M. Plenel oublie un principe de base, l’approche interprétative, cad l’observation participante. Je veux parler de la relation entre le sujet observateur et l’objet observé. Et si, selon ce principe, « la perception des faits découle des conceptions qui sous-tendent l’observation » cela induit que notre manière d’observer et d’analyser les faits soit en grande partie le résultat de notre propre perception des choses. Une perception subjective et rarement indépendante, bien que nous pensions l’être de bonne foi… La vérité n’étant qu’une vue de l’esprit (donc relative) : prétendre déchiffrer les faits avec objectivité et indépendance me semble impossible. D’autant que l’interprétation variera selon les tendances politiques, la culture, le niveau d’éducation, les origines sociales… du journaliste se prétendant indépendant et objectif. M. Plenel s’affiche comme plutôt « de gauche », mais il se défend de faire preuve de parti-pris... Il paraît pourtant difficile de conserver une totale neutralité tout en annonçant un certain engagement (ceci est également valable aussi pour les journalistes se disant plutôt de droite tout en prétendant rester indépendants…). Voilà pourquoi je ne crois pas une seconde à l’indépendance intellectuelle des journalistes et cela me semble plutôt normal puisqu’ils ne sont pas des machines, mais des êtes humains, certes capables d’une grande capacité d’analyse et de déduction, mais ce sont des êtres émotifs, de chair et de sang avant tout. Répéter à qui veut l’entendre pour s’en convaincre soi-même qu’on est indépendant part sans doute d’un bon sentiment, mais cela ressemble plutôt à une prière qui ne restera de toute façon qu’un voeu pieu...