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Commentaire de easy

sur Je fus licencié de l'université mais pas encore suicidé


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easy easy 1er novembre 2008 05:27
Bonjour Bernard,


Tu mets dans le même sac le travail au sens de l’artisan et celui au sens hégélien et aristotélicien.


 
Euh, bon, tu peux faire ça, après tout tu es un grand garçon et tu es suffisamment intruit et roué pour défendre ta position. M’enfin, va y avoir bien des artisans qui transpirent et se se blessent d’échardes et de clous -j’en fais partie, si si- qui ne vont pas apprécier d’être associés à Hegel et à Aristote
Que Hegel ait "vu" le travail -pour tous, y compris pour le larbin- comme "la façon de réaliser son essence, c’est à dire d’accéder à la conscience de soi, à la plus haute liberté, bla bli bal blo" c’est son droit mais en tant que plombier-menuisier-bricomanatoufer, je peux te dire que cette vision de la part d’un philosophe semble n’être que de l’enfumage condescendant et démagogique.

Depuis toujours, il y a sur Terre un grand jeu d’échanges "menhir contre sanglier" "Vin contre chanson". C’est une sorte de jeu de société où chacun à un intérêt vital à participer. Chacun y participe donc pour résoudre d’abord le bas de sa pyramide de Maslow et, si possible, son sommet.
 Que, accaparé par cette nécessité, on en vienne, faute de temps libre, à essayer de trouver en cette obligation d’échange, le moyen de s’éclater, de se marrer un peu, de se sentir quelqu’un ou quelque chose, cetes ; mais c’est par dépit ou par adaptation forcée.

Notre vie ne durerait que 24 h, il ne nous viendrait pas à l’esprit de monter des carreaux de plâtre au sixème sans ascenceur pour en faire une putain de cloison de douche.
C’est parce que nous vivons hélas trop longtemps, qu’il nous vient l’angoisse de crever de faim ou d’être bouffé par les loups. De là il nous FAUT nous organiser entre angoissés et nous devons échanger nos talents, nos services, nos dons. C’est cela travailler. Etant entendu que comme dans tout échange, comme dans tout commerce, le fin du fin consiste à en donner le moins pour en obtenir le plus. Ce qui n’empêche que tout en procédant le plus souvent selon ce principe, quelques uns, se réclamant des anges, se persuadent qu’ils en donnent plus qu’ils n’en reçoivent.


Quant à Aristote, euh, je ne vois alors pas du tout le rapport avec Hegel (mais je ne demande qu’à apprendre) Je ne l’ai jamais rencontré mais j’ai entendu dire qu’Aristote voyait le travail comme étant particulièrement avilissant, déshumanisant et réservé aux esclaves.
J’hallucine ! Tu es si savant, si diplômé, qu’il n’y a pas une seule personne ici qui ait sursauté face à ces amagames impossibles !

Passons. Même si cette confusion constitue probablement la pierre angulaire du "grand malentendu" dont tu souffres



D’autre part, tant de savoir, tant d’intelligence et tant de naïveté (Ou romantisme, ou idéalisme) en une seule personne (Qu’elle s’apelle Marie Claude Lorne ; que je porterai toujours en mon coeur ou Bernard Dugué que je porte aussi dans mon coeur) ça me laisse pantois !
Comment ? Moi, le simple plombier des Abbesses, j’aurais découvert et compris la nature humaine avant vous, les docteurs en sciences humaines ?
M’enfin, vous déconnez ou quoi mes frères ! Qu’avez-vous lu à défaut d’avoir vécu ?
Voyez ces citations de vos pairs. Elles contiennent tous les renseignements bons à savoir pour ne pas se retrouver dindon, marri, cocu ou déconfit voire déprimé.

Alors d’un côté on a un Dostoïevski qui passe très injustement 6 ans dans un bagne et qui en sort en nous expliquant par le menu comment il faut se préparer à ce genre de sale coup et comment il faut en "profiter" pour ne pas se désécher, d’un autre côté on a un Soljenitsyne qui en fait et en dit autant mais vous...rien...ça ne vous sert ni de leçon ni de fil d’Ariane, ni de lanterne. Pour quoi, pour qui ces auteurs ont-ils écrit leurs sommes alors ?

Du coup c’est Confucius qui aurait raison
L’expérience est une lanterne attachée dans notre dos, qui n’éclaire que le chemin parcouru ("qui n’éclaire que celui qui la porte" aurait-il pu dire)

Attention les amis ; si vous ne savez pas tirer profit des expériences de vos illustres aînés, de leurs leçons, de leurs réflexions, que nos enfants devront-ils faire de vos phosphorescentes productions ?




Bon pendant que j’y suis, autant vous prévenir. Vous voyez la métacrise qui démarre là ? Bin n’allez pas rêver qu’elle annonce l’avènement d’une ère meilleure. Il n’en est rien. Le Système et les systèmes peuvent changer, la nature humaine restera.

Cf citations suivantes





NIETZSCHE
 Ce que nous faisons n’est jamais compris, et n’est toujours accueilli que par les louanges ou la critique.
 

Toujours de Nietzsche il y a aussi ce passage déjà évoqué "Zarathoustra" plus haut et que je vais citer en entier. 
Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail », je vois la même arrière-pensée que dans les louanges adressées aux actes impersonnels et utiles à tous : à savoir la peur de tout ce qui est individuel. Au fond, on sent aujourd’hui, à la vue du travail — on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir —, qu’un tel travail constitue la meilleure des polices, qu’il tient chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine ; il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société où l’on travaille dur en permanence aura davantage de sécurité : et l’on adore aujourd’hui la sécurité comme la divinité suprême. — Et puis ! épouvante ! Le « travailleur », justement, est devenu dangereux ! Le monde fourmille d’« individus dangereux » ! Et derrière eux, le danger des dangers — l’individuum <script type="text/javascript"><!--
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PRIMO LEVI
Entre l’homme qui se fait comprendre et celui qui ne le fait pas, il y a un abîme de différence. Le premier sauve sa vie. Extrait d’un Entretien

 


Kerouac
Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller. (Ca c’est tout toi Bernard, n’est-ce pas ?)



 
Jean-Jacques Rousseau
Le sauvage vit en lui-même ; l’homme sociable toujours hors de lui ne sait vivre que dans l’opinion des autres (Ca aussi c’est tout toi n’est-ce pas ?)

La liberté consiste moins à faire sa volonté qu’à ne pas être soumis à celle d’autrui
 
 



 
 
Simone de Beauvoir
(Pensée pour Marie Claude Lorne qui a choisi de lui tenir la main pour nous tirer sa révérence)
 
Si un seul homme peut être regardé comme un déchet, cent mille hommes ensemble ne sont qu’un tas d’ordures.



 
 
Albert Camus
Aller jusqu’au bout, ce n’est pas seulement résister, mais aussi se laisser aller.
L’espoir, au contraire de ce que l’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c’est ne pas se résigner.
 
 
 
Henri Barbusse
Si on nous enlevait tout ce qui nous fait mal, que resterait-il ?
 
(Pour ma part, je dis que nos douleurs, nos honneurs et nos bonheurs font nos couleurs. Ce qui est également vrai pour les drapeaux nationaux)
 
 
Tristan Bernard
Plus on rencontre des difficultés dans la vie, plus on a en soi de fierté et de contentement de soi-même...
 
 
Henri Bergson
Un être ne se sent obligé que s’il est libre, et chaque obligation, prise à part, implique la liberté.
 
 
 
SCHOPENHAUER
 
Ce que chacun recherche et aime avant tout, non seulement dans la conversation, mais encore a fortiori dans le service public, c’est l’infériorité de l’autre. 
 
 
 



Ce qui nous amène à la généralité : L’Homme abuse tant qu’il le peut.
Et si, en tant que Blanc Parisien, on accepte que des "ignares sous-développés" soient abusés par les nôtres, par notre argent, par notre armée, par nos savants, par nos procurateurs, alors on doit accepter de se faire mettre, ici même, par ceux des nôtres qui, de proche en proche, de fil en aiguille, voient en tout Autre, un de ses nègres potentiels. 

" Lorsque les blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres et ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés ; lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient la terre et nous la Bible "

C’est mimi non ?



Cher Bernard, tu ne t’es jamais dit que les misères, les injustices dont tu as souffert de la part de tes pairs trop bien installés, sont une sorte de suite logique des abus perpétrés, par exemple, pendant les colonisations d’autrefois et les néo-colonisations actuelles, sur des gens infiniment moins bien nourris, dotés, armés et légitimés que toi ?


Les choses ne changeront vraiment que le jour où s’élèvera de partout un grondement exprimant qu’on ne doit plus bouffer du nègre.



Mah ! laisse donc béton ce cirque ! Viens faire un tour ici quelques jours ; ya un piano, ya un parc, ya des feux de cheminées et ya des nuages comme nulle part ailleurs. Et pis il tombe des feuilles aux couleurs de pommes pudiques !

Pis, ya aussi quelques bouteilles...








 

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