Contrairement à la "légende dorée", entretenue par la propagande de l’époque, les français ne sont pas partis - en tout cas pas dans leur majorité - "la fleur au fusil" en 1914.
C’est plutôt résignés qu’ils sont montés dans les trains. Bien sûr on leur avait raconté qu’ils seraient "rentrés pour Noël", mais ils n’étaient pas motivés par "la ligne bleue des vosges" ou l’Alsace Lorraine, et un Paul Déroulède ne touchait pas les 80% de ruraux qui composaient l’armée française.
Ces derniers pensaient surtout aux travaux des champs, à leur famille et à leur vie quotidienne déjà bien difficile.
L’écart entre les politiciens de Paris et le peuple était énorme, il n’y avait ni téléphone, ni radio et encore moins de télévision. Par contre les vieux, à la veillée leur avaient raconté les désastres de 1870, les ravages de la guerre et des "levées en masse".
Seuls les principaux chefs militaires, en retard d’une guerre, croyaient une victoire rapide possible, et même pas tous, les plus intelligents avaient réalisés l’énorme différence entre le XIXème et le XXème siècle, en particuliers les leçons de la guerre des Boers en Afrique du Sud, qui avait vu la mise en oeuvre des barbelés, des tranchées, et où l’armée anglaise avait troqué l’uniforme rouge pour le kaki.
Un Galliéni par exemple (futur artisan du "miracle de la marne"), ou un Pétain, avaient réalisé que "le feu tue".
En 1913 on pouvait encore lire dans "l’Illustration", le journal le plus lu, qu’une guerre entre la France et l’Allemagne était impossible en raison des liens commerciaux entre les deux pays.
En fait le 28 Juin 1914 (jour de l’attentat de Sarajevo) pratiquement personne n’imaginait qu’à peine plus d’un mois plus tard toute l’Europe serait en guerre. A part quelques visionnaires comme Jean Jaurès.