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Commentaire de fergus

sur Depardon : portraits douloureux


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Fergus fergus 10 novembre 2008 16:19

J’ai personnellement un gros problème avec Depardon. Autant j’ai apprécié son regard sur la justice au quotidien avec le film 10e chambre, autant j’ai mal vécu son regard sur la paysannerie, et cela dès le 1er volet de sa trilogie (L’approche). J’avais à l’époque écrit un commentaire sur ce film dans les colonnes d’un site de cinéma. Je le retranscris ici, à toutes fins utiles pour illustrer mon propos :

 "Je suis originaire d’une famille de paysans d’Auvergne et de Lozère. J’ai moi-même participé dans mon enfance aux travaux de la ferme et à l’élevage des bovins et des brebis. Aujourd’hui encore, mes cousins gèrent des exploitations de taille petite ou moyenne dans ces régions dures aux hommes et aux bêtes.

Ce préambule pour dire que si les images du film me sont familières, elles sont toutefois loin d’être représentatives de ce qu’était - et surtout de ce qu’est devenue - la paysannerie de montagne. Depardon (volontairement ou pas ?) a ciblé, parfois à la limite de la caricature, des paysans tels qu’on en rencontrait dans les années 50 et 60. Ces paysans sont très loin d’être représentatifs d’une corporation qui, durant les trente dernières années, a fortement évolué dans ses modes de vie et son ouverture à l’extérieur, malgré des conditions d’existence souvent difficiles, voire précaires.

J’ai des cousins, paysans en activité en divers lieux d’Auvergne, qui utilisent Internet, qui voyagent, qui jouent au rugby ou qui vont à des concerts de Dire Straits ! Leurs intérieurs sont modernes et bien loin de l’image de vétusté parfois crasseuse que donne le film. Pourquoi Depardon n’a-t-il voulu montrer que ces rares paysans d’un autre âge qui meurent à petit feu dans leur montagne sans autre horizon que celui des parcelles attenantes à leurs exploitations ?

Ce choix est, sinon malhonnête, du moins maladroit car il véhicule une image fausse de l’agriculture de montagne et des personnes qui en vivent. Sur le plan technique, le film est par ailleurs trop lent et s’attarde inutilement sur certains plans d’un intérêt tout à fait relatif (ex : la tartine dans le café au lait). Des séquences plus nombreuses sur l’activité de ces éleveurs (traite ou fenaison par exemple) auraient en outre permis aux béotiens de mieux comprendre la nature profonde de leur métier."

Pour les raisons exposées ci-dessus, je n’irai pas voir ce film car manifestement Depardon a continué dans le même veine. Dommage, car, je le répète, ce n’est absolument pas représentatif §


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