Sur les arguments juridiques que vous développez ensuite, là encore, je ne peux que vous contredire...
Le législateur a non seulement conçu des conditions dans lesquelles le contrat pourra être rompu, mais encore celles où le même contrat pourra être frappé de nullité, c’est à dire disparaître rétroactivement.
Deux causes, deux effets différents.
Vous ne pouvez contraindre l’un des cocontractants, sur le terrain d’un désaccord non-juridique (laissons de côté l’argument de la virginité), à choisir une voie plutôt que l’autre.
Je conçois que la voie du divorce aurait été plus conforme à l’idée que nous nous faisons de la paix civile, mais encore une fois, l’époux ne cherchait pas à être divorcé mais à ne jamais avoir été marié. Ni vous ni moi n’avons à juger ses raisons à compter du moment où la loi le lui permet.
L’hypocrisie est la suivante : les politiques, émus par les citoyens, ont imposé à des magistrats de trouver un autre biais que celui choisi (d’un commun accord, rappelons-le) par les époux pour parvenir à la même fin.
La raison en est la frilosité de notre société à aborder sereinement des questions de fond telles que les préceptes religieux, le poids de la morale ou des traditions.
Quant à cette question de la virginité, et puisqu’il faut malgré tout y revenir, elle n’est en aucun cas au coeur du débat juridique qui aurait du avoir lieu à la Cour d’appel, elle n’est qu’accessoire au droit dont disposait un époux qui s’estimait trompé sur les "qualités intrinsèques" de son épouse à demander la nullité de l’union à laquelle il avait initialement consenti.
C’est remplacer sa morale ou ses préceptes par les nôtres que de considérer qu’il n’en avait pas le droit, et c’est donc faire preuve d’un parti-pris inacceptable dans l’égalité dont nous devons tous jouir devant nos juges.
Dernier parallèle, des nullités de mariages ont été prononcées par le passé en raison du fait que l’épouse ignorait l’état de divorcé de son époux... Pourquoi cet état de "virginité maritale" serait-il plus recevable que celui qui nous intéresse ? N’est-ce pas faire preuve d’une discrimination dangereuse ?
Alors bien évidemment, j’entends déjà les oppositions se lever face à cet amalgame entre "virginité" et "qualité intrinsèque"...
Je les entends, les comprends et je les partage mais ce n’est pas au juge saisi de la validité du consentement de l’époux de trancher de cette question sociétale importante.