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Commentaire de Rage

sur Le faux procès fait aux Grandes Ecoles


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Rage Rage 25 octobre 2008 19:32

Bonjour,

Je ne partage pas le point de vu du rédacteur.
Les Grandes Ecoles constituent la phase finale d’un long processus de sélection par la "note" entamé dès le primaire. Le problème de ce système est, qu’avec le temps, il évince méthodiquement tout ce qui ne colle pas au "moule". 

La conséquence étant, qu’à la course à la note, on évince ceux qui n’adhère pas au système scolaire. Ainsi des excellents manuels ou même des esprits entrepreneurs se retrouvent à ramer dans les sacros saintes maths et autres matières linéaires qui, finalement, n’ont plus tant de sens à l’heure d’une société de l’économie, du droit, de la technique et de la débrouille.

Les Grandes Ecoles sont essentiellement accessibles via "Prépas", classes qui, après le Bac, écrème pendant 2 années non seulement ceux qui auraient pu résister mais également ceux qui n’auront plus les moyens de suivre financièrement. Comment ? En ajoutant au parcours du combattant, de nouvelles haies, de nouveaux virages qui font que la part de talents issus de milieu modeste tend à se réduite à peau de chagrin. 

Ce mécanisme est utilisé exactement avec la même inéluctabilité dans les filières élitistes où la sélection s’opère à la Fac, en droit, en médecine, en IAE ou même en IUT à moindre mesure. La sélection est un mal nécessaire, faut-il encore que les critères ne soient pas eux mêmes déjà "viciés".
Le problème des Grandes Ecoles, c’est d’opérer la double séleciton à l’usure par "la forge au moule" et par l’argent. Se payer des études à + de 7000€/an c’est un investissement que peu peuvent se payer, et peu oseront tenter de parier sur l’avenir. 

Quand bien même certains tenteraient, l’investissement est tel qu’il devient prise de risque, qu’il devient "couperet" là où certains peuvent se permettre de "redoubler", de partir en stage non rémunéré voire même de bifurquer.

Le système des Grandes Ecoles obtient des résultats parce que l’on y injecte de l’argent et que l’on y laisse rentrer qu’une minorité qui a déjà été préselectionné par le temps.

A l’inverse, l’Université ouvre ses portes sans sélection, laissant une sélection s’opérer sous forme de mur lors de l’accès à l’emploi : là où les premiers pourront mettre en avant leur diplôme en sésame, d’autre seront irrémédiablement mis sur la touche pour avoir trop longtemps navigué dans des diplômes sans avenir.

La force des universités ? La démerde ! Mais pour les recruteurs, c’est quitte ou double : soit le recruté est un talent, soit c’est un boulet.
La force des Grandes Ecoles ? Les moyens ! Pour les recruteurs, c’est un gage de niveau moyen, une absence de prise de risque, donc un critère déterminant lors d’un choix.

Ce choix, aujourd’hui fait que les résultats des Grandes Ecoles sont bons, parce qu’en France cela rassure sur "titre", même si le diplômé est un gros connard qui a sû acheter ses diplômes. Il y a donc des résultats, mais aussi un formatage de la pensée qui amène toute la caste de ces diplômés à ne voir les choses que sous le même prisme moutonnier.

Un universitaire a pour lui la capacité à toujours remettre en cause les systèmes là où les diplômés des grandes écoles y sont limités. Mais le parcours de l’universitaire est jalonné des pièges, surtout en France, et à niveau d’étude égal, un universitaire sera toujours mis en 2nd rang.

Voilà pourquoi nombreux sont ceux qui critiquent les grandes écoles, même si leurs résultats démontrent que quand on met les moyens et une sélection, il y a des résultats. Mais cela ne peut avoir de sens qui si les dés ne sont pas pipés à la naissance, et ça, aujourd’hui, ce n’est pas le cas.

Les Grandes Ecoles ont leur place au sein de Grandes Universités sous forme de filières d’excellence avec une sélection sur le fond, un accès au coût limité, et une véritable capacité à sortir du moule dans lequel elles conduisent aujourd’hui.


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