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Commentaire de Sygne

sur Dépression : maladie ou « malaise dans la civilisation » de l'homme moderne ?


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Sygne Sygne 31 octobre 2008 18:48

Merci à toi pour cette analyse, GRL.

Ton intervention m’interpelle par l’angle de vue original qu’elle développe et les questions qu’elle soulève, je n’avais pas vu les choses de cette façon. Ce que tu dis en gros, c’est qu’hier l’ennemi était plus clair, on savait contre quoi et qui se battre, et qu’il y a aujourd’hui non seulement illisibilité de l’"ennemi", mais confiscation, récupération de l’objet de révolte au profit des intérêts de l’ennemi lui-même : un "Système" sans visage. C’est très vrai. Le pouvoir religieux, puisque tu en parles, s’employait alors à convertir ou punir ses opposants par la manière forte, les luttes étaient frontales. Il est clair aujourd’hui que la manière "douce" (manipulation, désinformation, marketing des affects via les croisades publicitaires, pilules du bonheur...) suffit la plupart du temps à "convertir" et endormir les révoltes, et que l’idéologie capitaliste dominante excelle dans l’art de récupérer sa critique, qu’elle soit sociale ou artiste (sais-tu que l’on vend aujourd’hui aux enfants des livres "d’anti-coloriage" qui leur "apprennent", sans rire, à dépasser en coloriant, à investir les marges ?... A quand le manuel du chômeur ? Le guide de l’endetté entêté). La révolte est d’ailleurs à ce point récupérée qu’elle s’est muée peu à peu en concept "pour la forme", des formes qui contredisent et discréditent la radicalité du message de fond, tant l’ambiance des manifs est festive parfois : ainsi les intermittents du spectacle "en colère" (?) dansent et chantent dans la rue, en musique et en costumes, l’heure est grave mais c’est la kermesse, on semble bien s’amuser dans la précarité... qui peut prendre au sérieux l’urgence de leurs revendications, la mesure réelle de la gravité de leur sort ? Ce n’est qu’un exemple bien sûr, mais n’es-tu pas d’accord pour dire que même lorsque la révolte semble s’exprimer, et quand bien même les ennemis sont clairs et cernés (projets de lois, réformes, programmes, plans de restructuration économiques...), elle ne s’exprime somme toute que frileusement et poliment, dans un espace-temps bien reglementé. N’est-il pas temps de réinventer de nouveaux modes d’expression de nos révoltes ? Des moyens de se faire entendre plus radicaux, plus graves, moins frileux et moins soucieux de popularité, moins auto-complaisants aussi ... ?

J’ai bien conscience qu’on sort du sujet de la dépression là, mais ton commentaire a ouvert plein de pistes... qui pourraient faire chacune l’objet d’un article révolté sur agoravox !







 


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