Plan de crise financière : les copains d’abord...
La commission de Bruxelles a ainsi refusé, de toutes ses forces, par pure idéologie, les véritables solutions à mettre en œuvre. Cette complaisance à l’égard du système est avant tout une faute économique car, comme l’a dit très bien Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, « une transfusion sanguine ne sert à rien si on ne guérit pas l’hémorragie interne »...
Plus grave encore, les dirigeants européens prennent les citoyens pour des imbéciles. Comment peuvent-ils décemment nous expliquer que leur plan d’action ne coûtera rien aux contribuables ? Et comment osent-ils refuser tout plan de relance pour l’économie réelle ?
En vérité, ils sont capables d’investir des dizaines de milliards d’euros pour sauver le système bancaire sans vraiment le réformer, mais rechignent toujours autant à dégager un milliard pour la protection de l’environnement, la santé ou l’industrie. Leur raisonnement est insoutenable.
Car les banques ont fait courir un danger mortel à l’économie mondiale et, loin d’être sanctionnées, l’Etat vient à leur secours et leur rachète (d’une façon ou d’une autre) leurs « créances pourries ».
Comment croire, dans ces conditions, qu’elles ne recommenceront pas ? L’épisode de la perte de 600 millions d’euros par la Caisse d’épargne dans une opération spéculative, alors même que les projecteurs étaient braqués sur les banques, devrait faire réfléchir, même les plus obtus des libéraux.
Les banques n’ont rien changé à leurs pratiques spéculatives et quelles que soient les réglementations qui pourraient sortir d’un « Bretton Woods » de la finance, elles feront tout pour les contourner et continuer leur quête du profit maximum.
La seule justification au plan de refinancement des banques, c’est leur nationalisation intégrale. L’argument, utilisé par Susan George, membre du Conseil scientifique d’Attac France, est imparable : puisque les banques sont « trop grandes pour faire faillite », elles sont aussi trop grandes pour faire partie du secteur privé ! Il n’est pas possible, en effet, de laisser aux mains du secteur privé, dont le seul objectif est la recherche du profit maximum, une arme aussi dangereuse pour l’ensemble de l’économie.
Nicolas Sarkozy, président de la République et président de l’UE, dit tout et fait le contraire de tout, dans l’indifférence générale. Et la majorité présidentielle UMP et Nouveau Centre entonnent les ritournelles changeantes de l’Elysée.
Le PS, quant à lui, à court d’idées une nouvelle fois, reste confit dans ses querelles internes en vue de son prochain congrès et n’a rien trouvé de mieux que l’abstention à l’Assemblée nationale (François Hollande ayant même envisagé un moment de voter pour le plan Sarkozy, on croit rêver…)
Seuls deux députés PS, Marc Dolez et Patrick Roy, tous deux élus du Nord, Christiane Taubira, députée PRG de Guyane et les députés PCF ont voté contre le plan de soutien aux banques.
Comment éviter le retour de la crise financière ? Comment éviter de nous retrouver, demain ou après-demain, dans la même situation qu’aujourd’hui ?
Invité par les signataires de la motion de la gauche du PS "Un monde d’avance" qui sera présentée par Benoît Hamon au prochain congrès de Reims, Frédéric Lordon décortique la crise financière actuelle et propose quelques mesures radicales pour remettre l’économie sur pied.
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