@ l’auteur
Je ne suis pas un spécialiste de la vie de Jeanne d’Arc, mais ce qui me semble évident, c’est qu’elle est apparue à un moment de l’histoire où les ducs de Bourgogne exaltaient les Vierges/patronnes des villes du duché ( cf. les Vierges d’Autun, de Chalon et autres villes dans les tableaux de Van Eyck). Que les Français l’aient emporté sur les Bourguignons en rassemblant leurs partisans sous la bannière d’une pucelle guerrière bien réelle, c’est de bonne guerre si l’on peut dire. Que le brave peuple de France ait pris à la lettre l’image symbolique de la bergère rassemblant ses moutons jusqu’à l’enseigner dans nos écoles, c’est vrai que cela surprend.
Mais l’Histoire, ce n’est pas cela. Nous sommes à un tournant de l’histoire de l’Europe. En effet, il ne faut pas oublier qu’à cette époque, on parlait français à la cour d’Angleterre. Si les Bourguignons l’avaient emporté, si l’héritier anglais avait réussi à s’imposer, c’est la langue française qui aurait peut-être pris la première place, et cela change tout. Première occasion ratée de faire l’Europe.
Bien sûr, il n’est pas question de réécrire l’histoire avec des si, mais on peut au moins essayer de mieux la comprendre, et pas seulement d’une façon superficielle, " à la people". Mais même si on veut faire le procès des uns et des autres, il faut se replacer dans l’époque et non pas juger à partir de la nôtre. Pour les Bourguignons, Jeanne d’Arc était coupable d’avoir soutenu un dauphin responsable de l’assassinat du duc Jean sans peur, coupable de n’avoir pas empêché l’exécution du capitaine bourguignon Franquet d’Arras. Quant à Philippe le Bon, on ne peut que lui reprocher, peut-être, de n’avoir pas empêché l’exécution de Jeanne d’Arc. Mais à ce que je sache, l’évêque Cochon n’était pas bourguignon.