Certains commentaires relèvent plus de l’idéologie protestataire et n’apportent pas grand chose au débat tant les prises de position y sont caricaturales et révélatrices d’une non connaissance du sujet.
Je pense qu’en toile de fond du sujet, se dressent deux interrogations majeures : "faut-il des filières sélectives ?" et "les filières sélectives laissent-elles une chance à tous ?". Et répondre à ces deux questions par "il faut dynamiter les grandes écoles" est un non sens.
Des filières sélectives existent en dehors des Grandes Ecoles : IUT, BTS, Médecine, Ecoles d’Avocat, IUFM, CAPES, Agrégation, et bien d’autres. Et si on accuse les Grandes Ecoles de reproduire des schémas (ce qui n’est pas totalement faux, mais il faut tenir compte de la diversité individuelle des diplômés qui ont tout de même leur libre arbitre), que dire des facs de Médecine, des facs de Droit, des IUFM ? Point de reproduction des élites et des modus operandi dans ces filières ? Allons, allons !
Faut-il des filières sélectives ? Sans conteste, oui. Certaines professions ne peuvent "absorber" qu’un nombre limité de diplômés par an. Et faute de numerus clausus, on voit certaines professions se paupériser, comme celle d’avocat dans les grandes villes, ou bien on voit des Master 2 en Sociologie ou en Géographie faire caissiers à Auchan ou opérateurs chez Téléperformance.
Le drame étant qu’à côté de certaines filières qui diplôment trop de jeunes, certaines sont en tension, c’est-à-dire que la demande des entreprises y est supérieure à "l’offre" des écoles, comme dans les métiers du bâtiment, de la chaudronnerie, des matériaux composites, des services à la personne, etc.
Les filières sélectives sont-elles ouvertes à tous ? Malheureusement non, mais là encore, les Grandes Ecoles ne sont pas à stigmatiser plus que les autres. Combien de fils d’ouvriers à l’Agrégation ? Combien de fils d’immigrés en Doctorat ?
Je voulais souligner dans cet article le fait que malheureusement, le processus discriminatoire est en marche dès l’école primaire. Accuser le sommet de la pyramide (les Grandes Ecoles ou les filières sélectives) de tous les mots des étages intermédiaires est injuste.
Pour tenter de remédier à ces inégalités, trois pistes que j’ai, à des degrés divers, expérimentées :
- mettre en place un véritable accompagnement des jeunes dès le primaire afin que ceux qui n’ont pas lachance d’avoir des parents "qui suivent" puissent être "boostés" par des mentors ou des grands frères ;
- donner plus d’opportunités à ces jeunes de se frotter à la culture classique et contemporaine, afin de solliciter leur curiosité, de leur ouvrir de nouveaux horizons et de les doter d’un bagage que l’école, seule, ne peut leur donner ;
- permettre à tous ces jeunes de bénéficier d’une information la plus complète possible sur les filières, les débouchés, les métiers, les carrières : il est vrai que parfois, les dispositifs existants (CIO) répercutent une information partielle, connotée, codée, qui écartent les jeunes de certaines filières accessibles.
Mais pour cela il faut des moyens, et les récentes mesures de Darcos (voir mon article publié dans Agoravox sur le sujet) vont dans le mauvais sens.
Et il faut aussi des structures intermédiaires qui acceptent de mettre la main à la pâte pour faire avancer ces chantiers. J’ai la chance de participer à deux d’entre elles, la Ligue de l’Enseignement et le Centre des Jeunes Dirigeants. La Ligue, par son engagement autour du système éducatif, permet de "compléter" les apports de l’école et des familles, à travers des activités culturelles, sportives, artistiques, etc. Le Centre des Jeunes Dirigeants mène quant à lui des expérimentations avec des établissements en ZEP pour accompagner des jeunes (j’ai participé à une action de ce type dans le quartier du Mirail à Toulouse).
De nombreuses initiatives sont également portées par les fameux élèves des Grandes Ecoles, tellement formatés et tellement irratrappables qu’ils consacrent tout de même du temps et de l’énergie pour aider ceux qui n’ont pas eu la même chance qu’eux. Et pour la plupart d’entre eux, ce n’est pas par compathie qu’ils agissent mais bien avec l’énergie de ceux qui croient qu’ils peuvent changer les choses !
Toutes ces gouttes d’eau peuvent faire avancer les choses, si les crispations idéologiques ne prennent pas le pas sur le pragmatisme et l’action de terrain, et si les politiques prennent conscience de l’urgence de la situation.
Et dernière réponse à certains propos caricaturaux : on peut faire une grande école en sortant d’un milieu ouvrier, même une grance école de commerce payante. Je suis de ceux-là, et j’en aide d’autres aujourd’hui à y parvenir. Mais nous sommes encore, c’est vrai, trop peu nombreux.
01/11 17:59 - Mycroft
@thirqual Mais le problème ne vient pas des classes prepa, à ce niveau, juste des systèmes (...)
01/11 16:22 - Mycroft
Bonjour Il est faux de dire que "les grandes écoles coutent chère à leurs élèves". (...)
29/10 13:14 - bof
Vous rigolez ? Dans quelles entreprises avez-vous mis les pieds pour écrire sans rire que (...)
27/10 14:50 - thirqual
J’ai passé mon bac en 2000 dans un lycée très pourri de ZEP. 5 personnes ont eu une (...)
27/10 14:37 - thirqual
La force des universitaires ? Le hasard, plutôt. Exemple choisi, ma copine à P7 : doublage (...)
27/10 12:49 - foufouille
le probleme est pas grande ecole ou pas mais que ceux qui en sortent ait tous acces a la haute (...)
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