@Fabrice Trochet,
Kraczynski distingue en fait deux types de technologies : la technologie à petite échelle, mise en œuvre par des communautés restreintes, sans aide extérieure, et la technologie qui implique l’existence de structures sociales organisées sur une grande échelle.
Sa critique se porte sur la technologie qui est érigée en système à tendance sociale. Nous retrouvons cette même critique chez nombre de philosophes. Tous ne sont pas aussi radicaux, même Ellul exposait : J’ai montré sans cesse la technique comme étant autonome, je n’ai jamais dit qu’elle ne pouvait pas être maîtrisée. Jacques Ellul n’est pas un anti-technologie, mais il est critique envers notre façon de l’aborder dans les sociétés modernes : Ce n’est pas la technique qui nous asservit mais le sacré transféré à la technique.
Cette approche est aussi celle d’Habermas considérant que l’autonomie des sphères de rationalité issues de la modernité, celles de la science moderne, du droit positif, des éthiques profanes et de l’art devenu autonome, ne réclame ni fondation ni justification. Mais elle pose des problèmes de médiation que les grâces bénies de la science et de la technique ne permettent certainement pas de résoudre à elles seules.
Nous pouvons aussi tenir compte, me semble-t-il, de l’approche de la modernité de Arendt. La modernité est aussi à l’origine de l’usure de la tradition et de la crise de la culture ; tout ce qui permettait le lien social. Or la modernité ne propose aucune solution sociale.
Nous pourrions tout autant lever les aberrations de notre société technicienne, comme cette belle unanimité autour de la société de communication : La communication devient la Voix unique, qui seule peut unifier un univers ayant perdu en route tout autre référent. Communiquons. Communiquons par les instruments qui ont, précisément, affaibli la communication. Voilà le paradoxe où nous sommes jetés (Habermas) et : On ne parlait pas de communication dans l’Athènes démocratique, car la communication était au principe même de la société (Sfez).
Notez que les auteurs cités ne sont pas favorables à la destruction de la science et de la technique, et Arendt ne demande pas un retour en arrière pour autant. Ils lèvent les problèmes et tentent de trouver des réponses aux problèmes posés, mais des réponses soumises aux contraintes démocratiques.