A propos des affaires, « l’affaire Jeanne d’Arc » rebondirait-elle ?
En réalité, cette affaire n’a jamais cessé de rebondir, mais l’ouvrage de Roger Senzig et Marcel Gray « L’Affaire Jeanne d’Arc » (Ed. Florent Massot) apporte quelques nouveautés, en même temps qu’un rappel des thèses antérieures, sur l’épopée de celle que ses contemporains surnommaient la Pucelle.

Cette épopée, après celle de Clovis, Charlemagne et Hugues Capet est présentée dans les livres d’histoire à l’usage de nos écoliers comme étant un des temps fort de l’histoire de France.
Les auteurs nous rappellent brièvement les faits : Les anglais déjà propriétaires de la moitié de la France suite au mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri Plantagenêt, en 1252, espèrent continuer leur expansion sur le continent.
Une occasion, royale, leur sera offerte au siècle suivant, suite à la disparition brutale à 34 ans du dernier capétien roi de France, Charles IV le Bel, mort à Vincennes en 1328.
Ce roi étant sans descendance mâle directe, la loi salique ne peut s’appliquer avant l’installation d’une nouvelle dynastie.
Plusieurs prétendants sont alors à même de revendiquer la couronne au nom des liens familiaux les rattachant à la dynastie éteinte : Deux princes français, deux Philippe, Philippe comte de Valois, et Philippe comte d’Evreux, tous deux neveux de Philippe le Bel et un prince anglais, Edward III, roi de Guyenne et d’Angleterre, lui-même petit fils de Philippe le Bel.
Les grands du royaume de France attribuent la couronne à Philippe de Valois qui devient Philippe VI de France dit aussi Philippe VI de Valois.
Les grands du royaume d’Angleterre quant à eux font de même envers leur challenger en attribuant la couronne de France à Edward III.
Et c’est de cette querelle de famille que va naître la guerre de cent ans.
De désastres en désastres (l’Ecluse, Crécy, puis Azincourt) le parti français miné par ailleurs par des conflits familiaux (armagnacs et bourguignons), le royaume se réduit à peu de choses…
Après une suite de querelles, de guerres et d’assassinats que nos auteurs nous font revivre, la situation avant l’intervention de notre bergère est la suivante : le roi de France, Charles VII à ce moment de l’histoire est chassé de Paris, mais s’autoproclame roi et va se faire couronner (et non sacrer) à Poitiers, tandis que son adversaire anglais Henri VI sera, lui, sacré roi de France à Notre Dame de Paris. (Il ne l’emportera pas au paradis car fou et reclus il sera assassiné dans la tour de Londres, mais ceci est une autre histoire !)
Et donc, voilà deux rois de droit divin pour un seul royaume : qui peut trancher le différent ?
Dieu et un(e) de ses envoyé(e)s bien sûr !
Et voilà comment commence « l’opération » Jeanne d’Arc !
A partir de là, les auteurs nous commentent les différentes versions : en premier la version dite « classique », celle de la petite bergère de Domrémy, fille d’un pauvre laboureur, ne sachant ni lire ni écrire, mais inspirée par des voix célestes et divines et qui finit par convaincre son entourage et les autorités locales de l’accompagner à Chinon où réside le roi afin de lui transmettre le « message » reçu par elle à Domrémy. On connaît la suite, la délivrance d’Orléans, le sacre du roi à Reims et la libération de nombreuses villes, puis sa capture par les méchants bourguignons qui la vendent aux vilains anglais qui, ensemble, la condamnent à être brûlée comme sorcière, sentence qui sera exécutée le 30 mai 1431 place du Vieux Marché à Rouen.
Alors, ils cherchent et trouvent des choses curieuses : les diverses relations des évènements écrites tant par les anglais que les bourguignons, civils ou religieux, non seulement ne concordent pas, mais se contredisent sur bien des points. Et surtout, là où tous ces documents sembleraient à peu près d’accord, c’est sur le fait que le visage de la femme amenée au bûcher était caché, recouvert d’une écharpe, de façon telle que personne parmi le public présent n’avait été ensuite capable d’affirmer que c’était bien Jeanne qui avait été brûlée !
Voilà du grain à moudre pour les amateurs de mystères, et nos deux auteurs vont en régaler leurs lecteurs.
Sauf que quelques chroniques postérieures à l’époque du bûcher, évoquent les va et vient d’une « dame » en Lorraine vers Metz et ses environs, mais aussi à Orléans, une dame qui ressemble furieusement à la Pucelle, qui ne serait plus bergère, mais plutôt de haut lignage.
Les auteurs ont-il délibérément renoncé à aborder cet aspect des choses ?
Sans doute ont-ils désiré rester focalisés sur leur seul sujet : qui était réellement Jeanne et a-t-elle survécu à sa condamnation ?
Pour les amateurs : bonne lecture.
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