Petit commentaire sur la férocité des troupes régulières Algériennes et de leur chef au XIXeme :
L’évêque d’Alger Dupuch lui (à Abd el-Kader) écrivit pour demander la libération d’un sous-intendant militaire. L’Émir lui répond : « j’ai reçu ta lettre, je l’ai comprise, elle ne m’a pas surpris ; pourtant permets-moi de te faire remarquer qu’à double titre de serviteur et d’ami des hommes, tu aurais dû me demander non la liberté d’un seul mais celle de tous les chrétiens qui ont été faits prisonniers depuis la reprise des hostilités. Bien plus, tu serais deux fois digne de ta mission en étendant la même faveur à nombre de musulmans qui languissent dans vos prisons. »
Encore :
Dans une lettre adressée au commandement français par l’un des prisonniers de 1842, on note : « Abdelkader a agi avec moi avec une grandeur que je n’aurais pas trouvée dans les pays les plus civilisés d’Europe. »
Ou :
L’Émir demande à l’évêque : « Envoyez un prêtre dans mon camp, il ne manquera de rien ; je veillerai à ce qu’il soit honoré et respecté comme il convient à celui qui est revêtu de la noble dignité d’homme de Dieu et de représentant de son évêque. Ce prêtre peut s’occuper de personnes et correspondre avec leurs familles, leur procurer les moyens de recevoir de l’argent, des vêtement, des livres. »
Le Barbare,
en 1860 à Damas durant les émeutes Syro-Libanaises :
Abd el-Kader se souvient d’un établissement des soeurs de la charité où vivent 400 enfants en fort danger. Il s’y rend et ramène 6 prêtres, 11 soeurs et les 400 enfants. Les soldats de l’Émir les escortent et repoussent à coups de crosse les émeutiers déchaînés. Arrivé chez lui, l’Emir s’adresse à la foule hostile : « Mes frères, votre conduite est impie ! Qu’êtes-vous donc pour vous arroger le droit de tuer des hommes ? À quel degré d’abaissement êtes-vous descendus puisque je vois des musulmans vouloir se couvrir du sang de femmes et d’enfants. Allah a dit : celui qui a tué un homme, a commis un meurtre,et il sera regardé comme le meurtrier du genre humain tout entier » (cf Coran)). La foule hurle : « Les chrétiens ! ». L’Émir réplique : « Les chrétiens, tant qu’un seul de ces vaillants soldats qui m’entourent sera debout, vous ne les aurez pas, car ils sont mes hôtes. »
(contrib : Bruno Etienne professeur à l’Institut universitaire de France)