre parenthèse, si la robotisation réduisit les accidents corporels, elle engendra chez les travailleurs d’autres sortes d’accidents du travail, liés en particulier au stress et autres traumatismes psychiques et qui sont de plus en plus exacerbés. Un besoin de capitaux importants se fit sentir. Pressés par l’explosion du marché, et devant une alternative alléchante permettant de s’enrichir encore davantage, ils vont oublier allègrement le traditionalisme industriel de la vieille Europe et s’inspirer des capitalistes américains en faisant appel à des investisseurs. Le pas était franchi, un siècle de savoir-faire finissait entre les mains de financiers qui n’en avaient cure, seuls les dividendes de l’argent investi allaient devenir primordiaux. Et qui de plus vont emmener le capitalisme dans les rouages infernaux d’une spéculation sans foi ni loi.

Cependant, la mutation ne se fit pas brutalement, les investisseurs ont joué, dans un premier temps, le jeu de la croissance du pays dans lequel ils avaient investi. Puis, peu à peu, la mondialisation aidant, concrétisée en 1995 par la mise en place définitive de l’OMC (une forme similaire existait depuis 1947) ils ont été chercher où il était possible d’engranger dans un temps record le maximum de profits.
Ce ne sont pas là les seules raisons de l’éclatement de la classe ouvrière française – par exemple l’abandon d’énergie traditionnelle comme le charbon, etc. Qui sera lié aussi à une mondialisation économique déplaçant les pôles de production des capitalistes vers les pays émergents, où la main-d’œuvre est encore taillable et corvéable à merci.

Aussi, le rapport à la politique a évolué rapidement et notre pays est devenu un pays de service, avec en prime, une vocation touristique aléatoire.
L’union que constituait le monde ouvrier n’est plus, avec comme corollaire l’amoindrissement du Parti communisme dans lequel celui-ci puisait sa principale force et son électorat. L’individualisme est de rigueur. Avant, même si ce ne fut pas toujours facile, face à des conditions de travail difficiles, on regardait la valeur de l’homme avant la couleur de sa peau ou celle de son origine. Maintenant qu’il y a moins de travail, et plus diversifiés, les liens sociaux qui auraient pu se créer n’existent plus. Le voisin est le concurrent.

C’est en partie à travers toutes ces thématiques nouvelles que Le Pen va piocher, ainsi que les néo-populistes de la droite, afin de récupérer des électeurs déstabilisés et qui sont prêts à concevoir qu’une solution extrême comme celle qu’il propose va régler leurs problèmes. Le score réalisé par Marie-Perrine Le Pen lors des dernières législatives en est le meilleur exemple. Même si elle n’a pas confirmé aux municipales, c’est probablement chez Sarkozy qu’une partie de ces gens déstabilisés se sont tournés. Aussi, tant mieux si d’autres ont réfléchi et sont revenus vers la vraie gauche (il s’agit naturellement des partis que les biens-pensants classeront à l’extrême gauche) où sont les valeurs de leur passé, mais cela demande une confirmation.

Par ailleurs, j’ai bien peur pour l’avenir du Parti communiste qui ayant du mal à cerner véritablement la disparition de la classe ouvrière et qui aurait dû sentir que les prémices d’une montée d’opposition à ultralibéralisme venait d’ailleurs, du plus profond du peuple et ceci en dehors des partis politiques traditionnels.

On peut déjà poser une réflexion, en effet, je pense que l’on peut faire un distinguo entre le monde ouvrier et la classe ouvrière telle qu’elle était encore au début des années 70. Avec la disparition des grands centres industriels et miniers, ceux du textile, les chantiers navals, etc., l’éclatement d’une certaine classe ouvrière bien structurée est indéniable. Mais, si le monde ouvrier dans sa capacité a augmenté, il est beaucoup plus difficile de fédérer des exploités épars, comme des employés de petites unités de restauration, des ouvriers de moyennes entreprises du bâtiment, voire des employés de banque disséminés au gré des agences, persuader et faire comprendre à une opératrice de saisie d’une mutuelle, par exemple, qu’elle fait partie de la classe ouvrière, donc cette diversité est un frein à une cohésion revendicatrice. Pour ne rien arranger, comme on sent de plus en plus l’abandon d’une véritable culture politique au profit d’une sorte de média-show articulé autour du concept de la pensée unique, on assiste à des effets revendicatifs sporadiques, souvent de castes, qui sans une réflexion idéologique ne resteront que du coup par coup et ne permettront que peu d’avancées sociales profondes.

Certes, dans l’état actuelle des choses, l’urgence de se regrouper, de définir une stratégie de combat pour mettre fin à l’hégémonie du capitalisme est nécessaire, mais néanmoins doit rester que de circonstance. En effet, il serait dangereux pour la diversité de la gauche qu’elle perde ses particularismes de pensée, ceux qui se veulent de Marx, ceux qui préfèrent Trotsky, Jaurès, Fourrier, etc., car on pourrait se retrouver dans le même cas de figure que le Parti socialiste qui à force de motions et de consensus a fini par sombrer dans l’uniformité de la pensée unique pour devenir une sorte d’assistance sociale du capitalisme...

Non, unissons-nous le temps de la lutte, mais gardons des formes de pensées différentes afin d’avoir toujours à l’esprit beaucoup d’ouverture permettant de mieux appréhender l’avenir.

Donc rien n’empêche ce que l’on doit remettre au goût du jour, le débat idéologique, et alors pourquoi ne pas rouvrir les ouvrages de Marx, Trotsky, Marcusse, Proudhon, etc. et tenter de faire sortir de ces réflexions philosophiques un enseignement pour notre société moderne.

Pour cela, il faut créer une dynamique intellectuelle pour combattre ce qui à mon avis est le plus grand risque, celui de la pensée unique !

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16 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 22 octobre 2008 13:49

    ll est vrai qu’il y a eu mécanisation, mais c’est fini depuis 20 ans. Les ouvriers n’ont pas disparu. Ils sont esclaves dans des provinces lointaines et ne sont pas payés. C’est plus simple. On peut réfléchir sur la lutte des classes mondialisée, mais en est-il encore temps ? Cette organisation n’est-elle pas en train d’exploser ?


    • ARFF 23 octobre 2008 11:58

      "ll est vrai qu’il y a eu mécanisation, mais c’est fini depuis 20 ans. Les ouvriers n’ont pas disparu. Ils sont esclaves dans des provinces lointaines et ne sont pas payés"

      bien dit , bien redit et à repeter mille fois !!!!

      quand je dis ça on me traite de pourri :) alors ça fait du bien de le lire chez vous :) !!!!!

      bon il est vrai que de mon coté je rajoute , en guise de provocation, que ce sont NOS esclaves . mais est ce vraiment de la provoc ?


    • Mr Mimose Mr Mimose 22 octobre 2008 14:02

      Monsieur l’ancien dirigeant de société, vous votez pour qui ?


      • maxim maxim 22 octobre 2008 14:14

        lorsque je parcours votre article ,je me demande si vous avez vous même été ouvrier .......

        vous avez partiellement raison ,très partiellement ,les ouvriers qui votaient à gauche ,c’était soit des gens peu qualifiés genre OS ,ou bien ceux des grands groupes infiltrés par la CGT .....

        j’ai travaillé une bonne partie de ma vie dans le BTP ,et il n’y a pas d’emprise communiste ,ni chez les ouvriers même non qualifiés comme les manoeuvres ,et encore moins voire pas du tout chez les compagnons ......

        croyez vous que l’ouvrier lit Marx ?ou Proudhon ? la plupart du temps ,il ne sait pas qui c’est ,et il s’en fout royalement .....

        l’ouvrier ,le vrai c’est celui qui a appris un métier ,heureux de le faire ,satisfait de voir ce qu’il a fait de ses mains à la fin de son ouvrage ,la politique il s’en fout ....

        tout le monde n’a pas la mentalité de chez Renault ou des grands groupes ,là où si on n’a pas sa carte CGT ,on ne bosse pas ,le vrai ouvrier n’accepte pas ce genre de chantage ,de prise en otage ,heureusement que le PC se dilue dans le temps ....

        quand à l’extrême gauche ,c’est le rassemblement de tous les flemmards qui s’imaginent qu’un jour ,on piquera le fric des riches pour le refiler aux pauvres ,le truc complètement débile !.....


        • Gilles Gilles 22 octobre 2008 16:31

          "Maintenant qu’il y a moins de travail, et plus diversifiés, les liens sociaux qui auraient pu se créer n’existent plus. Le voisin est le concurrent.
          C’est en partie à travers toutes ces thématiques nouvelles que Le Pen va piocher, ainsi que les néo-populistes de la droite, afin de récupérer des électeurs déstabilisés
          "

          Justement vous auriez pu parler du recours à l’Intérim et autres contrats précaires, voir même de l’apprentissage, des raisons de l’explosion de ces secteurs, des conséquences sur la culture ouvrière et sa conscience de classe.

          On pourrait aussi aborder les points des qualifications, savoir faire et savoir être et l’individualisation des négociations entre patrons et employés (salaire, embauche...)

          Un sociologue, entendu voici un an sur France Culture et qui analysait le vote à la présidentielle, notait que dans les entreprises de bonne taille, la moitié des ouvriers, ceux en CDI, possédait une forte conscience de classe ouvrière, mais que l’autre moitié, les précaires, eux ne se considéraient pas comme ouvriers, et méprisaient même le terme. Les premiers votaient à gauche en majorité alors que les seconds pour LePen a plus de 50% en jugeant les avantages des ouvriers en CDI induent car eux n’en avait aucun, étaient moins payés et en chiaient.

          D’où victoire de ce patronat qui en brisant la culture ouvrière dans son entreprise, un, gagne sur le coût du travail et deux, affaiblit les syndicats en externalisant la main d’oeuvre et décrédibilise les revendications ouvrières en divisant ceux qui pourtant font le même boulot, ensembles. Cerise sur le gâteau, ceux qui en pâtissent le plus votent pour ceux qui se réclament de ce système.....et le feront perdurer.


          • Peretz Peretz 22 octobre 2008 18:40

            Pas mal vu, mais analyse qui ne tient pas suffisamment compte de l’influence des groupes de pression financiers sur le politique qui sous prétextre de modernisme a laissé les groupes industriels diviser leur production en sous-traitants et autres filiales. Plus de grandes grèves. Un boulevard devant eux !.


            • anny paule 22 octobre 2008 18:52

              Les changements de terminologie ne sont jamais neutres. Ceux qui mettent au goût du jour une appellation plutôt qu’une autre sont généralement ceux qui sont aux commandes et ils ont toujours une arrière pensée. (cf. l’ouvrage qui date un peu, certes, mais qui reste d’actualité, de Luc Boltanski sur les Cadres).
              La conscience de classe, quand elle a existé, (du moins pour la classe ouvrière) se fondait sur des principes de solidarité, sur l’esprit qu’Orwell désigne par "common decency". Le monde qu’il nous est donné de vivre depuis la fin des années 50 (je ne situe pas en 68 la "mort" de "la classe ouvrière", mais dès 58, avec la prolongation de la scolarité obligatoire, et la volonté politique de faire surgir des hommes nouveaux... cela mériterait de longs développements !) est celui où la sphère privée a pris le pas sur la sphère publique, et où les solidarités liées à la reconnaissance des autres comme des pairs se sont effacées au profit des lois de la jungle. L’autre est devenu le concurrent qu’il convient de dépasser, voire d’éliminer...
              La crise que nous vivons aujourd’hui n’aurait pas été possible il y a soixante ans. Elle l’est maintenant parce que le chacun pour soi a empêché les citoyens de considérer l’intérêt général comme intérêt premier.
              Je voudrais bien que vous ayez raison de penser qu’une gauche unie et diverse est possible... mais je crains fort que ce qui reste des appareils nuise à sa création... La société a tout corrompu, chacun tire la couverture à soi, y compris dans les partis de gauche... Si quelque chose doit voir le jour, ce sera par la base, avec les institutions (PC, aile gauche du PS, LCR...) peut-être, mais pas à leur remorque. 

              Il faudrait une grande prise de conscience ! mais les médias aux ordres veillent à endormir les braves gens... Souhaitons qu’ils se réveillent avant qu’il ne soit trop tard ! 


              • Marc Bruxman 22 octobre 2008 19:28

                Le monde "ouvrier" n’existe plus car en occident il n’y a quasiment plus de gens qui effectuent le métier "d’ouvrier" tel qu’on le présente dans l’imaginaire collectif. 

                Il n’y a plus de mineurs en France, très peu de travail à la chaine et celui qui reste est moins pénible. A partir de la il n’est pas étonnant que TOUT ait changé. 

                Les boulots "non souhaités" se sont diversifiés, je pense aux employés des centres d’appels. Pire et la je rejoins votre thèse, certains se retrouvent soit disant cadres mais avec en fait aucune responsabilité et pas le salaire qui va avec. Mais les apparences sont sauves, on vient au taf en costard, on a un bureau, un téléphone. Je pense a beaucoup de gens payés pour faire de la qualification sur les fichiers commerciaux. (Ceux qui connaissent le boulot savent que la réalité n’est pas glorieuse). 

                Souvent les apparences sociales sont d’ailleurs plus importantes que le reste. On voit ainsi pas mal d’étudiants en début de carriére préférer le job le plus valorisant socialement plutot que le job le mieux payé ou offrant les meilleurs perspectives. 

                Et puis il ne faut pas oublier l’évolution des conditions de vie. Etre ouvrier dans les années 50 cela voulait dire vivre dans des conditions réelement difficiles avec parfois pas de sanitaires dans l’appartement, des difficultés a se payer une TV. Ceci est à mettre en regard avec la situation actuelle :

                • Ou les travailleurs ont la plupart du temps accès au minimum "vital". La dessus les importations à bas cout venues de chine ont aidées de même que la démocratisation de l’accès au crédit. C’est à dire que paradoxalement les ennemis de la classe ouvriére sur le long terme sont des amis sur le court terme. 
                • Mais le gros du malaise reste et il n’est pas matériel. C’est l’impression de ne pas avoir le controle de sa propre vie. Quelque soit la réforme sociale, cela ne changera pas. Les sociétés hautement décentralisées existent certe grâce à Internet (je pense au développement de Linux) mais cela nécéssite un niveau minimal de chaque participant. Niveau que toute la population ne sera pas capable d’atteindre. 
                Dans le cadre de ce malaise on notera également la crise du sens. Autrefois les travailleurs avaient l’impression de faire un boulot utile pour la société. Comme il y avait de la rareté, l’employé qui fabriquait des téléviseurs avait l’impression de faire un boulot unique qui bénéficierait peut être à son voisin qui achéterait la dite télé. Avec l’arrivée de l’abondance, cette télé n’est plus un bien rare et l’impression est que de plus en plus, on bosse pour le profit des actionnaires. En soit rien n’a changé tout est dans la perception.



                • Marc Bruxman 22 octobre 2008 21:58

                  Euh, faudrait voir à ne pas raconter n’importe quoi SVP....

                  • Les "ouvriers" constituent (encore, serais-je tenté de dire), en nombre, la deuxième PCS, juste derrière et presque à égalité avec les "employés".

                  Dont une grosse partie bossent dans le batiment (pas vraiment comparable culturellement avec les ouvriers de l’industrie) et une autre partie (beaucoup plus faible) dans le monde agricole, culturellement non comparable. 

                  Mais le monde ouvrier de l’imaginaire collectif il n’en reste plus tant que cela. Sans compter que beaucoup de boulots d’ouvriers consistent maintenant plus à utiliser sa force mais à surveiller une machine automatique. 

                  • Ensuite 3 %, de salariés travaillent à la chaîne, ce qui semble peu, mais quand on creuse, on en trouve 13 % chez les intérimaires et les salariés en CDD, et jusqu’au tiers chez les ouvriers non qualifiés et on a 18 % d’ ouvriers qui déclarent travailler en équipes alternantes.

                  3% c’est très peu par rapport au total. Après on peut toujours cibler l’échantillon pour avoir un pourcentage plus grand. D’ailleurs je vous le dit, 100% des travailleurs à la chaine travaillent à la chaine. 

                  C’est un lieu commun de prétendre à une disparition des ouvriers en France et du travail à la chaîne, non seulement il est en augmetation depuis les années 80, mais certains de ses principes arrivent à être appliqués à des employés (par exemple le ménage dans les hôtels de type Formule 1).

                  Avez vous des chiffres pour l’augmentation du travail "à la chaine" en France depuis les années 80 ? Je suis preneur !

                  Par contre je suis tout à fait d’accord pour dire que les conditions de travail de nombre d’employés du tertiaire ne sont pas forcément plus glorieuse. Mais c’est différent de ce que l’on appelle "la classe ouvriére". Et beaucoup ne se reconnaitront d’ailleurs pas dedans. Le modéle de "lutte ouvriére" traditionelle n’est pas transposable au livreur de pizza (boulot peu enviable mais différent). 

                  Le "monde ouvrier"a juste été pas mal délocalisé en Chine, au japon,en Corée, à Taïwan, en Turquie, en Tunisie,


                  Oui. 

                  mais il est loin d’avoir disparu en France, faut sortir un peu... Allez faire un tour en baie de Somme par exemple...


                  Ben en général quand je sors de Paris, oui je vois beaucoup de vieilles usines en Friche. La plaine de France (Saint Denis, Auber) en est un bon exemple.

                  Si le monde ouvrier à papa existe encore, il est en train de devenir invisible ce qui n’est pas bon pour la conscience de classe. 

                • Frabri 22 octobre 2008 20:24

                  Le prolétariat a été remplacé par le "précariat". Il n’est pas encore trés développé mais avec la crise et la recession il devrait de développer davantage. Pour le moment il n’est pas politisé mais il est politisable avec un nouveau projet politique, un nouveau projet de société pour résoudre la crise sociale qui s’annonce.


                  • maxim maxim 23 octobre 2008 00:47

                    il me semble que vous oubliez l’artisanat ....

                    chez nous ,il y encore des mécanos ,des électriciens ,des maçons ,des peintres ,des plombiers ,des carrossiers ,des ébénistes ,des charpentiers,des couvreurs ...

                    je ne vais pas faire toute la liste des métiers manuels ,mais des ouvriers ,et des bons il y en a toujours !

                    tant qu’il y aura de la maintenance ,il y aura les ouvriers pour réparer ..

                    par contre ,la grande production ,par exemple automobile ,va foutre le camp complètement de chez nous ...

                    vous fournissez les machines ,les chaînes de montage ,les plans et le cahier des charges dans un pays à bas salaire ,les ouvriers de ces pays produisent pour un salaire de cent €uros par mois ,ça revient encore moins cher à faire revenir les bagnoles finies par porte containers ou par transport spécial ,que de les faire fabriquer chez nous ,pour l’instant ce sont les modèles populaires d’entrée de gamme ,les merdes genre Modus ou Dacia .....mais bientôt même les modèles hauts de gamme verront le jour en dehors de chez nous !....

                    mais il ya aura les mécanos chez nous pour le SAV et l’entretien !


                    • foufouille foufouille 23 octobre 2008 01:02

                      la plupart des objets ne sont plus reparabble


                    • appoline appoline 23 octobre 2008 12:52

                      Voilà une photo qui en dit long : mais que pense l’individu sur la passerelle, l’individu qui a tous ces ouvriers entre les mains. Les respecte t-il ou éprouve t-il une intense jouissance en se disant que tout ça est à lui ? L’ouvrier n’est pas dangereux tant qu’il ne pense pas. Pourrait-il un jour se lasser de sa condition, n’avoir pour objecctif qu’une vie de labeur et l’amère certitude qu’on se fout de sa gueule en jouant avec le peu de pognon qu’il peut placer, quand il le peut. Quand la colère s’éveillera, le monde tremblera.


                      • kakadou n’diaye 23 octobre 2008 13:42

                        le thème est intéressant et important ....le résultat de vos reflexions et recherche, je regrette de le dire, encore à ses tout débuts.
                        De niombreux historiens et sociologues se sont penchés sur cette question du devenir de la classe ouvrière. Gorz avec "la fin du prolétariat" en donne une vision personnelle et forte . Il donne aussi une biblio sinon exlusive du moins necessaire. Bon courage. 


                        • Gilles Gilles 23 octobre 2008 16:01

                          Bizarre

                          Enfin un article qui même s’il était à mon avis trop partiel, levait une problématique digne de discussions poussées.

                          Un seul jour en Une, alors que l’affaire DSK, le Loto...ça reste jusqu’à une semaine.....et génère moult commentaires

                          Je dois être un intello dans cette communauté ma parole


                          • Proudhon Proudhon 25 octobre 2008 15:11

                            @l’auteur

                            Un très grand bravo à l’auteur pour ce texte qui résume avec vérité la disparition d’un certain monde ouvrier. Celui de nos parents où existait encore la solidarité, la fierté du travail accomplit, la culture politique. J’ai connu la fin de ce monde (1974) et la naissance du nouveau "ultra-hommo-economicus". Le libéralisme et ensuite l’ultra-libéralisme. La destruction de pans entiers de l’industrie au détriment de l’homme.

                            Et oui, on peut constater avec amertume que si l’ouvrier et l’employé existe toujours. Plus de 5 millions, sous-payés et exploités plus encore aujourd’hui qu’hier. Le monde ouvrier lui, a disparu.

                            Je suis étonné et heureux que l’auteur de ce texte soit un ancien gérant de société. Celà me donne du baume au coeur et atténue ma haine grandissante envers les notables, de savoir qu’un ancien "patron" a étudié et compris ce phénomène.

                            Bravo !

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