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Commentaire de Luc DUSSART

sur Le tabac n'est pas la cigarette, la drogue n'est pas le stupéfiant


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Luc DUSSART Luc DUSSART 1er novembre 2008 05:18

Merci pour cette qualité rédactionnelle, peu courante sur AVox. Si la forme est agréable, les informations sont hautement intéressantes. Je veux parler de la comparaison cigare+narguilé avec la cigarette, de la différence d’expérience. Il semble donc qu’il puisse y avoir pour des fumeurs peu dépendants une possibilité de reprise de consommation de tabac raisonnée. Personnellement ancien fumeur, je ne m’y risquerais pas, mais il serait intéressant de connaître la proportion d’anciens addicts capables d’une consommation raisonnée (non quotidienne donc). Quelqu’un sait ?

Cela rejoint le billet de Azür publié ici en février 2007 :
Confessions d’un fumeur de tabac altermondialiste

On ne lit malheureusement pas grand chose sur la question, nos talibantitabacs étant trop préoccupés par leur agenda prohibitionniste. C’est une autre qualité de ce papier, même s’il serait hasardeux de généraliser à partir de un cas particulier. Avec Azür, cela fait déjà deux. Bientôt une foule ?

Ce qui est sûr historiquement, c’est que le tabac était arrivé à la cour de France pour soigner les migraines et autres soucis de notre bonne Reine : en Espagne c’était le ’medicament universel’ affirme Wikipedia... Et il est encore utilisé par des chamans d’amérique du sud, une amie (parisienne) ayant vu récemment encore un rituel où l’on souffle la fumée sur le malade. J’ai été bien surpris de l’apprendre et suis curieux d’en savoir plus.

Pour ce qui concerne la différence d’effet de la fumée de cigarette par rapport au cigare, cela peut être dû au processus de fermentation et de séchage. On sait aussi maintenant que plus que le fameux cow-boy de Marlboro, sans doute une des inventions publicitaires majeures du 20e siècle, c’est le traitement à l’amoniac du tabac, qui augmente la part de nicotine libre (non associée en sels) dans la fumée et donc la diffusion rapide dans les alvéoles pulmonaires, qui a fait la fortune de Philip Morris. Il y a aussi du tabac OGM, tellement puissant qu’il crée des troubles aux fumeurs : il faut le mélanger. Malheureusement, les secrets de fabrication des cigarettes sont encore mieux gardés que les sauces de Coca-Cola, qui le sont aussi bien que les secrets nucléaires. Ce qui est sûr, c’est que l’objectif de rendre les jeunes expérimentateurs dépendants après UNE seule cigarette est maintenant devenu une réalité. Une cigarette est un shoot dont l’empreinte reste marquée des années dans le cerveau : c’est Marc Valleur de Marmottan qui a étudié (et publié) cela.

C’est la raison pour laquelle je suis solidaire de Kamal Chaouachi, le spécialiste du narguilé (le terme chicha ayant été récupéré par les haltayollahs de l’OFT j’évite de l’utiliser). Le narguilé n’est pas diabolique, une consommation épicurienne est possible et ce témoignage le prouve encore. Et concernant le cigare, on pourrait recommander aux jeunes fumeurs de beu de préférer un bon cigare passé à la déchiqueteuse plutôt que le tabac traité vendu en tuyaux blancs : la dépendance au tabagisme ne viendrait plus en bonus de la consommation d’autres produits fumés dont la promotion est passible de sanctions pénales on va dire. Ce n’est pas fumer qui est un problème, c’est la nicotine qui est dedans, qui est au moins aussi puissante que le crack en terme d’accrochage (ce que nos édiles se gardent bien de révéler).

D’une façon générale ce billet montre l’étendue du fossé qui se creuse entre non seulement une pratique raisonnée du tabagisme et l’addiction à la clope mais aussi l’écart entre l’activisme des prohibiteurs rêvant d’un monde pur et sans pollution aucune et la réduction des risques pour les consommateurs. Ainsi B. Dautzenberg, président de l’oftigarchie, quasiment directeur délégué de la politique publique en matière de tabagisme (ou bras armé du ministère de la (santé) médecine), a fait courir le bruit - faux - qu’un narguilé équivalait en danger 100 (ou 200, pourquoi pas 1000 tant qu’on y est) cigarettes ! Si je pouvais fumer 100 cigarettes, il y a longtemps que je serais décédé de nicotinémie aigüe, d’attaque cardiaque, que sais-je. Bobards, bobards pour tout éradiquer, même le tabac non fumé. Cette politique de nigauds ne peut réussir, comme augmenter les prix des cigarettes ne fera qu’accroitre la contrebande, qui représente 11% des cigarettes fumées en Europe et plus de 25% au Québec... Il serait sain que les autorités qui conseillent nos décideurs aient un minimum de compréhension des phénomènes sociaux et psychologiques : ce sont des cardiologues, des pneumologues, des cancérologues, des spécialites d’organes, mais bien peu de ce qui se passe dans la tête des populations.

Il est hautement intéressant de prendre connaissance des débats ayant lieu en Californie, état parmi les plus en pointe dans l’éradication des fumeurs. Il n’a pas été retenu de permettre la consommation à moindre risque, ni même l’utilisation durable de nicotine pharmaceutique. C’est "haro sur la nicotine", partout, à 100%, comme on dit "haro sur Al Qaïda" : on ne discute pas. C’est la guerre totale par tous les moyens et notamment la propagande et la désinformation sous couvert d’études scientifiques bidonnées (à tel point que le médiateur du journal Le Monde s’en soit plaint en octobre dernier).

Oui nous avons affaire à une armée d’allumés, de croisés subventionnés par différentes sources dont des fondations charitables états-uniennes ne sont pas les moindres, qui se sont juré de renvoyer le tabagisme dans les tréfonds de l’histoire. Je crains qu’ils se trompent ; ce sont des gens incultes et psychopathes source de violence sociale. Après le tabac, l’alcool et après l’alcool le sexe tant qu’on y est. Coupez-moi tout ce qui dépasse !


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