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Commentaire de Zéro pour cent de matière grise

sur Faut-il revenir à la philosophie classique ?


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Zéro pour cent de matière grise 18 octobre 2006 12:34

Merci pour cet excellent petit billet philosophique stimulant du matin !

Tout cela aurait sa place dans un livre. Peut-être lisons-nous quelques extraits du futur livre ?

Il est impératif de revenir à la philosophie dite classique, c’est-à-dire, si l’on suit Strauss, à la philosophe tout court.

Sur l’« inactualité » des classiques « dépassés » par l’« actualité » des techniques de la modernité. Habermas, dans « La technique et la science comme idéologies », a une réflexion inaboutie, mais assez profonde là-dessus. Pour ma part, je ne trouve pas ce terme d’« inactualité » pertinent. Il s’agit plutôt d’un décalage dans la formulation des questions plutôt que d’une « inactualité » des questions posées par les « classiques », au sens où elles ne se poseraient plus à l’ère moderne. Non ?

Prenons par exemple certaines considérations d’Aristote sur la politique, sur les différents types de « constitutions », par exemple. Sur l’oligarchie, la démocratie, l’ochlocratie, etc. Décalé, mais en rien inactuel. Et une pensée dont la méditation est fructueuse pour notre temps.

Ce qui a changé avec la modernité, c’est l’assignation à la philosophie, et en particulier à la philosophie scolaire et universitaire, d’une fonction sociale. Comme l’évoque Strauss dans l’ouvrage que vous citez, la lecture de Platon montre que la philosophie à l’âge classique était, si l’on peut dire, un art de vivre. On était philosophe comme on était artiste, on philosophait pour philosopher. L’initiation philosophique, plutôt que l’enseignement de la philosophie, terme d’aujourd’hui, ne passait pas par l’assimilation de concepts et la lecture de textes, mais par la discussion libre, l’argumentation et la rhétorique.

Rien n’est plus horripilant, à mon avis, que de lire ça et là que l’enseignement de la philosophie doit servir à « former des citoyens » et autres balivernes. L’initiation philosophique n’a pas d’autre but que de partager ensuite le plaisir d’une libre discussion argumentée avec un autre initié. Un sage, pas un savant. Un homme libre, pas un citoyen. Avec une femme libre, aussi, ça va de soi... : les « classiques » ont sur ce point leurs limites !... smiley


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