Bonsoir le Péripate, bonsoir à tous
J’ai lu avec attention votre article, et je me réjouis que la pensée libérale trouve un écho sur Agoravox. C’est à travers la pluralité que chacun peut trouver son chemin.
Mais, de grâce, pouvez-vous laisser de côté les termes de « gauchistes » ou de « fascistes », ainsi que tous les mots à connotation péjorative, qui stigmatisent une importante partie des lecteurs ? On peut être du FN ou villiériste sans être « fasciste », et du PC ou de la LCR sans être « gauchiste ». Si des gens appartiennent à ces courants, c’est qu’ils répondent à des interrogations issues de leur expérience personnelle. Il faut les respecter.
Aux trois piliers de l’anti-libéralisme des Français, vous pourrez en ajouter deux autres :
Quatrième pilier : le gaullisme économique et social a assuré pendant de nombreuses années la singularité et le succès de la France (« ce pays communiste qui a réussi ») ; c’est-à-dire tant que ses dirigeants avaient l’amour de la France et refusaient de céder aux sirènes ou aux diktats des anglo-saxons. La troisième voie (entre le modèle soviétique et américain), tracée par la France de de Gaulle était une réalité, et le libéralisme n’était donc pas nécessaire pour assurer la prospérité de notre pays, la solidarité entre nos concitoyens. Le gaullisme y pourvoyait. Or ce gaullisme correspondait parfaitement à la mentalité et à la culture françaises. Les graves problèmes économiques et sociaux ont surgi lorsque nos dirigeants ont abdiqué, lorsqu’ils ont accepté de collaborer à des institutions internationales dominées par les américains. N’y voyez pas de l’anti-américanisme car j’aime les américains et respecte l’Amérique. Voyez plutôt un amour supérieur pour la France.
Cinquième pilier : le libéralisme vient de montrer ce que beaucoup devinaient : son échec. Vous pourrez certes prétendre que la crise actuelle vient d’un manque de libéralisme – et peut-être avez-vous raison -, mais alors reconnaissez aux communistes et aux marxistes l’échec des pays communistes parce que Marx n’a pas été appliqué à la lettre.
Ensuite, je reproche surtout au libéralisme de simplifier l’idée de liberté, qui est beaucoup plus compliquée que les libéraux laissent entendre. Pour se faire une idée de la liberté, il est impératif de lire les philosophes qui en parlent. Le mot « liberté », employé par les libéraux s’adresse à la passion (tout le monde veut être libre), pas à la raison (jouir de la liberté est-elle une condition suffisante à la liberté). Sémantiquement, le libéralisme est plus proche de la franchise (franc de = ne pas payer, ne pas partager, être indépendant) que de la liberté.
Enfin, le capitalisme est sans aucun doute le système économique qui a permis au plus grand nombre d’améliorer sa condition. Il est donc le moins mauvais. Mais il a aussi ses nombreuses limites. Les inégalités auxquelles mène le capitalisme sont intolérables. On ne doit jamais se satisfaire qu’un homme puisse ne pas manger à sa faim, ne pas avoir de toit, ne pas être intégré (…), quand il y a assez de richesse pour éviter cela. On a le devoir d’être ému et scandalisé par la situation d’un nombre croissant de personnes qui payent les erreurs d’un système. On ne peut accepter, dans un pays riche, que des 4x4 rutilants croisent des gens qui plantent des tentes au bord de la Seine. On a le devoir d’interpeller toutes les autorités, parce que la propriété privée privatise la propriété publique et exclut une grande partie des gens.
Le capitalisme doit donc être limité, et empêcher que des individus puissent gagner des milliards et exercer ainsi une emprise sur le plus grand nombre digne des seigneurs du bas Moyen-Age ; ceux-là même qui ont conquis par la force les terres des paysans, comme les grandes fortunes d’aujourd’hui ont conquis leur pouvoir par les stratagèmes les plus inavouables.
Que l’on accorde la plus grande liberté aux gens pour s’associer, entreprendre, créer (…) selon des règles qu’ils vont déterminer entre eux : je suis d’accord. Pour que l’Etat soit réduit à sa plus stricte expression : je suis aussi d’accord. Parce qu’un Etat dirigé par quelqu’un qui n’a pas le sens du bien commun (c’est-à-dire la quasi-totalité des dirigeants) est un instrument d’oppression inadmissible.
Je suis donc pour le libéralisme. Mais à la condition que la puissance et la fortune individuelles soient limités. A la condition que les gens soient informés très clairement lorsqu’ils contractent (le consentement est rarement libre et éclairé), que les manœuvres dolosives soient très sévèrement punies, bref, que les échanges de biens et de services se fassent dans un cadre vertueux. Parce qu’on ne peut pas affirmer que le paysan tchadien ou gabonais était libre de vendre ou de ne pas vendre ses terres gorgées de pétrole à une compagnie pétrolière lorsque cette dernière a œuvré dans le premier sens : des informations non données, des pressions effectuées, etc.
Lorsque ceux qui ont la capacité à agir s’emparent du mot liberté, c’est souvent dans le sens du Pari de Pascal.
Bonne soirée à toute la communauté, des « fascistes » aux « gauchistes ».
19/06 22:24 - Le Grunge
je trouve ca bizarre de mettre forcement en relation les libertés individuelles qui concerne (...)
01/07 01:03 - Catherine
Passons sur l’affirmation qui n’est pas démontrée que les nouveaux emplois sont (...)
01/07 01:00 - Catherine
L’Etat à l’origine de tous nos maux ? Pensée binaire, typiquement libertarienne, (...)
01/04 14:00 - zelectron
02/11 14:09 - JL
Le libéralisme par l’exemple, encore un témoignage, ces deux vidéos très courtes (...)
02/11 12:24 - JL
Je veux dire : SA réponse est prévisible, il dirait : "si l’Etat n’est pas (...)
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