Ce n’est ni un gauchiste ni un écervelé qui le propose
Un extrait :
"....une solution s’impose à un nombre croissant d’économistes : la prise de contrôle par l’Etat du secteur bancaire dans son ensemble ou du moins des principales banques afin de les amener à s’entre-prêter et à prêter aux particuliers et aux entreprises. Ce dernier point est essentiel car il faut à tout prix bloquer la contagion (rapide) à l’économie réelle. Il ne sera pas nécessaire de faire pression sur les banques pour qu’elles se prêtent puisque, à l’instant de la nationalisation, chacune prêtera à toutes, sachant que les autres font confiance à chacune. L’Etat pourra lui-même contrôler la situation réelle de ses banques et ouvrir les prêts aux besoins de financement des acteurs économiques. Et il faut aller vite car demain, comme lors des grandes crises précédentes, c’est l’économie réelle effondrée qui asséchera les demandes de crédit ! Naturellement, il serait souhaitable que cette nationalisation s’étende rapidement aux pays affectés par la crise. La France, qui a pratiqué ce système il n’y a pas si longtemps, et où il n’a pas si mal fonctionné (à l’aune de ce qui se passe aujourd’hui), devrait montrer l’exemple, mais l’urgence et le pragmatisme pourraient donner à nouveau à l’Angleterre le rôle de premier de cordée.
Les modalités de cette nationalisation peuvent différer. L’objectif n’est pas de fonctionnariser les banques mais d’en prendre le contrôle (la majorité du capital ou seulement une minorité de contrôle). Le coût pour les finances publiques correspond à un investissement rentable. Enfin, l’opinion publique n’aura pas l’impression funeste que l’on sauve sans compter les financiers coupables. Cette appropriation publique sera temporaire ; les banques seront privatisées ultérieurement, sans d’ailleurs qu’il soit nécessaire de se presser (il faudra attendre un rééquilibrage en profondeur, et elles le seront au cas par cas). Et les contribuables auront réalisé une bonne opération.
Lors de la crise des années 1990, le Japon a dû finalement se résoudre à la nationalisation du système bancaire, mais au cas par cas, perdant l’avantage principal d’une opération globale (d’où la durée de la crise). La Suède, face à une crise financière majeure, a préféré un "big bang" et s’en est mieux sortie. Dans cette guerre à la crise, ne laissons pas l’idéologie nous aveugler. Les gouvernements ne doivent pas se contenter de réagir avec, toujours, un temps de retard sur la crise, ils doivent prendre l’initiative avec audace."