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Commentaire de quen_tin

sur Il faut plus de libéralisme


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quen_tin 17 novembre 2008 11:25

Peu m’importe les monopoles, je ne connais pas suffisament ce sujet pour savoir si les lois anti-trust sont bonnes ou mauvaises. Je ne pense pas que la montée des prix soit le principal risque. Au contraire je pensais plutot à une baisse des prix pour tuer toute concurrence possible (et donc une réduction des salaires voir une délocalisation). Mais passons...

Je vous accorde que les entreprises d’états ne sont pas réellement "démocratiquement contrôlées". Cependant elles ont un but de service public, ce qui change pas mal la donne.

A titre d’exemple : TF1 diffuse des emissions de mauvaise qualité, à l’inverse d’Arte. Or TF1 est financé par la publicité, Arte par des fonds publics. Si Arte n’existait pas, une certaine frange de la population, la plus cultivée, n’aurait pas "sa" télé. On peut aussi imaginer qu’Arte tire vers le haut ceux qui veulent se cultiver sans y penser, par le simple fait de proposer une offre.
De même à la radio : France Culture diffuse d’excellentes emissions et débats, faisant la place aux idées plutôt qu’aux personnes désirant assurer une promotion personnelle. Dans le domaine de la musique, ce qu’on appelle aujourd’hui "radio libre", qui sont ironiquement les radios financées par des fonds publics, les radios associatives, diffusent de la musique pointue et de qualité dans différents styles. Les autres radios sont plutôt homogènes et diffusent de la musique commerciale. Celle ci n’est pas novatrice (ses nouveautées sont pompées sur les courants alternatifs). S’il n’y avait pas de radios alternatives, une frange de la population n’aurait pas "sa" radio, et ce serait la frange qui aprécie le plus la musique.
Dans le domaine technologique : non, microsoft n’est pas l’entreprise qui propose les meilleurs produits loin s’en faut, mais microsoft a gagné la bataille commerciale grace à la vente liée. Aujourd’hui elle détient le monopole sur les OS à destination du grand publique.
Cependant Linux n’est pas développée dans un but lucratif, c’est un OS "libre" (encore une fois), et Linux est de bien meilleure qualité, c’est pourquoi il est utilisée par la majorité des entreprises. Si les vendeurs de PC proposaient Linux autant que Windows comme OS pré-installé, microsoft ne serait peut être plus leader car ses produits sont moins bons et plus chers. De même le logiciel Firefox est "libre", et de meilleure qualité que son concurrent. Le monde du logiciel libre, basé sur la collaboration, est extraordinairement productif , réactif, créatif comparé aux entreprises privées.
Un projet comme le TGV n’aurait jamais pu voir le jour s’il n’avait été financé au départ par des fonds publics. Aucune entreprise n’aurait accepté de perdre de l’argent pendant des décenies. Ce projet a été privatisé quand il était "sur les rails". Aujourd’hui il est indéniable que le TGV favorise énormément l’activité économique du pays et a "boosté" un certain nombre de villes françaises .
Internet n’aurait pas vu le jour s’il n’avait été développé par des scientifiques. Pourquoi ? Il suffit de regarder comment sont fait les logiciels embarqués sur les voitures : chaque logiciel utilise des protocoles propriétaires différents. Pour réparer l’electronique d’une Renault, on est obligé d’aller dans un garage Renault. A l’inverse, Internet a été fondé sur des standards uniques par les scientifiques, parceque ceux-ci travaillent non pas sur la base de la concurrence mais sur la base de la collaboration. C’est ce qui fait aujourd’hui la force d’internet, il n’est pas cloisonné mais ouvert à tous avec les mêmes protocoles, et avouez qu’Internet a énormément favorisé l’activité économique. Seul microsoft a légèrement freiné ce développement en insérant des technologies propriétaires au lieu d’utiliser des standards.
Allons encore plus loin : les ordinateurs ou les téléphones portables que vous utilisez sont basées sur nos connaissances en physique quantique. Cette théorie sans laquelle aucune technologie numérique n’aurait pu voir le jour a été développée par des chercheurs dont le but était de comprendre le monde matériel. Croyez moi : aucune entreprise n’aurait été assez folle pour donner un dollar à ces chercheurs à l’époque, étudiant des phénomènes obscures et incompréhensible (aujourd’hui on dirait : pas très sexy), tant on ne pouvait imaginer aucune application possible à leur travail. Investir dans la recherche fondamentale consiste à perdre de l’argent pendant pas moins de 50 ans avant de voir des débouchées (ou pas). Mais que serait notre société sans ces connaissances aujourd’hui ? Ce serait le XVIIIème siècle (et encore la machine à vapeur aussi est issue de recherches scientifiques sur la thermonynamique)

Je n’ai rien contre l’économie privée, elle fait partie de la société et même de nos libertés. Je constate seulement, avec l’enseignement de l’histoire, que sans financement publique, nous serions encore à l’age de pierre. L’innovation du privé est toujours superficielle : elle fonctionne dans un cadre de connaissance qu’elle est incapable de faire évoluer, car il faut des gens désinterressés pour ça. A mon niveau je constate chaque jour les abbérations d’un développement assujetit à la finance.

Un constat donc : la créativité et la liberté sont presque toujours du côté de l’économie publique, basée sur la collaboration et le désinteressement financier. Il faut pondérer : bien sûr dans l’histoire de nombreux états ont interféré pour des raisons de pouvoir et de contrôle avec ce désinterressement. Cependant le privé n’est pas capable d’avoir cette créativité et cette liberté.

Vous devriez savoir que les positions d’Hayek ne sont plus aujourd’hui considéré par beaucoup d’économistes.

Dans votre modèle économique, vous faites preuve d’angélisme mais le commerce ce n’est pas toujours "fair play", se basant sur la concurrence et la qualité et le prix des produits. L’économie n’est pas un domaine mathématique mais un domaine humain. C’est donc aussi et surtout un jeu de pouvoir et d’alliances. Exemple : microsoft et la vente liée. Pas besoin d’être le plus concurrentiel pour gagner, il suffit de savoir manipuler les consommateurs. Dans le domaine de la musique, il est prouvé que plus une chanson passera à la radio, plus elle se vendra. Donc racolage marketing plutôt que qualité. On est loin de la concurrence magique qui fait emerger le meilleur possible pour le consommateur. Généralement le marché non contrôlé apporte une certaine uniformisation (par exemple les zones commerciales toute identiques en banlieue des grandes villes, ou bien les chaines de télévisions) et une innovation timide. Il renforce la concentration (par exemple dans la presse aujourd’hui).

Mais surtout vous vous trompez lourdement en croyant que la loi du marché est la meilleure démocratie possible.

Premièrement : vous envisagez la relation client/fournisseur uniquement. Quid de la relation salarié/actionnaire ? Le salarié n’est pas tout a fait un fournisseur dans l’histoire (nous ne sommes pas tous freelance) et il existe un rapport de force au sein de l’entreprise, régulé par le code du travail, mais finalement c’est l’entreprise qui fixe les règles du jeu..
Pour moi en tant que salarié, mon entreprise est loin, très loin d’être une démocratie. Je ne choisi pas mon patron et je n’ai aucun pouvoir de décision, si ce n’est à l’échelle d’une équipe de quelques personnes. Si je pense que mon entreprise ne devrait pas détruire l’environnement, je n’ai pas la possibilité de le faire savoir par exemple, ce n’est pas moi qui décide. Ce ne sont pas non plus les clients : ils l’ignorent. Donc si la collectivité n’agit pas, toute entreprise peut détruire l’environnement (il lui suffit de le faire dans le secret). Pourtant on me demande de m’investir dans cette entreprise non pas comme un fournisseur de travail mais comme "quelqu’un qui appartient à l’entreprise". Finalement mon entreprise est plutôt une dictature qu’une démocratie, non ?
Bien sûr il y a la liberté d’entreprendre mais elle nécessite un investissement initial et un "background" socio-culturel qu’il ne faut pas négliger. Nous ne pouvons pas tous devenir entrepreneur, c’est illusoire.

Si les entreprises étaient des démocraties en interne, je serai d’accord avec vous mais ce n’est pas le cas.

Ensuite : vous oubliez les rapports de forces. Par exemple dans la relation client/fournisseur, on oberve ceci : quand le client est plus "gros" que son fournisseur, c’est lui qui fixe le prix du marché (dans la limite du raisonnable). Il bénéficie du rapport de force (si vous ne baissez pas, je ne vous prends rien et vous êtes dans la merde). Encore une fois on est loin de la régulation idéale par le marché.
Quel poids ai-je, moi, petit salarié, petit consommateur, sur le marché ? Est-ce le même que le patron de total ? Dans une démocratie chaque citoyen représente une voix. Quel pouvoir a une grosse entreprise par rapport à une petite ? Dans le monde économique il y a les gros et les petits. Ca s’apparente plutôt à l’anarchisme qu’à la démocratie.

Un exemple : sans les collectivités nos jolis centre villes historiques n’auraient-ils pas été remplacés par d’immenses centre commerciaux plus rentable que ces vieilles batisses ? Quelle est le pouvoir démocratique du consommateur alors, du citadin, si carrefour veut s’implanter à la place ? Selon la loi du marché : aucun car l’entreprise possède des millions et peut racheter sans peine tous les immeuibles historiques. Une fois le centre construit, le consommateur peut toujours ne pas acheter les produits... Extraordinaire pouvoir démocratique ! Pourtant c’est le lieu de vie de milliers de personnes qui est défiguré de manière irréparable.


Maintenant un peu de sociologie : qui aujourd’hui possède du pouvoir sur le marché ? Disons pour simplifier les patrons du CAC40. Quel mérite ont-ils pour se trouver là ? Je peux dire sans peur de me tromper : à 99%, le fait d’être né dans une famille très aisée... D’être le fils d’un patron du CAC40 par exemple. La reproduction du niveau social n’est pas un mythe, c’est quelque chose d’observé concrètement, comme le montrent de nombreuses études. La liberté individuelle existe, mais elle est fortement contrainte par cette réalité : nous sommes déterminés surtout par notre niveau social d’origine, pas (ou peu) par notre mérite. Ca signifie que ce que vous proposez comme modèle idéal, ce n’est pas une démocratie mais plutôt.... Une anarchie dictatoriale dynastique !!!!




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