Je suis surpris de cet article qui est à contre-courant des analyses médiatiques du moment et à contre-courant des idées habituelles de Daniel Riot, il le remarque d’ailleurs lui même.
Je trouve que son analyse est correcte, je pense comme lui que la stratégie de Fabius est bonne aujourd’hui. Toutefois, je crois qu’il a fait une grave erreur il y a quelques mois en ne constituant pas un ticket Fabius-Montebourg qui aurait permis de construire clairement un rassemblement du Non socialiste.
Cette erreur ne lui est peut-être pas imputable et Montebourg se trouverait complètement en porte-à-faux si le deuxième tour au PS opposait Fabius et Royal.
Je crois que la popularité de Royal est très surfaite par une sorte de bulle médiatique. Les militants doivent savoir s’en dégager pour voter sur les positionnements politiques et les six débats prévus sont en ce sens importants. Le fait que Royal y aille à contre-coeur, avec des prétentions de coupage de cheveux en quatre est la marque d’une faiblesse grave.
Le point fort de Fabius est de savoir (dans l’objectif d’un second tour) rassembler la gauche antilibérale en réactivant la dynamique du Non au référendum européen. Un espoir était alors né, le réactiver serait assurément très porteur. Puissent les militants socialistes s’en rendre compte et se débarrasser des ragots trop lourds qui collent à Fabius.
Car, si Royal ou DSK l’emporte, de nombreux électeurs du Non de gauche préféreront voter pour le (ou un) candidat anti-libéral plus à gauche, voire voter Bayrou pour faire du tort à Sarkozy, parce que Bayrou, DSK ou Royal sont blanc bonnet et bonnet blanc.
En 1995, à quelques mois des élections présidentielles, au plus fort de la bulle Balladur, Chirac avait dans les sondages des scores du même ordre que ceux de Fabius aujourd’hui. Ce n’est donc pas encore perdu pour lui, même si ça reste très délicat.
Am.