Que de choses ! C’est une voiture un peu compliquée que ce texte. Alors, plutôt que de faire un tour de l’habitacle, du freinage, et du volume du coffre, je vais m’intéresser au moteur philosophique : l’être doit prendre la pas sur l’avoir.
Belle formule, assurément. Un peu ronflante (mais c’est normal pour un moteur), elle oppose l’être et l’avoir. D’un côté le spirituel, de l’autre le matériel, voire le consumérisme, l’avidité, elle fait mouche et elle inspire ce texte.
Mais est-ce une authentique opposition ? Oui, si on est dans le monde de Platon. Platon, qui a inspiré tous les totalitarismes, et, là, c’est gênant.
Qu’est-ce qu’être ? C’est d’abord posséder son corps. Avoir son corps. Être propriétaire de son corps. C’est penser. Donc pouvoir s’exprimer. Être libre de s’exprimer. C’est ne pas être un esclave, c’est à dire à la fois avoir son corps, mais aussi avoir le fruit de ses efforts. C’est être propriétaire de son corps, et propriétaire du fruit de ses efforts.
Bon, on pourrait aller plus loin, mais opposer être et avoir, paraît déjà philosophiquement non cohérent.
Et voici un petit exemple tiré d’une pathologie mentale, le pervers. Pour les psychiatres, un pervers est quelqu’un qui accroît son être en possédant les autres, sans contre-partie. Être et avoir. L’avoir se convertit directement en supplément d’être.
Alors, si être et avoir sont deux faces d’une seule et même chose, comment l’être pourrait-il prendre la pas sur l’avoir ?
Cette voiture n’avancera pas.