Je vois moins de différences que vous entre le journalisme professionnel et le journalisme citoyen, mais j’en vois une grande que vous ne faites qu’évoquer en faisant référence à « arrêt sur image ».
Les journalistes professionnels savent se mettre à la portée de leurs lecteurs, on les considère comme bons lorsqu’ils sont pédagogiques (on est content de les comprendre, donc de se sentir intelligent) et ils savent dire les choses en peu de mots.
Les journalistes citoyens donnent souvent dans l’ennuyeuse tartine, vous avez été vous-même très long, avec des élisions pour le profane et sans pourtant faire le tour de la question. Ils viennent ici souvent pour défendre une cause, une initiative ou un homme, avec passion et force arguments. Au point que c’en est souvent chiant. Agoravox est plein de ces tartines, il est investi par de nombreux influenceurs. Du moins le croient-ils, mais cela renforce les convictions de leur clan.
Un journaliste professionnel est plus impartial, il fait un travail plus distancé, moins influencé par des contingences locales ou circonstancielles.
Le journaliste citoyen, lorsqu’il excelle, décode l’information, nous fait voir ce que la presse officielle n’a pas vu ou n’a pas dit. C’est un peu ce que faisait l’émission « arrêt sur image ».
Et nous voici dans la grande différence. Il n’y a pas beaucoup de journalistes professionnels qui ont le temps de traiter l’information de façon approfondie. Les pigistes sont nombreux et mal payés. Ils ne travaillent bien que lorsqu’ils prennent sur eux de consacrer davantage de temps à un article. Les journalistes les plus reconnus ont des sources d’information privilégiées. Ils peuvent téléphoner à un ministre. Ils peuvent en dire plus parce qu’ils savent ne pas en dire trop. Ils ont généralement l’information sur l’information qui permet d’interpréter et de s’élever au-dessus de la masse des informations qui nous submerge et anesthésie notre jugement. Ceux-ci n’iront jamais trop loin, ils donnent très peu de cette information sur l’information qui permettrait à un lecteur de se désintéresser d’un personnage de la nomenklatura. Il est en concurrence et il perdrait alors cet accès privilégie à une source au profit d’un concurrent mieux élevé. Le journaliste citoyen n’a pas besoin de prendre ces précautions. Nous aurons de lui le fin mot, le détail qui tue, l’information généralement tue.
Que ce soit par les uns ou les autres, l’information est toujours traitée, l’information brute, même de première main, que vous évoquez comme auréolée d’un plus, a besoin d’un commentaire, au minimum pour situer le contexte, et ce faisant, on l’interprète avant de la livrer. Ce travail peut être fait avec beaucoup de précautions et de respect, mais il est toujours nécessaire.