Cher Florentin,
1- Que vous provoquiez des réactions scandalisées quand vous faites de l’humour, ne vous range pas obligatoirement dans la catégorie des parvenus. Je ne crois pas que votre manque de subtilité soit non plus à incriminer. Vous en avez à revendre. Mais peut-on en avoir trop ? Il faut se résoudre à l’accepter et à en payer le prix.
2- Réaction de classe, me reprochez-vous ? Oui, si les parvenus forment une classe à part. Mais ils sont plutôt une pièce rapportée dans la classe dirigeante.
3- Pour ce qui est de l’adjectif « bronzé », il va de soi que compte tenu de l’histoire des relations entre blancs et noirs, on manipule de la dynamite.
- Puisque le mot « nègre » qui était le terme ethniste de rigueur, n’est plus disponible (1), surtout depuis que des personnes comme Césaire, Senghor, Damas, Tyrolien, Roumain en ont retourné le sens dans le mouvement de la négritude qu’ils ont illustré, il semble que le mot « bronzé » ait pris la place selon le mécanisme de la litote qui dit moins pour faire comprendre plus, donc qui atténue pour intensifier.
- En second lieu, le bronzage du noir tient obligatoirement de la farce. Un petit élève de Morne-à-l’eau (Guadeloupe) où j’ai enseigné dans les années 70, me l’a appris : il avait sur sa trousse une macaron publicitaire de l’huile bronzante Bergasol : « Avec Bergasol, je bronze vite » : il était plus noir que noir, dirait Coluche !
4- Mais je suis aussi d’accord avec vous : dire d’un noir qu’il est « bronzé », c’est le juger selon le critère du blanc dont la peau brunit au soleil, et lui refuser son "altérité".
5- Pour ce qui est de la formule de Desproges, je ne crois pas faire erreur. Vous la retrouvez sous ce lien : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/france_829/label-france_5343/les-numeros-label-france_5570/lf56-humour-francais_5569/humour-francais-dans-tous-ses-etats_5572/peut-on-rire-tout_15826.html.
Cordialement, Paul Villach
(1) Je crois préféranble d’employer le mot "ethnisme" à la place de "racisme" puisque le mot "racisme" suppose que le concept de "race" existe dans l’espèce humaine alors qu’il n’en est rien, dit depuis longtemps la génétique.